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EDF-La chute des prix freine les contrats, fragilise la régulation
information fournie par Reuters 15/02/2024 à 09:35

par Benjamin Mallet et Forrest Crellin

La chute des prix de l'électricité freine la signature par EDF de contrats à long terme et pourrait contraindre le gouvernement à revoir ses projets de régulation afin d'assurer la couverture des coûts du parc nucléaire français, selon des sources industrielles et des experts interrogés par Reuters.

L'entreprise, intégralement renationalisée en juin dernier, publiera vendredi des résultats 2023 qui s'annoncent solides et devraient marquer le début d'une réduction de sa dette de quelque 65 milliards d'euros, grâce aux hausses de prix et au redressement de la production de ses centrales.

Mais EDF peine jusqu'à présent à s'entendre avec ses grands clients pour appliquer sa nouvelle politique commerciale, censée lui garantir des revenus suffisants et stabiliser les prix payés par les consommateurs autour d'un niveau indicatif de 70 euros par mégawatt-heure (MWh), en moyenne, sur 15 ans.

En cause : des prix de marché qui ont chuté de plus de 30 euros en trois mois et s'établissent actuellement autour de 64 euros pour 2026, première année d'entrée en vigueur d'un dispositif qui succédera à la régulation actuelle dite de l'Arenh (accès réglementé à l'électricité nucléaire historique).

Selon une source chez EDF - qui n'a pas souhaité être identifiée -, cette situation "perturbe beaucoup le marché" et l'entreprise, "il y a une vraie paralysie, car ceux qui sont en situation de négocier leurs prix sont plutôt attentistes".

La même source estime que négocier à 70 euros/MWh sur plusieurs années dans ce contexte "n'a pas de sens" pour ces clients et que le nouveau modèle issu de l'accord conclu en novembre avec l'Etat français "ne tient plus trop la route", alors que les deux parties ont prévu de vérifier la faisabilité de sa mise en oeuvre au mois de mai.

Bien que les choses soient "mal engagées", il n'y a pas d'alternative clairement définie à ce stade, a ajouté la source.

Si EDF ne parvenait pas à concrétiser sa nouvelle politique commerciale, la stratégie d'ensemble défendue par le PDG Luc Rémont serait mise à mal, de même que la capacité du groupe à se financer dans de meilleures conditions.

"LES CHOSES N'AVANCENT PAS ASSEZ VITE"-UNIDEN

"La définition finale du mécanisme post-Arenh sera très importante et le profil commercial de la société dépendra (...) largement de la visibilité sur les bénéfices à moyen terme", a dit Antonio Totaro, responsable utilities et transports pour la région EMEA chez Fitch Ratings. "À cet égard, nous suivrons de près l'évolution du nombre de contrats à long terme."

En réponse à des questions de Reuters, le ministère de l'Economie a déclaré que la réforme du marché français permettrait à EDF de mieux gérer "l'alternance de périodes de hausse et de baisse des prix" et garantirait sa capacité à investir dans de nouveaux actifs de production d'électricité.

Il n'y a pas de projet de venir en aide au groupe si les prix à terme chutaient en-dessous de 60 euros/MWh, a ajouté Bercy, alors que le coût complet du parc nucléaire français a été calculé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) à 60,7 euros/MWh pour la période 2026-2030.

Selon certaines sources, une alternative au nouveau système présenté serait de fixer un prix de plancher à l'électricité nucléaire vendue par EDF, par exemple à travers une régulation de type "Contrat pour différence" (Contract for difference), ce qui nécessiterait toutefois d'obtenir le feu vert de Bruxelles.

"Les choses n'avancent pas assez vite", a déclaré Nicolas de Warren, président de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden). "C'est une vraie préoccupation."

FAIBLE SUCCÈS DES APPELS D'OFFRES À 4-5 ANS

Les adhérents de l'Uniden représentent environ 70% de la consommation énergétique industrielle en France. Parmi eux, des entreprises présentes dans l'agro-alimentaire, l'automobile, la chimie, la construction, les métaux, le papier, le transport ou encore le verre.

Selon Nicolas de Warren, l'incertitude sur le prix de l'électricité qu'ils paieront à partir de 2026 bloque certains de leurs investissements alors même que le gouvernement vise à la fois une réindustrialisation du pays et une baisse des émissions de CO2, ce qui induit un recours accru à l'électricité.

"Ces industries ne peuvent pas vivre avec une variabilité des prix de marché qui ne fait que croître, donc on a absolument besoin de ces contrats."

La nouvelle approche d'EDF consistant à proposer aux industriels énergivores des "contrats pour allocation nucléaire" (CPAN) de 10 à 15 ans minimum est toutefois complexe à mettre en oeuvre, notamment parce qu'elle suppose des paiements anticipés pouvant atteindre plusieurs centaines millions d'euros et un partage des risques de production.

Les appels d'offres organisés par le groupe pour des contrats à 4 ou 5 ans, qui s'adressent en particulier à ses concurrents - tels que Engie ENGIE.PA ou TotalEnergies

TTEF.PA - ne rencontrent guère plus de succès. Depuis le début de l'année, seulement une douzaine d'enchères sur 54 ont été fructueuses, et à des prix ne dépassant pas 70 euros/MWh.

Interrogé sur ces sujets, EDF n'a pas souhaité faire de commentaires.

(Edité par Kate Entringer)

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