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Jean-Pascal Rolandez : «Les marchés européens peuvent progresser de 20% cette année»
information fournie par Boursorama 25/03/2021 à 14:03

Jean-Pascal Rolandez, gérant du fonds LT Funds European General chez LT Funds à Genève. (Crédits photo : DR)

Jean-Pascal Rolandez, gérant du fonds LT Funds European General chez LT Funds à Genève. (Crédits photo : DR)

Après une année qui a dépassé ses attentes en termes de rebond, Jean-Pascal Rolandez, gérant du fonds LT Funds European General chez LT Funds à Genève, livre ses perspectives sur 2021. Une année qu'il aborde avec optimisme, tant sur le plan de la reprise économique que de la progression des marchés financiers.

Boursorama : L'année dernière à la même époque, vous aviez livré un message positif, malgré la correction en cours. Vous disiez notamment qu'il fallait s'attendre à un rebond sur la seconde partie de l'année mais qu'il ne permettrait pas de rattraper la baisse de 30% des marchés. Aujourd'hui, le CAC 40 voisine les 6000 points, vous avez été étonné par cette remontée ?
Jean-Pascal Rolandez : Ca ne m'a pas étonné mais je pensais que cela irait un peu moins vite. La très bonne nouvelle, celle qui a changé la donne, ça a bien sûr été l'annonce des vaccins. Ça met ce que j'appelle un gigantesque « put » sur les marchés. Plus les gens se vaccinent, moins les mesures de confinement seront nécessaires, plus l'économie va repartir. Je m'attends à une reprise en U de l'économie au quatrième trimestre, avec la fin des goulets d'étranglement, que ce soit sur les semi-conducteurs, les composants automobiles ou le taux de fret. Je dirais donc, comme l'année dernière, que les téméraires peuvent acheter aujourd'hui, les courageux en mai-juin et les calmes attendront septembre.. Mais je crois à un fort « rally » de fin d'année et je pense qu'on peut assister à une progression de 20% des marchés européens sur l'année.

Boursorama : Pourtant, de nombreuses voix s'inquiètent de valorisations élevées alors que la situation économique reste pour le moins fragile
Jean-Pascal Rolandez : Il faut faire le tri entre les valorisations élevées de certains titres « inoxydables » à l'image de L'Oréal, Hermès, Dassault Systèmes et les valorisations plus abordables de très belles entreprises comme Air Liquide ou Schneider. Je voudrais souligner aussi le potentiel des valeurs moyennes, encore très décotées par rapport aux grandes capitalisations. Je pense à des sociétés come Seb, Valeo, Imerys ou encore Korian qui peuvent rebondir fortement dans les mois à venir. La plupart de ces titres sont encore à 50% en dessous de leur niveau de haut de cycle en 2018 ou de leur niveau pré-Covid19.

Boursorama : Vous voyez venir cette transition évoquée par plusieurs spécialistes des marchés, des valeurs de croissance (growth) vers les valeurs décotées (value) ?
Jean-Pascal Rolandez : Oui je pense que nous sommes dans cette année de transition. Il y a eu un très fort momentum « growth » tiré par la faiblesse des taux et la résilience de ces valeurs, notamment celles de la technologie, durant la crise sanitaire.  J'estime que ce phénomène va s'essouffler et que la dichotomie de valorisation avec les titres « value » va apparaitre clairement aux investisseurs…

Boursorama : On pourrait quand même se dire que cette crise a fait apparaitre des tendances durables, notamment la dépendance d'une grande partie de l'industrie aux semi-conducteurs et que les entreprises dans ce secteur sont forcément des placements gagnants sur le moyen long terme…
Jean-Pascal Rolandez : Ce qui m'a enseigné mon expérience au Japon, c'est que la technologie aussi a ses cycles, notamment dans l'industrie des semi-conducteurs, et que ceux-ci peuvent être très violents à la hausse comme à la baisse… Certaines familles de semi-conducteurs peuvent être dépassées, de nouvelles capacités ou de nouvelles technologies peuvent voir le jour. C'est un domaine très volatil…

Boursorama : Je vous sens optimiste sur cette année, vous faites fi des préoccupations sur l'inflation et la hausse des taux qui mettent le marché sous tension depuis plusieurs semaines ?
Jean-Pascal Rolandez : Là aussi, l'expérience japonaise permet de relativiser : L'Europe suit le Japon avec 10 ans d'écart, on y retrouve les mêmes facteurs déflationnistes. Autant dire que je ne redoute pas de hausses de taux longs pour les dix prochaines années en Europe voire même davantage. Ca fait trente ans que le Japon s'applique à faire repartir l'inflation et il n'y arrive pas. On retrouve les mêmes causes en Europe : le vieillissement de la population, le besoin de juguler les déficits publics et encore plus depuis la crise. On pourrait évoquer aussi l'importance du secteur public dans certains pays latins et taux important de chômage qui freine une hausse des prix. A cela s'ajoutent deux facteurs plus globaux, la numérisation de l'économie qui a un impact déflationniste sur les prix et la poursuite de la globalisation qui permet de produire toujours moins cher.

