
( AFP / ERIC FEFERBERG )
Le groupe suisse Givaudan, spécialisé dans les parfums et arômes, laisse les investisseurs sur leur faim malgré des résultats semestriels bien meilleurs qu'attendu, les analystes espérant désormais le voir améliorer ses marges dans sa branche alimentaire maintenant que les volumes se redressent.
Au premier semestre, le groupe a enregistré un bond de 30,9% de son bénéfice net, à 588 millions de francs suisses (607 millions d'euros) et une hausse de 5,7% de son chiffre d'affaires sur un an, à 3,7 milliards de francs suisses, selon un communiqué publié mardi.
Hors effets de changes et acquisitions, les ventes de ce groupe - qui fabrique aussi bien des ingrédients pour le secteur agroalimentaire que des fragrances pour la parfumerie et des senteurs pour les produits d'hygiène et lessives - ont augmenté de 12,5%, dopées par une hausse des volumes.
Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP s'attendaient en moyenne à une croissance des ventes de 11,4% pour un chiffre d'affaires de 3,7 milliards de francs et un bénéfice de 562 millions de francs.
Ces résultats ont "clairement dépassé les attentes", a réagi Daniel Bürki, dans une note de marché. Pourtant, "même si les marges de Givaudan sont les plus élevées du secteur, il a toujours du potentiel de croissance, en particulier du côté des arômes", estime-t-il.
"Sa rentabilité est remarquable", a renchéri Arben Hasanaj, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier, mais "la priorité majeure va être d'améliorer les marges dans le goût", juge-t-il, lui aussi.
A 15H06 GMT, le titre perdait 3,65% à 4.139 francs suisses, alors que le SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, cédait 0,23%.
- Diversification dans le maquillage -
La marge de ses activités de goût, saveurs et arômes est remontée à 21,7% au premier semestre grâce à la hausse des volumes, mais reste à la traîne de la division parfumerie et beauté, qui se situe à 28,1%.
L'an passé, le groupe avait vu sa croissance décélérer face à un mouvement de déstockage qui avait affecté l'ensemble du secteur, de nombreux clients ayant préféré puiser dans leurs réserves face aux incertitudes économiques et à l'inflation qui avait coupé l'appétit des consommateurs.
"La phase d’inflation que nous avons subie en 2022 et 2023 est derrière nous", a déclaré Gilles Andrier, le patron de Givaudan, à l'AFP et la priorité de ses clients est désormais de "déployer tous leurs efforts pour augmenter la croissance en volumes, et non plus uniquement d'augmenter les prix".
Mais si "l'inflation des matières premières s'est estompée", les prix des arômes naturels, très prisés des consommateurs, connaissent toujours "une hausse soutenue", souligne-t-il, ce qui explique que la branche arômes ne progresse pas aussi vite que les parfums.
Au premier semestre, les ventes de sa division arômes ont progressé de 9,9% hors effets de changes et acquisitions tandis que la division parfums et beauté a aligné une hausse de 15,3%.
Givaudan a encore renforcé cette division en rachetant récemment l'intégralité de l'entreprise italienne b.kolormakeup & skincare dans laquelle il avait déjà pris une participation de 25% en 2021.
Ce rachat, dont le montant n'a pas été divulgué, doit permettre à Givaudan de "mettre un pied dans le maquillage", un des segments sur lesquels il n'est pas encore présent, a précisé M. Andrier.
Le groupe est déjà présent dans la parfumerie fine, les shampoings et depuis 2014 dans les ingrédients pour les soins de la peau. Givaudan avait alors racheté le français Soliance, ce qui lui avait mis "le pied à l'étrier" pour développer tout un pan d'activité dans les ingrédients de cosmétiques pour la peau, complété au fil d'acquisitions.
Avec le rachat de cette entreprise milanaise qui emploie plus de 300 personnes, Givaudan entend donc "tester" le segment du maquillage, explique M. Andrier.
Lors de ces résultats, le groupe a annoncé le départ en retraite de son directeur financier, Tom Hallam, confiant le poste à Stewart Harris, entré dans le groupe en 2009, et qui a supervisé les fusions et acquisitions au cours des huit dernières années, détaille le communiqué
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