par William James et Kate Abnett
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a profité de son discours d'ouverture du sommet annuel des Nations unies sur le climat (COP29) qui a débuté lundi à Bakou pour répondre aux critiques occidentales contre l'industrie pétrolière et gazière de son pays, affirmant qu'il était victime d'une "campagne bien orchestrée de calomnie et de chantage".
Près de 200 pays se réunissent dans la capitale azerbaïdjanaise jusqu'au 22 novembre pour tenter de parvenir, entre autres, à un accord qui permettrait de consacrer chaque année 1.000 milliards de dollars à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.
L'Azerbaïdjan s'est attiré toutefois les critiques de plusieurs pays et organisations de protection du climat en raison de son économie fortement dépendante des revenus du pétrole et du gaz, qui représentaient 35% du produit intérieur brut (PIB) en 2023, contre 50% deux ans plus tôt. Le gouvernement affirme que ces revenus continueront à diminuer, pour atteindre 22% en 2028.
"Malheureusement, la politique du deux poids deux mesures, l'habitude de faire la leçon aux autres pays et l'hypocrisie politique sont devenues une sorte de modus operandi pour certains hommes politiques, des ONG contrôlées par l'État et des médias d'information fictifs dans certains pays occidentaux", a déclaré mardi Ilham Aliyev lors d'un discours.
Le président de l'Azerbaïdjan a tenu ces propos quelques instants avant que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ne déclare que doubler la mise sur les combustibles fossiles était une stratégie absurde.
Ces points de vue opposés soulignent le défi auquel sont confrontées les négociations sur le climat, de nombreux pays occidentaux continuant de dépendre des combustibles fossiles tout en essayant de faire pression sur les pays qui le produisent pour qu'ils passent à des sources d'énergie plus vertes.
"NOUS DEVONS ÊTRE RÉALISTES"
"En tant que président de la COP29, nous serons bien sûr un fervent défenseur de la transition verte, et c'est ce que nous faisons. Mais en même temps, nous devons être réalistes", a déclaré Ilham Aliyev, qui a qualifié par le passé les ressources pétrolières et gazières de son pays de "don de Dieu".
"Il ne faut pas reprocher aux pays de les posséder, ni de mettre ces ressources sur le marché, parce que le marché en a besoin. Les gens en ont besoin", a-t-il dit.
Il a particulièrement critiqué les États-Unis, premier émetteur historique de carbone au monde, et l'Union européenne (UE).
Les États-Unis sont le plus grand producteur mondial de pétrole et de gaz, tandis que les pays européens se sont empressés de s'assurer de nouvelles sources d'approvisionnement en gaz pour se défaire de leur dépendance aux importations de combustibles fossiles russes après l'invasion de l'Ukraine par Moscou en 2022, malgré les objectifs stricts de réduction des émissions que Bruxelles a fixés pour 2030.
Le conseiller national de la Maison blanche pour les questions relatives au climat, Ali Zaidi, a balayé les remarques du président azerbaïdjanais, affirmant que si chaque pays décarbonisait au même rythme que les États-Unis, le monde atteindrait ses objectifs en matière de climat.
L'Union européenne n'a pas souhaité faire de commentaires.
"COMPTE À REBOURS"
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a prévenu dans un discours prononcé à la suite de celui d'Ilham Aliyev que le temps était compté pour limiter une hausse destructrice des températures mondiales.
"Le son que vous entendez est celui du tic-tac de l'horloge. Nous sommes dans le compte à rebours final pour limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius et le temps ne joue pas en notre faveur", a-t-il averti.
De nombreux dirigeants mondiaux de premier plan n'étaient pas présents pour entendre le message d'Antonio Guterres, alors que les guerres en Ukraine et dans la bande de Gaza et la réélection, la semaine dernière, du républicain Donald Trump, qui a qualifié par le passé le changement climatique de canular, à la présidence de la plus grande économie du monde, risquent de peser sur les négociations.
Parmi les absents figurent le président américain Joe Biden, le président chinois Xi Jinping, qui a envoyé un adjoint, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz n'ont pas fait le déplacement non plus.
Le sommet intervient alors que 2024 devrait être l'année la plus chaude jamais enregistrée, selon les prévisions scientifiques, et après une série de catastrophes météorologiques majeures, dont les pires inondations de l'histoire moderne de l'Espagne à la fin du mois d'octobre.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui s'est lui rendu à Bakou, s'est engagé mardi à réduire les émissions de gaz à effet de serre de son pays de 81% d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990, contre un objectif actuel de 78%.
Le Comité sur le changement climatique (CCC), qui conseille le gouvernement britannique sur les questions climatiques, a formulé le mois dernier cette recommandation, qui exclut les émissions de l'aviation et du transport maritime internationaux.
(Avec la contribution de Susanna Twidale, Richard Valdmanis et Sachin Ravikumar ; version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)
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