
( AFP / ERIC PIERMONT )
Le tribunal des activités économiques doit se prononcer lundi 4 août sur le plan de réduction de la dette du groupe de télécommuncations.
Après un bras de fer de plusieurs mois avec les créanciers, le groupe du milliardaire Patrick Drahi, maison mère de l'opérateur SFR, pourrait voir son accord de réduction de la dette partir en fumée.
Entré en procédure de sauvegarde accélérée fin mai, le groupe doit faire valider lundi 4 août par le tribunal des activités économiques de Paris (ex-tribunal de commerce) l'accord trouvé avec les créanciers.
Lesté d' une dette colossale de 24,1 milliards d'euros , le groupe avait annoncé fin février être parvenu à négocier un allègement de ses créances de plus de 8 milliards d'euros, en échange de 45% des parts du groupe et d'un paiement direct de 1,6 milliard d'euros .
Lors d'une audience le 22 juillet, le parquet a requis l'adoption du plan de restructuration de la dette, tout en y ajoutant un bémol de taille: pour le ministère public, trois des sociétés du groupe, l'opérateur SFR SA, SFR Fibre et Completel (branche dédiée aux entreprises) devraient être exclues de l'accord.
De quoi rendre caduque la plus importante restructuration de dette privée en France, si le tribunal choisit de suivre les réquisitions. Pour la direction de l'entreprise, l'accord est conçu comme un ensemble qui doit inclure toutes les sociétés du groupe.
L'exclusion des filiales renverrait donc les créanciers et le groupe face à face dans de nouvelles négociations.
Un "projet de démantèlement"
Du côté des syndicats, les représentants se sont déjà élevés contre le projet de la direction.
Le comité social et économique (CSE) du groupe avait refusé à l'unanimité mi-juillet de rendre un avis sur le plan de sauvegarde accélérée. Selon les élus, les sociétés du groupe, et notamment SFR, "rentables et solides financièrement (...) ont été intégrées de force dans un schéma d’endettement dont elles ne tirent aucun bénéfice".
"Ces filiales-là ne sont pas endettées, n'ont jamais souscrit de crédit auprès des créanciers avec qui cet accord a été passé, mais c'est tout de même nous qui sommes garants du remboursement de ces dettes et qui ferons les frais du remboursement", a affirmé auprès de l'AFP Olivier Lelong, délégué syndical central CFDT.
Dans cette opération complexe, les salariés voient aussi un "projet de démantèlement", et craignent de voir les filiales finalement vendues et les emplois menacés, ont souligné les élus du CSE.
"Il n'y a pas de processus de vente de SFR"
"Le rachat par d’autres opérateurs d’activités actuellement opérées par SFR engendrera la suppression de postes en doublon" , a alerté la CFE-CGC dans une lettre envoyée début juillet au ministre de l'Industrie Marc Ferracci.
"Il n'y a pas de processus de vente de SFR en cours et aucune offre, pas même indicative et sans valeur, n'a été reçue à date", avait assuré à l'AFP Arthur Dreyfuss, patron d'Altice France, à l'issue de l'audience.
Mais du côté des concurrents, le passage de quatre à trois opérateurs télécoms est déjà sur la table.
"Quand vous avez un marché qui a quatre acteurs, il y a donc un gâteau avec quatre parts, quand vous prenez le même gâteau et que vous faites trois parts, normalement les parts sont un peu plus grosses" , a déclaré jeudi 31 juillet le directeur général de Bouygues Olivier Roussat, résumant l'état d'esprit du secteur, favorable à un rachat de SFR.
La restructuration de la dette d'Altice apparaît néanmoins comme une "condition préalable", a estimé la directrice générale d' Orange , Christel Heydemann, à l'occasion des résultats de son groupe ce mardi 29 juillet.
"Il y a évidemment des discussions préliminaires entre les opérateurs", a quant à lui indiqué le directeur financier d'Orange, Laurent Martinez.
En cas de validation par le tribunal, il faudra encore qu'Altice attende l'épuisement des délais de recours, en cas d'éventuels appels de la décision, pour être fixé sur son sort.
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