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Faut-il garder ou vendre ses fonds diversifiés ?
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 03/06/2019 à 10:00

Sortir de la gestion traditionelle actions/obligations peut se faire grâce à l'ajout de

Sortir de la gestion traditionelle actions/obligations peut se faire grâce à l'ajout de

Les gérants de fonds diversifiés se sont montrés assez prudents dernièrement, achetant avec parcimonie le rebond de marché. Car les produits qu'il pilotent (fonds diversifiés, flexibles, patrimoniaux...) ont été mis à l'index après un exercice 2018 médiocre. Que faire avec ces fonds massivement achetés par les investisseurs ces dernières années.

Des fonds qui ne fonctionnent plus ?

L'injection de liquidités par les banques centrales a dopé les marchés financiers durant de nombreuses années. Pendant cette période, les actifs (actions, obligations) ont progressé simultanément, permettant un véritable âge d'or des fonds diversifiés mêlant ces différentes classes d'actifs. Revers de la médaille, dès que les banques centrales ont retiré la liquidité, les actifs ont baissé et ceux dits "sans risque" n'ont pas pu compensé car tous ces actifs sont désormais corrélés. Un épisode connu par les marchés au dernier trimestre de l'année passée. Ainsi, même les fonds patrimoniaux censés "protéger le capital" ont affiché des performances dans le rouge.

"Les gestions diversifiées ont manqué de... diversification. Quand vous avez des obligations européennes comme le 10 ans allemand qui vous rapporte à l'époque 0,2%, vous n'avez pas envie d'en acheter" souligne David Taieb, Directeur de la gestion diversifiée chez CM-CIC AM. Car avec cette corrélation de tous les actifs, les sources de diversification des portefeuilles diversifiés n'étaient pas présentes et cela a conduit a une telle débacle.

Faut-il pour autant mettre de côté ces types de fonds et envisager d'autres solutions d'investissement ? Didier Bouvignies, associé-gérant chez Rothschild & Co AM Europe, tient à distinguer différentes catégories de fonds diversifiés. "Il y a ceux qui s'écartent peu de leur indice de référence et où l'on sait que l'on aura peu de performance dans les 5 prochaines années. Ensuite, il y a les gestions flexibles qui essaient de tirer parti des mouvements court terme. Depuis 3/4 ans, les marchés baissent de 10% mais pas beaucoup plus, ces gestions peuvent être performantes mais conduiront à des déceptions. On l'a vu dans cette industrie avec quelques grands acteurs" détaille-t-il. Selon lui, la variation des actifs doit s'apprécier sur un cycle économique, c'est-à-dire bien davantage que sur 3 ou 6 mois. La demande doit donc se concentrer sur les fonds capables de donner de la performance à long-terme. Une approche qui amène à accepter davantage de volatilité court-terme et subir ces phases temporaires de baisse des marchés.

Mais quelle leçon en tirer lorsque l'on souhaite malgré tout éviter cet écueil ? "Si on veut vraiment limiter ces périodes de baisse, il faut trouver une autre solution et opter pour une gestion décoréllée" indique Etienne Gorgeon, Directeur des Stratégies Liquides chez Tikehau Capital. La société achète ainsi des protections en haut de cycle et conserve un volant de liquidité important, autour de 50% l'année dernière. Un positionnement pas toujours évident à tenir alors que le gérant est rémunéré pour investir, mais un vrai acte de gestion qui a permis d'augmenter la part actions du portefeuille de 10% à 40% suite à la baisse de marché.

Sortir de la gestion traditionelle actions/obligations peut se faire grâce à l'ajout de "stratégies alternatives". C'est le pari effectué par Fidelity International qui a transformé son véhicule patrimonial l'année dernière avec l'ajout de nouveaux moteurs de performance à corrélation plus faible (loans, immobilier, stratégies de performance absolue...). "De 2012 à 2017, les investisseurs ont eu des vents porteurs de façon indiscriminée. Cela rend désormais le métier d'allocataire d'actifs bien plus intéressant désormais" commente Charles-Henri Kerkhove, Directeur Allocations d'actifs de la société.

Les gérants tentent ainsi d'adapter leurs fonds à ce nouvel environnement car le contexte ne permet plus de reproduire ce qui a historiquement fonctionné.

Prendre du risque ou rester à l'écart du marché ?

Après le rebond sur les premiers mois de 2019, la tentation est grande de réduire la voilure sur les portefeuilles. Une idée renforcée par le fameux adage "Sell in May and go away."

Mais certains gérants considèrent que cela a encore du sens d'avoir des actifs à risque au sein des portefeuilles. Aujourd'hui, les marchés européens sont à leur niveau de 2015 alors qu'on a eu des progressions de résultats des 15%. Selon Didier Bouvignies de Rothschild & Co AM, on est dans un monde très cher et le seul actif qui a une vraie valeur intrinsèque sont les actions européennes. Mais s'il n'est pas cher, c'est en raison des inquiètudes sur la zone. La vraie question est la rémunération du risque, or l'europe a la capacité à se créer des problèmes permanents et le gérant n'a pas d'autre actif qui lui procure cette rémunération pour patienter. "Vendre en attendant que ça casse... ce n'est pas la première fois que ça se ferait et à chaque fois cela était une mauvaise initiative" juge-t-il.

"On a tendance à avoir un biais trop Euro. C'est quelque chose qu'il faut mettre derrière soi en ce moment" remarque cependant Charles-Henri Kerkhove de Fidelity International. L'idée est d'aller chercher du rendement sur d'autres zones via des actifs comme la dette locale émergente ou le haut rendement asiatique. "Il y a énormement d'investisseurs qui attendent d'avoir encore de la visibilité mais il y a un certain risque à ne pas être investi en ce moment" poursuit Charles-Henri Kerkhove.

En revanche, les marchés actions sont très chers pour Etienne Gorgeon de Tikehau Capital. "On pense que l'on est en fin de cycle. Il faut partir maintenant !" alerte-t-il. Le message qu'il souhaite faire passer est que ce qui a fait la performance des marchés est la liquidité mais qu'elle est aujourd'hui au plus bas. Pourtant, il y a eu des liquidités très basses depuis le début de l'année alors que les marchés ont monté. La raison ? On a surestimé la Chine qui a fait une relance budgétaire incroyablement puissante et cet effet est en train de s'estomper. Autre facteur, l'indice S&P 500 a du mal a aller taper les plus hauts. "Tactiquement, c'est donc un bon moment pour allegér. Il faudra avoir des liquidités pour aller chercher les opportunités quand elles vont arriver" ajoute Etienne Gorgeon qui pense que la réserve fédérale baissera ses taux d'ici cet été et que ce sera alors le moment d'y retourner.

"Il faut faire preuve de bon sens. Quand des fonds ont fait +15%, à un moment il faut se dire qu'on a gagné sa vie et être capable de couper du risque dans une démarche patrimoniale" estime David Taieb de CM-CIC AM. Dans son optique, la flexibilité ne sert pas à exprimer une conviction, elle cherche simplement à gérer le risque. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce rebond ne masque qu'en partie les pertes de 2018.

En 2019 plus que jamais, le travail de sélection du bon gérant et du bon process sera primordial pour espèrer gagner avec les fonds flexibles.

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