(Corrige au dernier paragraphe l'objectif de revenus annuels (2 milliards et non 3 milliards))
par Mathieu Rosemain
PARIS, 10 septembre (Reuters) - L'éditeur français de jeux vidéo Ubisoft UBIP.PA reste ouvert à des partenariats après l'accord avec le géant chinois Tencent 0700.HK qui va monter au capital de la société, a déclaré son PDG et cofondateur Yves Guillemot.
Le studio d'Assassin's Creed, des Lapins Crétins ou de Just Dance présentait samedi soir la conférence Ubisoft Forward, diffusée en ligne, afin de dévoiler ses nouveautés pour 2023 en avant-première, notamment le prochain volet d'Assassin's Creed - Mirage -, une franchise qui fête ses 15 ans.
Les propos d'Yves Guillemot ont été tenus jeudi dans le cadre d'une conférence de presse, et ne pouvaient être rendus publics qu'à l'occasion d'Ubisoft Forward.
Ubisoft, numéro un français créé en 1986, a annoncé mardi soir un accord avec Tencent qui autorise le chinois à monter au capital du groupe et au sein de la holding familiale des Guillemot, qui se prémunissent ainsi contre une potentielle offensive dans un secteur en pleine consolidation.
L'opération valorise à plus de dix milliards d'euros le groupe, qui a été malmené en Bourse après l'annonce de l'accord.
Tencent est autorisé à porter sa participation de 4,99% à 9,99% et a pris 49,9% au capital de Guillemot Brothers Limited, pour seulement 5% de droits de vote. Il ne sera pas représenté au conseil d'administration et n'aura aucun droit d’approbation ou de véto opérationnel.
"Nous restons totalement indépendants, et nous pouvons agir avec n'importe quelle compagnie extérieure si nous le voulons", a souligné jeudi Yves Guillemot, fondateur d'Ubisoft avec ses quatre frères.
"Nous pouvons faire ce que nous voulons", a-t-il insisté.
TURBULENCES
Analystes et acteurs du marché relèvent que l'opération avec Tencent retire en effet tout attrait spéculatif au groupe, qui était parvenu à repousser un raid lancé en 2015 par Vivendi
VIV.PA .
La famille avait toutefois été ébranlée par l'OPA hostile du groupe de Vincent Bolloré, en 2016, sur Gameloft, l'éditeur de jeux sur mobile créé par Michel Guillemot.
La fratrie bretonne n'entend pas céder aux prédateurs, alors que Microsoft brigue Activision Blizzard, propriétaire de Call of Duty, Warcraft et Candy crush, pour 69 milliards de dollars.
"Notre intention première, c'est d'être maîtres de notre destin", a martelé Yves Guillemot, 62 ans.
Les accusations de harcèlement, lancées à l'été 2020 sur les réseaux sociaux, par plusieurs femmes contre des cadres d'Ubisoft ont également fait tanguer le navire. Visé par une plainte de Solidaires Informatique pour "harcèlement sexuel institutionnalisé", le groupe a depuis remanié sa gouvernance et engagé une politique interne contre les comportements abusifs.
"Oui, nous avons trébuché, et nous l'avons reconnu", a témoigné Yves Guillemot.
"Nous avons beaucoup appris et avons réalisé des progrès significatifs avec des plans d'action concrète sous l'égide de nos dirigeants".
Autre écueil, le groupe a dû revoir ses plans face à des ventes décevantes et repousser la sortie de plusieurs titres.
Il compte sur ses trois piliers - "Assassin's Creed", "Far Cry" et "Tom Clancy's Rainbow Six" - pour renouer avec la croissance via un essor sur toutes les plateformes digitales, a dit Yves Guillemot, qui table sur deux milliards d'euros de revenus annuels en cinq ans.
(Reportage Mathieu Rosemain, version française Sophie Louet)
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