
Le nouveau directeur génnéral de Kering, Luca de Meo, qui était chez Renault, ici le 30 novembre 2021 à Paris ( AFP / ERIC PIERMONT )
Le géant du luxe en difficulté Kering a officialisé lundi l'arrivée de Luca de Meo, en partance de Renault qu'il a contribué à redresser, à un poste nouvellement créé de directeur général aux côtés de François-Henri Pinault, qui conserve la présidence.
La dissociation des fonctions de président et de directeur général "s'inscrit dans le respect des meilleures pratiques (de gouvernance) en vigueur dans les grandes entreprises cotées", précise un communiqué.
Les rumeurs sur l'arrivée d'un nouveau numéro deux couraient depuis quelque temps, le magazine Challenges mentionnant les noms des deux actuels directeurs généraux adjoints, Francesca Bellettini et Jean-Marc Duplaix, arrivés à la faveur d'un vaste remaniement à la tête du groupe mi-2023.
Le nom d'Alexandre Bompard, actuel PDG de Carrefour , circulait également.
C'est finalement Luca de Meo, Italien francophone de 58 ans qui a passé toute sa carrière dans le secteur automobile, qui a été retenu.
Il partira le 15 juillet du constructeur automobile pour une prise de poste le 15 septembre chez Kering, après une assemblée générale extraordinaire prévue le 9 septembre.
"Après vingt années de transformation de Kering en un acteur majeur du luxe mondial, le groupe est prêt pour une nouvelle étape de son développement. Dès 2023, j’ai engagé une réflexion sur l’évolution de la gouvernance du groupe. C'est dans ce cadre que j'ai rencontré Luca de Meo", indique François-Henri Pinault dans le communiqué.
"Le courant est tout de suite passé entre nous. (...) parmi tous les candidats que j'ai rencontrés, Luca de Meo est clairement sorti du lot", a raconté François-Henri Pinault lors d'un point avec les analystes, assurant ne pas recruter "un pompier".
L'arrivée surprise de Luca de Meo chez Kering, ébruitée dimanche par Le Figaro, a ravi les investisseurs, le titre bondissant de 11% lundi, Renault perdant parallèlement plus de 8%.
Le titre de Kering reste en baisse de 19% depuis le début de l'année, le marché n'ayant pas apprécié la nomination mi-mars du créateur géorgien Demna, venu de Balenciaga, comme nouveau directeur artistique de Gucci.
François-Henri Pinault est PDG depuis 2005 du groupe créé par son père François Pinault, 88 ans, et qui s'appelait alors PPR (Pinault-Printemps-Redoute) avant d'être rebaptisé Kering en 2013.
"Kering a besoin de changement car la performance du groupe a continué de se détériorer", a souligné dans une note la banque Bernstein.
Plombé par la mauvaise passe de sa marque phare Gucci, qui représente 44% du chiffre d'affaires de Kering, le groupe aux 47.000 employés a vu son chiffre d'affaires plonger de 12% en 2024, à 17,19 milliards d'euros, et son bénéfice net de 64%.
- "Nouveau défi" -
"Nous pensons que M. de Meo (...) en tant qu'outsider, sera plus enclin à prendre des décisions difficiles et à donner de la profondeur à l'équipe actuelle", tous des profils internes, ont souligné les analystes de RBC Capital Markets.
"Il apporte une compétence reconnue à combiner maîtrise des coûts et marketing efficace et, ce qui est peut-être encore plus important, un talent à monter des équipes très performantes", saluent les analystes de Natixis.
Luca de Meo ne craint pas les crises : il est arrivé à la tête de Renault en 2020 dans le sillage de l'affaire de son ex-dirigeant Carlos Ghosn, entre chute des ventes et cadres dépités qui claquaient la porte.
Il a accéléré l'électrification du constructeur, également propriétaire des marques Dacia, Alpine et Lada, et sa montée en gamme pour relancer le groupe.
Il est également natif de Milan, où se situe le siège de Gucci.
"J'aborde ce nouveau défi professionnel avec enthousiasme, curiosité et confiance, porté par la puissance des marques et le savoir-faire des équipes", commente dans le communiqué Luca de Meo.
Si les analystes ont salué son arrivée chez Kering, ils ont aussi souligné son manque d'expérience dans le secteur du luxe.
"Le redressement des marques de luxe est devenu plus complexe, plus long, plus coûteux et beaucoup moins favorable au marché ces dernières années", estiment ainsi les analystes de Citi.
Après plusieurs années fastueuses post-Covid, le secteur du luxe fait face depuis 2024 à des vents contraires sur ses deux principaux marchés, avec une reprise qui se fait attendre en Chine et la menace des droits de douane accrus aux États-Unis.
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