Le PDG du groupe allemand avait fait état au printemps dernier de discussions avec des acquéreurs potentiels, concernant les activités de Rheinmetall dans le secteur automobile et de l'énergie.
Des canons de chars Leopard, à l'usine Rheinmetall d'Unterluess, en juin 2023 (illustration) ( AFP / AXEL HEIMKEN )
Pendant que l'Allemagne acte à coups de dizaines de milliards d'euros le grand réarmement plaidé par le chancelier Merz, le mastodonte Rheinmetall s'adapte au grand virage de la politique de défense nationale par une décision radicale.
Quelques heures après l'annonce d'une nouvelle enveloppe de près de 50 milliards d'euros d'achats militaires, qui porte les projets d'armement de la Bundeswehr à près de 83 milliards d'euros en 2025, le premier groupe de défense allemand a annoncé mercredi 17 décembre se séparer de l'ensemble de ses activités civiles pour se recentrer exclusivement sur le secteur militaire.
Le groupe de Düsseldorf, qui fabrique des munitions, de l'artillerie ou encore des véhicules militaires, a été l'un des principaux bénéficiaires de la demande en forte hausse liée au réarmement de l'Europe dans le contexte de la guerre en Ukraine. Il compte désormais se séparer de ce qui ne relève pas des activités de défense. C'est pourquoi son directoire "a décidé en décembre 2025 d'entrer en négociation avec deux acquéreurs" qui ont déposé des offres, et il "vise la signature d'un contrat (de vente) au premier trimestre 2026", selon un communiqué.
Des discussions avec des parties potentiellement intéressées ont lieu depuis avril 2025, a-t-il été précisé.
Rheinmetall renforce ses activités dans le naval et le spatial
La partie du groupe mise en vente concerne principalement les activités de fourniture pour l'industrie automobile ainsi que des composants destinés au secteur de l'énergie. Une cession faisait déjà l'objet de spéculations depuis un certain temps. À la suite de cette décision, les activités destinées à être vendues sont désormais considérées comme séparées du reste du groupe. Cela entraîne l'enregistrement d'une provision pour dépréciations de 350 millions d'euros sur les actifs cédés, sans impact sur la trésorerie ni sur les activités principales de Rheinmetall. En ne tenant compte que des activités militaires, Rheinmetall anticipe pour l'exercice 2025 une croissance du chiffre d'affaires entre 30 % et 35%, par rapport à 7,7 milliards d'euros en 2024, ainsi qu'une marge opérationnelle comprise entre 18,5% et 19,0%.
Le groupe a annoncé en septembre son expansion dans le secteur naval avec l'acquisition du constructeur allemand de navires de guerre Naval Vessels Luerssen (NVL). Rheinmetall prévoit également de se lancer dans la construction de satellites, dans un secteur où le fabricant de drones Helsing a présenté le 10 décembre dernier un projet concurrent, en alliance avec le groupe norvégien Kongberg (ex-branche d'électronique de défense d'Airbus), Hensoldt et la jeune pousse Isar Aerospace. Ce duel annoncé entre le poids-lourd industriel allemand et son nouveau rival mène les jeunes acteurs allemands du secteur à demander aux autorités de prendre le virage hi-tech pour transformer l'approvisionnement militaire du pays, trop dépendant selon eux des systèmes traditionnels.
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