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EQUITY GPS sur le secteur de l’énergie
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 02/07/2021 à 16:45

Gilles Bazy-Sire
Gilles Bazy-Sire

Gilles Bazy-Sire

Equity GPS

Cofondateur & président

https://www.equitygps.com/

(Crédits photo : Pixabay - SD Pictures )

(Crédits photo : Pixabay - SD Pictures )

Le contexte des énormes et complexes efforts de transition vers une économie mondiale probablement largement décarbonée à l'horizon 2050 rend difficile l'analyse du secteur de l'Energie. Or, celui-ci présente un rating EQUITY GPS attractif à 9/10.

Peu de sujets sont aussi complexes à appréhender que celui de l'écologisation croissante des activités humaines et, en corollaire, ses possibles effets sur la sélection de valeurs dans un portefeuille d'investissement à long terme. En particulier, la place à dédier aux valeurs d'hydrocarbures représente un choix important porteur de conséquences complexes pour les investisseurs finaux en matière de performance future de leurs investissements, mais aussi de considérations éthiques tant personnelles que collectives.

Nous venons récemment d'apprendre que le dernier rapport du GIEC, encore non totalement publié, présentera une situation de dérèglement climatique encore plus dramatique que la précédente qui avait  constitué l'arrière-plan des accords de Paris de décembre 2015. Rappelons que l'objet du GIEC est de fournir aux dirigeants de la planète un corpus d'informations d'experts les plus objectives et consensuelles possibles afin de leur permettre de mettre en œuvre de manière coordonnée des orientations jugées utiles de leurs politiques environnementales.

Le nouveau rapport du GIEC a été précédé d'un autre « pavé dans la mare » : celui du Scénario de Neutralité Carbone à horizon 2050 communiqué en mai par l'AIE, organisation de référence, généralement respectée, fournissant les perspectives à long terme souvent utilisées par les acteurs de l'énergie - publics ou privés - et par leurs bailleurs de fonds, pour planifier et déployer à long terme leurs gigantesques investissements. L'AIE y présente les mesures considérables - et non encore totalement appréhendées selon elle - qu'il faudrait engager au niveau mondial pour parvenir arriver à une situation de Zéro Emissions Nettes de CO2 à horizon 2050.
Des efforts colossaux inédits devront être consentis dans le solaire, l'éolien, les bioénergies et le nucléaire, la capture et le stockage du CO2 par des moyens naturels ou artificiels,  ainsi que dans la montée en puissance de l'électrique, et le développement d'une économie mondiale moins gloutonne en énergie (-8% de consommation d'énergie en 2050 pour une économie mondiale doublée de taille), comme on peut l'apprécier ci-après :

Evolution de la consommation d'énergie selon le scénario NZE de l'AIE

Sources : Connaissance des energies, AIE

Sources : Connaissance des energies, AIE

Parmi les mesures nécessaires les plus frappantes pour parvenir à ce scénario figure aussi son corollaire de ne plus approuver de développement ou d'exploration de nouveaux champs pétroliers et gaziers à compter de cette année.
Comme il faut s'y attendre, cette perspective a fait l'objet de réfutations ou de l'opposition de nombreuses parties prenantes, entreprises pétrolières ou états producteurs voire même consommateurs, ce qui, incidemment, illustre au plus haut point la complexité de la situation et la difficulté qu'il y a pour un investisseur à décider dans un environnement sectoriel présentant un niveau d'incertitude inhabituellement élevé.

Le paragraphe qui suit soumet au jugement du lecteur la proposition d'instiller un peu de clarté dans la problématique boursière des valeurs de l'énergie en utilisant des éléments objectifs et quantifiés tirés de l'outil d'allocation d'actifs tactique d'EQUITY GPS.

Tout d'abord, comme on peut l'apprécier dans le graphique ci-après, le secteur de l'énergie dans le monde présente aujourd'hui un rating EQUITY GPS très élevé à 9/10. Dans le passé, un rating au-dessus de 7,5/10 pour ce secteur a été suivi d'une performance à trois mois de +21% en rythme annualisé (et de -11% après que le rating agrégé a été observé en dessous de 2,5/10).

