* Appel à la modération sur le versement des dividendes
* Le montant de €45 mds du plan d'aide sera probablement dépassé
* Le recul de la croissance française en 202O supérieur à -1%
* Les prêts garantis par l'Etat disponibles à partir de mercredi
* Pas de garantie pour les mauvais payeurs, dit le ministre
(Actualisé avec conférence de presse)
PARIS, 24 mars (Reuters) - La France, confrontée aux répercussions de l'épidémie de nouveau coronavirus, a "plus que jamais" besoin de patriotisme économique afin de surmonter une crise économique sans précédent depuis la Grande Dépression de 1929, a déclaré mardi Bruno Le Maire en réaffirmant que l'Etat prendrait sa part en soutenant les fleurons industriels français en difficulté.
"La liste des entreprises industrielles qui doivent être soutenues par l'Etat, elle est prête", a dit le ministre de l'Economie et des Finances sur franceinfo.
"Elle reste évidemment confidentielle", a-t-il ajouté, rappelant cependant que les secteurs aéronautique et automobile étaient particulièrement fragilisés par cette crise sanitaire.
Bruno Le Maire a une nouvelle fois répété que le gouvernement n'excluait pas si nécessaire de procéder à des nationalisations "en dernier recours", et pourrait également procéder à des recapitalisations ou prendre des participations.
"Nous n'allons pas laisser des fleurons industriels (...) partir en fumée parce qu'il y a une crise économique d'une violence qui est sans doute sans précédent depuis 1929 dans les pays occidentaux", a-t-il assuré.
L'Etat prépare notamment des mesures pour soutenir la compagnie aérienne Air France-KLM, a-t-il dit, ajoutant qu'il existait des solutions autres qu'une nationalisation.
Face à la pandémie de coronavirus, Bruno Le Maire a lancé un appel au patriotisme économique "du chef d'entreprises au salarié en passant par chaque citoyen".
Il a notamment souhaité que les salariés prennent des congés payés pendant la période de confinement tout en insistant sur la nécessité que de telles dispositions soient définies dans le cadre d'un dialogue avec les syndicats.
"C'est préférable pour que notre économie redémarre au lendemain de la crise" car "nous aurons besoin de toutes nos forces pour redémarrer", a-t-il déclaré.
APPEL À LA MODÉRATION SUR LES DIVIDENDES
Dans ce contexte, Bruno Le Maire a demandé "à toutes les entreprises, notamment les plus grandes, de faire preuve de la plus grande modération" dans leur politique de versement des dividendes, sans toutefois aller jusqu'à conditionner des mesures de soutien à leur abandon.
Concernant le plan de soutien de 45 milliards d'euros annoncé par le gouvernement, il a précisé que ce montant n'était qu'"un point de départ" et serait probablement dépassé.
Avec une "utilisation massive" du chômage partiel dans ce contexte de crise, les dépenses consacrées à ce dispositif excéderont les 8,5 milliards d'euros provisionnés, a souligné Bruno Le Maire.
Quelques jours après la mise en place de ce dispositif, 730.000 salariés français bénéficient déjà du chômage partiel, ce qui représente 2,2 milliards d'euros.
"Chaque semaine de confinement ajoute un coût pour les finances publiques qui se chiffre en milliards d'euros", a noté Bruno Le Maire, selon lequel le recul de la croissance française en 2020 dépassera nettement la contraction de 1% estimée dans le projet de loi de Finances rectificatif adopté vendredi dernier.
Pour soutenir les entreprises qui font face à un décrochage brutal de leur activité, Bruno Le Maire a annoncé lors d'une conférence de presse que le dispositif prévoyant des prêts garantis par l'Etat pour un volume total pouvant aller jusqu'à 300 milliards d'euros démarrerait ce mercredi.
Quels que soient leur taille ou leur statut (profession libérale, autoentrepreneur, groupe du CAC 40), les entreprises pourront solliciter auprès de leur banque un prêt pouvant représenter jusqu'à trois mois de chiffre d'affaires, qui sera garanti par l'Etat entre 70% et 90%, afin de faire à leurs besoins de trésorerie.
"Il y aura du crédit pour tout le monde. Chaque dossier sera traité", a déclaré à des journalistes Frédéric Oudéa le président de la Fédération bancaire française et directeur général de la Société Générale SOGN.PA .
Cette garantie pourra toutefois être refusée aux entreprises qui tardent à régler leurs fournisseurs, a prévenu Bruno Le Maire.
(Leigh Thomas et Myriam Rivet, avec Gwénaëlle Barzic, édité par Blandine Hénault)
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