NEW DELHI/AHMEDABAD, 30 mars (Reuters) - Une centaine de travailleurs ayant perdu leur emploi du fait du confinement décrété en Inde contre le nouveau coronavirus étaient détenus lundi pour avoir bravé dimanche cette mesure qui a privé des centaines milliers d'employés pauvres de leurs moyens de subsistance.
Le Premier ministre Narendra Modi a ordonné la semaine dernière un confinement généralisé en vigueur depuis mercredi et jusqu'au 15 avril dans le deuxième pays le plus peuplé du monde, avec 1,3 milliard d'habitants.
Cette annonce a déclenché une véritable crise humanitaire, des centaines de milliers de travailleurs pauvres employés dans les grandes villes comme New Delhi et Bombay tentant de regagner leur région d'origine à pied après avoir perdu leur emploi.
Bon nombre d'entre eux sillonnent des autoroutes désertées depuis plusieurs jours, parfois accompagnés de familles et de jeunes enfants, avec un accès restreint à l'eau ou la nourriture.
Dimanche, dans la ville de Surat, dans l'ouest de l'Inde, la police a eu recours à des gaz lacrymogènes face à une foule d'environ 500 personnes réclamant d'être autorisées à rentrer chez elles dans d'autres régions du pays puisqu'elles n'avaient plus d'emploi.
"La police a tenté de les convaincre que c'était impossible puisqu'il n'y a plus de bus ou de trains", a expliqué Vidhi Chaudhari, commissaire adjoint de la police de Surat, en précisant que ces travailleurs avaient refusé de bouger et avaient commencé à lancer des pierres sur les forces de l'ordre.
Selon cette représentante de la police locale, 93 de ces manifestants se trouvaient en détention lundi pour infraction au confinement.
Les autorités sanitaires soulignent que ces transferts massifs d'habitants vers les zones rurales augmentent la circulation du virus dans un pays dont le nombre d'habitants compromet déjà la probabilité de parvenir à enrayer sa progression.
Dans l'Etat septentrional de l'Uttar Pradesh, une chaîne de télévision locale a diffusé des images d'un groupe de travailleurs en transit vers leur village d'origine en train d'être aspergés de désinfectant par des personnes en combinaison de protection, suscitant un tollé sur les réseaux sociaux.
Le responsable du district, Nitish Kumar, a par la suite expliqué que des agents des services de santé avaient reçu l'ordre de désinfecter des bus utilisés par les autorités locales mais avaient fait preuve d'un excès de zèle en aspergeant également ces travailleurs migrants.
"J'ai demandé à ce que des mesures soient prises contre les responsables de cette situation", a-t-il dit dans un tweet.
Le ministère indien de la Santé a fait part lundi d'un total de 1.071 cas de contamination par le nouveau Coronavirus SARS-CoV-2 en Inde, dont 29 décès.
Si le bilan reste relativement faible en comparaison de la situation en Chine, en Italie ou aux Etats-Unis, les autorités sanitaires s'attendent à ce que l'Inde soit confrontée dans quelques semaines à une explosion des cas qui pourrait déborder un système de santé public déjà défaillant.
(Sanjeev Miglani et Sumit Khanna ; version française Myriam Rivet, édité par)
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