Secteur Energie Monde : rating EQUITY GPS agrégé depuis 2008

Secteur Energie Monde : rating EQUITY GPS agrégé depuis 2008

Secteur Energie Monde : rating EQUITY GPS agrégé depuis 2008

Ensuite, on peut chercher à utiliser le Rating EQUITY GPS du secteur de façon combinée avec son Indicateur de Sentiment de Marché - également propriétaire - en utilisant la matrice indiquée ci-dessous pour simuler à quels moments être investi ou non investi sur le secteur. Cette matrice présente la stratégie (selon nous très prudente car conduisant à avoir été investi la moitié du temps seulement sur le secteur depuis 2008) d'acheter ou conserver quand le secteur est positionné dans les 8 cases favorables situées au Nord-Est de la matrice, et de vendre quand il se trouve caractérisé par une combinaison de facteurs résumés dans les 4 cases au Sud-Ouest de la matrice.

STRATEGIE F (Très prudente) : DESCRIPTION ET BACKTEST *

STRATEGIE F (Très prudente) : DESCRIPTION ET BACKTEST *

Ainsi, appliquer la stratégie F décrite ci-dessus sur le secteur de l'énergie aurait produit les résultats suivants (courbe en bleu clair), hors dividendes et frais par rapport à l'indice sectoriel (bleu foncé) :

Performance comparée  de la stratégie active F très prudente d'être investi ou non dans le secteur depuis 2008, avec la performance du secteur

Performance comparée  de la stratégie active F très prudente d’être investi ou non dans le secteur depuis 2008, avec la performance du secteur

Performance comparée de la stratégie active F très prudente d’être investi ou non dans le secteur depuis 2008, avec la performance du secteur

De façon plus détaillée, comme décrit dans le tableau ci-dessous, la stratégie F déployée sur le secteur de l'énergie aurait été investie 51% du temps seulement depuis 2008, et aurait produit une performance cumulée hors dividendes et hors frais de +90%, contre +36% pour la stratégie sectorielle passive. En résultent des niveaux de volatilité subie, des ratios Sharpe ou  Sortinos nettement plus favorables à l'investisseur que pour le secteur suivi passivement :

STRATEGIE F (Très prudente) : DESCRIPTION ET BACKTEST *

STRATEGIE F (Très prudente) : DESCRIPTION ET BACKTEST *

En conclusion, il nous paraît raisonnable, si la matrice d'investissement F correspondait à la typologie normative d'un investisseur, que celui-ci considère ne pas sous-représenter le secteur de l'énergie dans son portefeuille monde dans les circonstances actuelles et, ce, en dépit d'un environnement particulièrement très incertain.

Cette suggestion aura nécessairement vocation à évoluer au fil du temps, en particulier en fonction des changements de notre Rating agrégé mesuré pour le secteur (actuellement élevé), ainsi que celui du Sentiment de Marché (quantifié Bullish depuis deux mois), ces deux éléments synthétisant un grand nombre de considérations dans le domaine concerné.

Comme toujours, il faudra rester attentif et ouvert  à la possible survenance de nouvelles informations importantes, qu'elles soient potentiellement négatives pour l'évolution ultérieure des cours de bourse des valeurs du secteur, ou … positives.

Sur ce dernier plan, notons les expérimentations en cours portant sur la capture, l'utilisation et la séquestration du CO2 (CCUS). Il nous paraît raisonnable d'envisager que, dans l'hypothèse, apparemment de plus en plus plausible, où l'avenir de l'humanité s'avérait gravement en jeu, cette dernière saurait dédier une proportion importante de sa capacité d'innovation et de ses ressources au déploiement de technologies efficaces en la matière, en plus des nombreuses autres pistes de solutions mentionnées dans le rapport détaillé de l'AIE. Même si le CCUS n'est pas la panacée pour tous (beaucoup d'ONG souhaiteraient ne pas émettre de carbone plutôt qu'en émettre puis le retirer et le stocker), ses solutions présentent de nombreux avantages. D'abord celui d'être relativement facilement acceptable par l'opinion en générant moins d'oppositions frontales de la part de certaines parties prenantes (particuliers, états, entreprises), aujourd'hui dépendants des hydrocarbures pour leur niveaux de vie voire leurs équilibres économiques, politiques et sociaux.
Le CCUS fait partie des solutions adaptées à la recherche de compensation des émissions des industries ultra génératrices de CO2 comme la production de ciment, d'acier primaire, ou la génération d'électricité à partir de charbon, dont les installations ont des durées de vie de plusieurs décennies.

