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Etats-Unis-Chine, qui dominera le monde ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 26/06/2025 à 18:17

François d'Hautefeuille
François d'Hautefeuille

François d'Hautefeuille

Evariste Quant Research

Cofondateur & président

https://www.evariste-quant-research.com/

Guerre commerciale Etats-Unis / Chine (Crédits: Adobe Stock)

Guerre commerciale Etats-Unis / Chine (Crédits: Adobe Stock)

La rivalité entre les USA et la Chine pour le leadership mondial est de plus en plus prégnante. Il faut replacer cette rivalité sur une base historique millénaire.

Une bonne connaissance de ces « temps longs » permet de mieux relativiser les bouleversements géopolitiques en cours.

Le graphe ci-dessous estime la part de la richesse mondiale depuis 2000 ans.

Source: Statistics on World Population, GDP and per Capital GDP, Angus Maddison, University of Groningen

Source: Statistics on World Population, GDP and per Capital GDP, Angus Maddison, University of Groningen

On remarque plusieurs points d'inflexion majeurs.

Tout d'abord, les grands Empires méditerranéens de l'Antiquité (Rome, Égypte, Iran) n'ont guère dépassé 20% du PNB mondial du temps de leur apogée alors que la Chine et l'Inde représentaient déjà près de 80% du PNB mondial.

Un point complétement ignoré en France est le fait que la France a été un des pays les plus riches du monde depuis 2000 ans. Elle a été particulièrement prospère sous les Capétiens entre 1000 et 1700. Ceci reflète l'extrême richesse de ses terres agricoles, parmi les plus riches du monde, dans un monde alors dominé par l'agriculture.

Le décollage du Royaume Uni initié par les Tudor vers 1500 grâce à l'afflux d'or des Amériques se traduit par un dépassement de la France qu'à la suite des défaites napoléoniennes.

Le basculement du leadership mondial du Royaume Uni vers les USA dans les années 1920 ne vient qu'entériner la surpuissance américaine qui représentait 25% de la richesse mondiale à comparer avec 10% pour le Royaume Uni, 10% pour l'Inde et sans doute 5% pour le reste de l'Empire britannique.

Cette rotation du leadership occidental est remise en cause par le retour de la Chine à une place qui a longtemps été la sienne. L'hégémonie économique Inde/Chine a duré environ 1700 ans avec un poids Chine / Inde d'environ 70% du PNB mondial.

On note clairement une inflexion majeure entre 1700 et 1800 ; le siècle des Lumières, de l'Enlightenment, de l'Aufklaerung a clairement modifié en profondeur les équilibres mondiaux. Le poids du monde occidental passé alors de 30% du PNB mondial en 1700 à un pic de 55% du PNB mondial en 1950.

Ce point d'accélération majeur de la création de richesse apparait encore mieux dans une analyse du PNB par habitant. La croissance de la richesse est très faible jusque 1800. Elle explose ensuite, à commencer par le Royaume Uni, la France et l'Allemagne.

Source : Angus Madison

Source : Angus Madison

Tocqueville a anticipé dès 1830 dans son livre séminal « la Démocratie en Amériques » l'émergence d'un monde dominé par la démocratie Américaine et l'autocratie Russe. Alors qu'en 1830, les USA ne repressentaient que 5% du PNB mondial et la Russie 10%. On est loin du pic de 1950 où les USA étaient montés à 35% du PNB mondial et la Russie 15% soit un pic de 50% par les deux hyperpuissances.

La remontée de l'Asie est initiée par le Japon avec un pic en 1990. La Chine explose à partir de l'accord Deng Xiao Ping de 1980 (voyage de Nixon à Pékin initié par Kissinger) au détriment de la Russie. La Chine passe ainsi d'environ 10% du PNB Mondial à environ 30%.

Le système politique des Lumières comme fondement de la surpuissance occidentale ?

Un enseignement fondamental de ce graphe est que la surcroissance du monde occidental n'est pas liée à la monnaie (Keynes), à la religion (Max Weber), au capitalisme (Marx), mais aux institutions démocratiques (Tocqueville et Hayek).

