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ENTRETIEN MARCHÉS-La BCE aura du mal à gérer la prochaine récession-BlackRock
information fournie par Reuters 12/12/2018 à 16:42

    * Difficile pour la BCE de resserrer sa politique
    * Sera-t-elle capable de gérer une récession ?
    * BlackRock en doute et s'inquiète pour l'Europe
    * Cette récession n'est pas imminente mais elle viendra

    par Patrick Vignal
    PARIS, 12 décembre (Reuters) - La Banque centrale européenne
(BCE) risque d'aborder la prochaine récession économique dans
une situation très inconfortable, prévient Isabelle Mateos y
Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.
    Avec une croissance qui se tasse et une inflation qui refuse
obstinément de décoller, l'institution de Francfort n'est pas 
en situation de donner un tour de vis à sa politique monétaire,
déclare à Reuters l'experte du 'think tank' du numéro un mondial
de la gestion d'actifs.
    "L'économie de la zone euro dans son ensemble reste à un
niveau de croissance qui justifie entièrement une politique
monétaire encore très accommodante", dit-elle. "Par ailleurs,
l'encéphalogramme de l'inflation hors énergie et alimentation
reste pratiquement plat et le mandat de la BCE est de la faire
revenir à un niveau proche de 2%."
    Contrairement à la Réserve fédérale, dont le cycle de
normalisation est bien avancé, la BCE, qui compte arrêter son
programme de rachats d'actifs à la fin de l'année et ne devrait
pas commencer à relever ses taux avant le second semestre 2019,
n'a pas encore entamé le resserrement de sa politique.
    "La question est de savoir ce qu'ils feront à la BCE si les
Etats-Unis entrent en récession avant qu'ils aient pu relever
les taux au niveau où la Fed est aujourd'hui, ce qui sera
vraisemblablement le cas", s'inquiète Isabelle Mateos y Lago.
    "Très vraisemblablement, la BCE entrera dans la prochaine
récession avec très peu de marges de manoeuvre du côté de la
politique monétaire et de la politique budgétaire parce que,
hormis l'Allemagne, tous les pays sont au taquet en termes de
dette. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes
prudents, voire négatifs sur l'Europe à moyen terme. Nous avons
une vraie inquiétude sur la capacité de la zone euro à gérer la
prochaine récession."
    
    LE RISQUE POLITIQUE EUROPÉEN AUGMENTE
    Le peu d'optimisme de BlackRock concernant l'Europe
s'explique en outre par les risques politiques qui s'y
bousculent, notamment en Grande-Bretagne, où le processus de
sortie de l'Union européenne se révèle pour le moins délicat, et
en Italie, dont le gouvernement est engagé dans un bras de fer
avec l'Union européenne autour de sa politique budgétaire.
    "Parmi nos indicateurs sur les différents risques
géopolitiques, celui de l'Europe est celui qui a le plus
augmenté depuis le mois de juillet", rapporte Isabelle Mateos y
Lago. 
    "Il est maintenant l'un des plus élevés. Certains disent que
les marchés ne prêtent pas suffisamment d'attention à ce risque
mais ce n'est pas notre analyse. Beaucoup d'investisseurs
internationaux se détournent de l'Europe parce que les
perspectives de rendement ne sont pas terribles et que, par
contre, les risques de problèmes sérieux paraissent
significatifs."
    Isabelle Mateos y Lago se dit confiante de voir à moyen
terme Londres éviter un Brexit sans accord et Rome échapper à
une crise ouverte avec Bruxelles.
    "Par contre, au fil du temps, la situation risque de se
compliquer parce que l'économie italienne a déjà cessé de
croître au troisième trimestre et que les banques, sauf les plus
grosses, n'ont plus accès au marché pour se financer et sont
totalement étranglées pour fournir des crédits à l'économie",
dit-elle.
    Cette récession économique mondiale que la BCE pourrait
avoir du mal à négocier, BlackRock ne la voit pas arriver en
2019, ni même peut-être en 2020.
    "Notre analyse est que le risque de récession pour l'année
prochaine reste relativement faible, inférieur à 20%, mais on
entre dans cette phase de fin de cycle où les marchés sont
relativement nerveux face à ce thème de récession", dit Isabelle
Mateos y Lago.
    "Dans notre scénario de base, nous ne voyons pas de
récession en 2019, et peut-être pas en 2020 non plus. On voit
les risques augmenter plutôt à l'horizon 2021 mais la nervosité
des marchés va se poursuivre, avec de la sensibilité dans les
deux sens."
    
    LA COURBE DES TAUX S'INVERSE, ET ALORS ?
    La crainte d'une récession, identifiée par BlackRock comme
le risque majeur pesant sur ses perspectives d'investissement
2019, a pris de l'ampleur récemment sur les marchés, où certains
interprètent l'amorce d'une inversion de la courbe des taux
américains comme l'annonce d'un basculement à plus ou moins
court terme.
    "La tendance à l'inversion de la courbe des taux n'est pas
un signal qui nous empêche de dormir", confie Isabelle Mateos y
Lago. "Historiquement, il a eu un pouvoir prédictif fort, mais à
l'horizon de deux ans, et ce qui nous intéresse dans l'immédiat
est ce qui va se passer sur les marchés l'année prochaine. De
toute façon, nous avons une probabilité de récession en 2021
supérieure à 50%, avec ou sans inversion de la courbe de taux."
    Les risques politiques sont loin d'être limités à l'Europe,
ajoute-t-elle avant d'évoquer les frictions commerciales entre
les Etats-Unis et la Chine et, plus globalement, la montée des
populismes et des protectionnismes un peu partout.
    "C'est un risque qu'on commence à suivre de très près et qui
est déjà bien réel aux Etats-Unis et en Italie", dit-elle. 
    "Le Royaume-Uni n'en est pas très loin et la France en prend
le chemin. Le pire n'est jamais sûr mais il est clair qu'il y a
une forme d'insatisfaction très forte qui se dégage vis-à-vis du
modèle de croissance et de répartition de la richesse qu'on a
connu au cours des 10 dernières années."
    "Je crois que personne n'a de très bonnes réponses à
apporter à cette insatisfaction et le risque est effectivement
d'avoir des retours de balancier un peu violents. C'est un gros
risque qui crée de l'incertitude et qui menace de peser
notamment sur la rentabilité des entreprises."
      
    Voir aussi :
    GESTION 2019-Les craintes de récession, risque numéro un
pour BlackRock  
    LE POINT sur les perspectives de marché 2019 des gérants et
stratèges  
    

 (édité par Blandine Hénault)
 

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