Boursorama : Ca c'est pour l'analyse économique mais les marchés vont-ils tolérer un taux à 10 ans de plus de 2% sur la dette américaine sans broncher ?
Jean-Pascal Rolandez : A court terme, justement cela peut venir accélérer cette transition entre valeurs de croissance et valeurs décotées alors que les valeurs de la tech sont très sensibles au niveau des taux.

Boursorama : L'année dernière, nous avions parlé de l'impact de la crise sur trois secteurs : l'automobile, le luxe et les foncières, quelle est votre analyse pour 2021 ?
Jean-Pascal Rolandez : Concernant l'automobile, je reprendrais cette expression des Shadocks, « plus ça rate, plus ça a de chances de réussir ! ». En clair, plus le redémarrage met du temps à se produire, plus la reprise sera forte. Je la voyais au 4e trimestre 2020, ce sera plutôt au 3e trimestre de cette année. La demande est là avec, une partie des consommateurs qui n'ont pas trop perdu de pouvoir d'achat pendant la crise et de l'épargne contrainte. Autant d'éléments qui vont profiter au secteur. Pour le luxe, je dois reconnaître que je me suis trompé et que les leaders, notamment dans le très haut de gamme, se sont très bien comportés. L'argent qui n'a pas été dépensé dans les voyages, l'a été dans des articles de luxe. Pour ce qui concerne les foncières, je ne suis pas inquiet : les gens vont revenir au bureau et dans les centres commerciaux. D'ailleurs lors du précédent déconfinement, les grandes foncières commerciales avaient très vite retrouvé 90% de leur chiffre d'affaires. Quand aux foncières de bureaux, je ne suis pas aussi pessimiste que certains qui pensent que la généralisation du télétravail va fondamentalement changer la donne. Certains employés ont besoin d'être dans le cadre de l'entreprise, les nouveaux arrivants auront toujours besoin d'être formés et je ne suis pas sûr qu'on puisse faire vivre une culture d'entreprise uniquement en télétravail. Les foncières les mieux placées sont pour moi, celles qui auront des actifs en plein centre-ville ou en pleine périphérie.

Boursorama : Quelles sont les valeurs qui vous séduisent actuellement ?
Jean-Pascal Rolandez : Comme je le disais, celles qui vont profiter du super cycle économique qui est en train de s'engager, tiré par la demande chinoise et l'émergence de nouvelles puissances, notamment en Asie. Je pense donc à des valeurs cycliques comme Imerys, Rubis, très bien positionné et très décoté actuellement, Valeo bien sûr. On peut aussi s'intéresser à Seb très présent à l'international. Synergie reste également une de mes favorites, elle a encore beaucoup de potentiel par rapport à son niveau de haut de cycle en 2018. Je citerais enfin Korian qui continue de développer sa stratégie volontariste.

Boursorama : Une belle hausse des marchés, une rotation sectorielle en douceur, il n'y a rien qui pourrait venir perturber ce scénario plutôt rose à moyen terme ?
Jean-Pascal Rolandez : Paradoxalement, je suis inquiet de la très bonne gestion de la crise sanitaire en Asie. On entend très peu parler de campagne de vaccination dans ces pays et j'espère qu'ils ne seront pas susceptibles de connaître un retour dans l'épidémie dans les mois qui viennent, ce qui serait une très mauvaise nouvelle pour l'économie mondiale. De même, les marchés ne sont pas à l'abri d'un « reality check », soit une correction de 5 à 10% parce qu'ils sont allés plus vite que la musique. Ce serait alors une très bonne occasion pour se positionner dans l'optique du « rally » de fin d'année.

Propos recueillis par Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)

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2 commentaires

  • 29 mars 12:21

    De toutes les façons il vaut mieux détenir un portefeuille d'actions équilibré que de détenir de la dette!sur le long terme il n'y a pas de doutes.


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