Sur un plan économique, on peut noter que le coût du CCUS, variable selon les domaines, se situe autour de :
-    100 USD la tonne capturée pour les sources d'émission concentrées (ciment, génération d'électricité au charbon, production d'hydrogène brun, …),
-    25 USD la tonne pour les autres sources d'émission
-    Entre 130 et 330 USD la tonne pour l'extraction directe de l'air ambiant, c'est-à-dire dans des lieux appropriés à l'utilisation ou au stockage pouvant être très éloignés des usines polluantes.

Coût de l'extraction, utilisation et stcokage du CO2, en USD par tonne

Coût de l’extraction, utilisation et stcokage du CO2, en USD par tonne - Source : AIE

Coût de l’extraction, utilisation et stcokage du CO2, en USD par tonne - Source : AIE

Notons, incidemment, que les forêts représentent une solution efficace et encore moins chère (10 USD/t).

Comme dans tous les domaines de l'activité humaine, on peut penser que les coûts unitaires de CCUES baisseront à l'avenir, sous l'effet des progrès technologiques, d'innovations, incrémentales ou de rupture, et d'effets d'échelle.

Sur le plan du financement, il paraît raisonnable de considérer que la montée en puissance, discrète mais bien réelle, partout dans le monde, des taxes carbone constituera une puissante incitation économique à ce que les industriels émettent moins ou accroissent leurs captures de CO2 directement sur site pendant les processus de fabrication.

Acceptons de nous projeter à horizon de quelques dizaines d'années. Le produit des taxes carbone, déjà non négligeable aujourd'hui, sera allé croissant et l'assiette se sera élargie, en particulier aux émissions à l'étranger issues de la fabrication des produits finalement importés, comme par exemple avec le très important projet européen qui devrait être présenté le 14 juillet 2021. Notons que dès aujourd'hui, certains pays imposent déjà des taxes carbone sur des assiettes réduites, comme la Suède (119 USD/tonne), la Suisse (99 USD/t), la Finlande (58 et 68), et la France (49).

Ces recettes fiscales pourront contribuer au financement des activités d'extraction, utilisation et séquestration du CO2. L'extraction peut s'effectuer soit de l'air ambiant,  soit à la source industrielle d'émission du CO2 (cf exemple du projet norvégien « Longship » impliquant HeidelbergCenment). La séquestration s'effectue généralement sous terre dans des formations géologiques convenant à cet usage, comme d'anciens gisements vidés de gaz ou de pétrole (cf exemple du projet, également norvégien, « Northernlight » de transport et séquestration du CO2 produit par « Longship »).

Tentons de cadrer les grandes masses  financières d'une hypothèse théorique de compensation totale des 35 milliards de tonnes de CO2 émis annuellement par l'homme par la seule solution d'extraction et séquestration de CO2, en appliquant à ce total un montant de taxe carbone de 100 USD/tonne, déjà partiellement effectif dans certains des pays les plus avancés de la planète. On arriverait alors à un ordre de grandeur de 3 500 MdUSD, soit environ 4% du PNB mondial d'aujourd'hui, ou 2% de celui projeté en 2050 pour extraire et séquestrer chaque année la totalité des émissions de CO2 par l'homme.

Autant dire que cette perspective ne paraît pas inimaginable sur le plan financier, et envisageable partiellement du point de vue industriel pour autant que les progrès technologiques arrivent à faire baisser les coûts unitaires de CCUS vers les 100 USD/t.

Enfin, notons qu'il ne s'agira pas là d'une « ponction » sur l'économie mondiale, mais bien de la création d'une nouvelle activité humaine, génératrice de PNB, d'emplois, de taxes induites, et, sans doute, de beaucoup de sens et de fierté pour toutes ses parties prenantes et en particulier ses entreprises,  salariés et tous leurs proches.

Nous n'avons évidemment pas la prétention de penser que l'hypothèse évoquée ci-dessus se matérialisera, mais seulement celle de proposer d'accepter de considérer que le futur du secteur de l'énergie dans le monde n'est pas aussi certainement sombre que certains l'envisagent. Dans ce cas comme dans d'autres, nous proposons simplement au lecteur de continuer d'avancer dans le temps avec un état d'esprit, flexible, sans biais, et en intégrant les évolutions telles qu'on peut les observer, et non pas telles qu'on pourrait les craindre ou les espérer.

1 commentaire

  • 02 juillet 17:25

    imbuvable !


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