
La présidente de la Suisse Karin Keller-Sutter, à la sortie d'une conférence de presse après une rencontre avec des responsables américaines sur les droits de douane, à Genève le 3 mai 2025 ( AFP / Fabrice COFFRINI )
La présidente de la Suisse et son ministre de l'Economie se rendent mardi en urgence à Washington pour tenter d'infléchir la position de Donald Trump avant l'entrée en vigueur de droits de douane de 39% qui risquent de durement frapper les produits helvétiques arrivant aux Etats-Unis à l'échéance du 7 août.
Dans un communiqué publié mardi, le Conseil fédéral (gouvernement) a annoncé que Karin Keller-Sutter, la présidente de la Confédération, également ministre des finances, ainsi que Guy Parmelin, le ministre de l'économie, se rendent à Washington "afin d'obtenir des entrevues avec les autorités américaines" pour discuter des droits de douane.
"L'objectif est de présenter aux États-Unis une offre plus attrayante, qui permette de diminuer le montant des droits de douane additionnels appliqués aux exportations suisses, tout en tenant compte des préoccupations des États-Unis", précise le communiqué.
Mme Keller-Sutter et M. Parmelin se rendent à Washington "accompagnés d'une petite délégation" incluant deux secrétaires d'Etat, détaille le communiqué. Selon une source fédérale, ils sont partis "dans la matinée" et arriveront à Washington "en soirée heure de Suisse". L'avion du gouvernement suisse est parti à 08H29 de Dubendorf (Zurich).
La Suisse a été sonnée par les annonces de la Maison Blanche la semaine passée qui a relevé les droits de douane applicables aux produits helvétiques, les remontant à 39% contre 31% initialement prévu début avril. Le pays alpin a été d'autant plus surpris que le gouvernement avait d'emblée choisi la voie de la négociation après ce que Donald Trump avait surnommé le "Liberation Day" (jour de la libération).
Ce niveau, beaucoup plus élevé que les 15% qui vont être appliqués aux produits de l'Union européenne importés aux Etats-Unis, suscite de vives inquiétudes chez les entreprises suisses.
- échanges quadruplés en vingt ans -
Dans un communiqué publié lundi à la suite d'une réunion de crise, le Conseil fédéral a fait valoir que près de 60% des exportations de biens suisses aux États-Unis risquent d'être frappés par ces droits de douane supplémentaires de 39%.
Le gouvernement s'est réuni virtuellement lundi à distance pour une séance extraordinaire face à l'urgence de la situation pour trouver une solution d'ici le 7 août.
Les Etats-Unis sont un partenaire clé de la Suisse, les échanges commerciaux entre les deux pays ayant "quadruplé au cours des vingt dernières années", a souligné lundi le Conseil fédéral, qui n'a pas manqué de rappeler que la Suisse est le sixième plus gros investisseur étranger aux États-Unis.
La Suisse, qui s'appuie sur une importante industrie pharmaceutique, occupe même "le premier rang s’agissant des investissements dans le domaine de la recherche et du développement", a insisté le Conseil fédéral.

La présidente de la Suisse Karin Keller-Sutter (droite) et le ministre suisse de l'Economie, Guy Parmelin, lors d'une conférence de presse après une rencontre avec des responsables américaines sur les droits de douane, à Genève le 3 mai 2025Switzerland's President Karin Keller-Sutter (R) and Switzerland's Economy Minister Parmelin deliver a speech during a press conference and following a meeting to discuss trade relations and tariffs, in Geneva, on May 9, 2025. Switzerland and the United States agreed to speed up talks on striking a deal on Washington's tariffs, the Swiss president said following a meeting with top US officials. ( AFP / Fabrice COFFRINI )
Selon les relevés des douane, les Etats-Unis captaient 18,6% des exportations de marchandises de la Suisse en 2024. La Suisse y exporte surtout des médicaments, mais aussi des montres, des machines industrielles, des capsules de café, du fromage et du chocolat.
Certains secteurs risquent d'être touchés plus que d'autres. L'horlogerie apparaît en première ligne puisque les montres doivent être produites dans le pays pour pouvoir y apposer le label Made in Switzerland (Fabriqué en Suisse), qui est considéré comme le gage de la qualité de l'horlogerie suisse.
Dans un entretien publié lundi soir par le quotidien suisse Le Temps, le patron du groupe Swatch, Nick Hayek, avait appelé la présidente de la Confédération à se rendre en personne à Washington.
"Je suis convaincu que Donald Trump veut faire un deal et le montrer à ses électeurs aux Etats-Unis", a déclaré M. Hayek au quotidien suisse.

Le président américain Donald Trump s'exprime à la Maison-Blanche, le 31 juillet 2025 à Washington ( AFP / Jim WATSON )
Mais "il faut que notre présidente Karin Keller-Sutter réagisse et trouve une solution en personne et sur place", a ajouté le patron du groupe horloger, connu pour ses montres en plastique multicolores qui possède aussi d'autres marques, comme Tissot, Longines et Omega.
Selon les calculs du professeur d'économie Hans Gersbach, ces droits de douane à 39% pourraient coûter entre 0,3% et 0,6% de croissance annuelle à la Suisse. L'impact sur le produit intérieur brut de la Suisse pourrait même grimper à "au moins 0,7%", selon le sort réservé aux produits pharmaceutiques, un secteur clé de l'économie helvétique.
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