
Le siège de la société Nippon Steel
Le président américain Joe Biden a décidé vendredi de bloquer le projet de rachat du groupe sidérurgique américain US Steel par son concurrent japonais Nippon Steel pour 14,9 milliards de dollars (14,47 milliards d'euros), craignant que l'opération ne nuise à la sécurité nationale.
"Une industrie sidérurgique forte, détenue et exploitée au niveau national, représente une priorité essentielle en matière de sécurité nationale et est indispensable à la résilience des chaînes d'approvisionnement", a déclaré Joe Biden dans un communiqué.
"Sans production nationale d'acier et sans travailleurs nationaux de l'acier, notre nation est moins forte et moins sûre", a-t-il ajouté.
Le comité pour l'investissement étranger aux Etats-Unis (CFIUS) avait remis la décision sur ce projet de rachat entre les mains de Joe Biden, qui doit quitter la Maison blanche le 20 janvier.
Le projet de rapprochement, annoncé il y a un an, s'était heurté à une forte opposition aux États-Unis et a été un sujet majeur dans la campagne présidentielle de 2024 en Pennsylvanie, où siège US Steel.
Joe Biden a annoncé à plusieurs reprises vouloir bloquer cette acquisition et son successeur, Donald Trump, s'est également opposé à ce rachat d'une entreprise vieille de 122 ans emblématique de la sidérurgie américaine.
Joe Biden a décidé de bloquer le rachat malgré les efforts déployés par certains de ses conseillers, qui craignent de voir les relations entre les Etats-Unis et le Japon en pâtir, selon le Washington Post.
Les deux entreprises ont cherché à apaiser les inquiétudes suscitées par la fusion, Nippon Steel proposant de transférer son siège social américain à Pittsburgh, où se trouve le siège de l'aciérie américaine.
Dans une lettre du 31 août, dont Reuters a eu connaissance, le CFIUS affirmait que la fusion entre l'américain et le japonais pourrait nuire à l'approvisionnement en acier nécessaire à la réalisation de projets essentiels dans les domaines des transports, de la construction et de l'agriculture.
En novembre, le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a exhorté dans une lettre Joe Biden à approuver la fusion afin de ne pas gâcher les efforts récemment mis en place pour renforcer les liens entre les deux pays.
Un porte-parole de Shigeru Ishiba n'a pas pu être contacté vendredi pour un commentaire.
Avec le veto de la Maison blanche, US Steel perd une source essentielle de capitaux. L'aciériste a prévenu que l'échec de l'accord mettrait en péril des milliers d'emplois et qu'il pourrait être contraint de fermer certaines de ses usines, affirmation que le syndicat USW a qualifiée de menaces sans fondement et d'intimidation.
Vendredi, USW a salué la décision de Joe Biden et affirmé que les récentes performances financières d'US Steel montraient que le groupe pouvait "rester facilement une entreprise forte et résiliente".
A la Bourse de New York, l'action US Steel décrochait de 6,6% dans les premiers échanges.
(Avec Devika Nair, Kanishka Singh, Alexandra Alper, Katya Golubkova, Yuka Obayashi, Satoshi Sugiyama et Nobuhiro Kubo; version française Camille Raynaud et Etienne Breban, édité par Blandine Hénault)
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