Pour Keynes, la répartition de la richesse mondiale est liée au cycle de la monnaie via la découverte des mines d'or et d'argent qui permettent d'augmenter la masse monétaire et donc la richesse. Or, on note que l'Espagne a peu profité de son contrôle de l'or du nouveau monde et même l'Europe (France de François 1ier et Angleterre Tudorienne) ont alors une croissance très limitée de leur richesse relative par rapport à la Chine.

Pour Max Weber, c'est le protestantisme qui crée de la richesse via une éthique du travail lié à une théologie de la grâce divine. Or, la France ou l'Italie, grandes puissances catholiques, dominent clairement l'Allemagne et même le Royaume Uni jusqu'environ 1850 soit 300 ans après Luther et Calvin …

Pour Marx, c'est l'accumulation de la richesse du travail vers le capital, fondement du capitalisme qui permet le décollage de la croissance économique au prix d'une inégalité sociale croissante. Or, le capitalisme en Italie du 14e siècle et s'est diffusé à la Renaissance dans toute l'Europe. On voit bien un frémissement de l'Europe sur la période 1500 1700 mais il reste très lent, l'Europe occidentale passant seulement de 10% à environ 15% du PNB mondial.

Vers la fin de la stagnation économique de la lost decade (« décade perdue ») ?

Une étude plus concentrée des richesses par habitant met en exergue la stagnation du PNB par habitant du Japon et de l'Italie, les deux « malades » du monde occidental. Seuls les USA ne décrochent pas et maintiennent une croissance de leur PNB par habitant.

Source : FMI

Source : FMI

Ceci pose des questions fondamentales. La stagnation occidentale dénoncée par Olivier Todd reflète-t-elle la surcroissance économique de la Chine financée par une épargne forcée des pays occidentaux à commencer par le Japon et l'Italie ? Le rééquilibrage de la croissance mondiale au détriment de la Chine permettra-t- elle de relancer la croissance européenne ? Quel est l'impact des politiques climatiques sur ce changement de paradigme ? Est-il possible de maintenir une croissance économique de la richesse par habitant en découplant la consommation énergétique et la création de richesse ? Ou la politique énergétique européenne est-elle en train de découpler la croissance économique européenne de celle des USA ?

Quelles implications en stratégie d'investissements ?

Toutes ces analyses peuvent sembler bien abstraites pour définir une stratégie d'investissement dans le monde bouleversé que nous traversons.

Elles sont pourtant d'une grande importance. Elles permettent d'affirmer qu'il y a de grandes chances que le monde occidental maintienne son leadership mondial.

L'Inde a clairement le potentiel de rejoindre la Chine comme usine du monde. Elle ne reprendrait ainsi une place qui a toujours été la sienne jusqu'à la conquête anglaise de la « Perle » de l'Empire.

L'Amérique du Sud et l'Afrique / Moyen Orient sont les grands absents de ce graphique. Ils constituent la dernière frontière qui pourra peut-être un jour prendre le relai de la Chine et de l'Inde dans la croissance mondiale.

Pour les émergents, nous continuons donc à surpondérer l'Inde vis-à-vis de la Chine et du reste des émergents

Pour les actions monde, nous continuons à privilégier les actions Monde et technologiques USA aux actions Européennes.

Conclusion

L'étude de la répartition de la richesse mondiale millénaire apporte des indications intéressantes pour une allocation d'actifs. Elle met en exergue la puissance millénaire de la Chine mais aussi de l'Inde comme usines du monde. Elle prouve la surpuissance des démocraties par rapport aux autocraties comme système politique et économique maximisant l'intelligence collective et donc la pérennité de la création de richesse.

Comme l'a mis en exergue Friedrich von Hayek dans son livre séminale « les Chemins de la Servitude », la démocratie est le seul système économico politique qui maximise la puissance de l'intelligence collective, la plus puissante de toutes les intelligences et seule source d'intelligence qui pérennise la création de richesses à travers les vicissitudes de l'Histoire.

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