Conférence de presse de l'Alliance à Boulogne-Billancourt près de Paris
L'industrie automobile européenne risque de devoir débourser 15 milliards d'euros en amendes sur ses émissions de CO2 au vu du faible rythme actuel des ventes de voitures électriques, a déclaré samedi Luca de Meo, le directeur général du groupe Renault.
"Si l'électrique reste au niveau d'aujourd'hui, l'industrie européenne va peut-être devoir payer 15 milliards d'euros d'amendes ou renoncer à la production de plus de 2,5 millions de véhicules et de véhicules utilitaires", a-t-il dit sur France Inter.
"La vitesse de montée en cadence de l'électrique est la moitié de celle dont on aurait besoin pour atteindre les objectifs qui nous permettraient de ne pas payer d'amendes à la communauté européenne, donc on est à la moitié de la vitesse, un peu tous, je ne parle pas de Renault", a ajouté Luca de Meo, également président actuel de l'Association des constructeurs automobiles européens (Acea).
L'Union européenne prévoit d'interdire la vente de moteurs thermiques en 2035. Dès l'an prochain, le plafond autorisé pour les émissions du principal gaz à effet de serre sera fortement abaissé à moins de 94 grammes de CO2 par kilomètre, contre 116 g/km en 2024, avec à la clé une amende de 95 euros par gramme de dépassement, le tout multiplié par le nombre de véhicules immatriculés.
Les véhicules électriques, qui n'émettent pas de CO2 en roulant, permettent d'abaisser la moyenne des émissions des constructeurs. Selon des analystes, les grands groupes automobiles risquent plusieurs centaines de millions d'euros d'amende par an en cas de dépassement.
"Tout le monde parle de 2035, dans dix ans, mais on devrait parler de 2025 parce que là, on est déjà dans le dur", a poursuivi le directeur général de Renault. "Il faut qu'on nous donne un peu de flexibilité. Mettre des échéances et des amendes sans avoir la possibilité de flexibiliser ça, c'est très très dangereux."
Des responsables politiques et des professionnels du secteur s'interrogent de plus en plus sur une révision ou un abandon de l'interdiction des moteurs thermiques, décidée dans le cadre des objectifs européens de décarbonation du continent depuis la bascule à droite du Parlement européen aux élections de juin.
Luca de Meo s'est aussi exprimé sur la fermeture d'un ou plusieurs sites allemands annoncée la semaine dernière chez Volkswagen, son ancienne maison, mais a écarté l'idée que le groupe le losange lui emboîte le pas.
"Ça fait 25 ans que l'industrie automobile européenne a 30%de surcapacité. Heureusement, ce n'est pas le cas de Renault parce (...) qu'il y a quelques années, on a dû faire un régime très dur (...) donc on tourne aujourd'hui à 90% de capacités. Je pense qu'on pourrait être anticyclique, mais le contexte est très compliqué", a-t-il dit.
(Rédigé par Nicolas Delame, avec la contribution de Gilles Guillaume)
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