
L'étude TARGET constitue une des bouées de sauvetage de Cerenis. Dans cet essai, CER-001 est évalué pour sa capacité à cibler préférentiellement les cellules cancéreuses. (crédit : Adobe Stock)
Le directeur général de la biotech toulousaine Jean-Louis Dasseux quitte ses fonctions ce mercredi 19 décembre 2018. Fondateur de Cerenis en 2005, il laisse sa place à Richard Pasternak, président du conseil d'administration. Cyrille Turpin, actuel directeur financier, est pour sa part nommé directeur général délégué.
Deux jours plus tôt, Cerenis avait annoncé des résultats positifs dans l'étude TARGET, un essai clinique de phase II évaluant son produit phare, CER-001, contre le cancer de l'œsophage. Ce succès n'aura pas été suffisant pour relancer le titre en chute libre depuis l'échec décisif, annoncé début décembre, de l'étude clinique de phase III TANGO, qui testait ce même produit chez les patients atteints d'hypoalphalipoprotéinémie familiale primaire (FPHA).
Cette maladie génétique rare est caractérisée par une déficience en particules HDL. Elle entraine chez les patients une accumulation de cholestérol, en particulier sur les parois des vaisseaux sanguins.
Cette absence d'efficacité de CER-001, un complexe regroupant une protéine naturelle des HDL et des phospholipides, constitue le deuxième revers majeur, après celui de l'étude CARAT en mars 2017. Dans cet essai, le produit était évalué chez des patients en prévention de risques d'infarctus chez des patients ayant déjà subi un syndrome coronarien aigu (SCA). Leur artère coronaire était alors partiellement ou totalement obstruée par une plaque d'athérosclérose, sur laquelle devait agir CER-001.
Un signal positif
Pour Jamila El Bougrini, analyste chez Gilbert Dupont, ce changement de direction représente plutôt un signal positif. « Après deux échecs majeurs pour Cerenis Therapeutics, il n'est pas étonnant que les parties prenantes souhaitent qu'une nouvelle vision stratégique soit apportée, notamment en termes de décisions opérationnelles ». Dans la FPHA, l'inefficacité du médicament, incapable de se différencier du placebo est indubitable. Néanmoins pour l'étude CARAT, le monitoring de l'étude pourrait être en cause, notamment par rapport à la méthode d'imagerie, qui s'est avérée inadaptée à la mesure précise de la taille de la plaque d'athérome.
L'étude TARGET constitue une des bouées de sauvetage de Cerenis. Dans cet essai, CER-001 est évalué pour sa capacité à cibler préférentiellement les cellules cancéreuses, mais il lui reste encore beaucoup d'étapes à franchir avant de représenter une solution médicale prometteuse. «Cette phase II a validé le biomarquage des cellules tumorales par CER-001, mais ça ne constitue pas une validation thérapeutique. Il faut maintenant réussir à mettre au point l'HDL-médicament, ce qui n'est pas une mince affaire. Pour d'autres technologies qui reposent sur le même principe de liaison d'un médicament à un vecteur, la phase de liaison a nécessité un temps de développement significatif, et plusieurs études ont échoué du fait d'un manque de stabilité dans la liaison entre le médicament et le vecteur. Tout reste donc à faire pour le CER-001 dans l'oncologie», analyse Jamila El Bougrini.
Un avenir également lié à CER-209
Outre l'étude TARGET, l'avenir de Cerenis Therapeutics est aussi très lié au composé CER-209, actuellement en début de développement dans la stéato-hépatite non alcoolique (NASH). Après de premiers résultats en doses uniques publiés en 2017, les dirigeants attendent de nouvelles données pour la fin de l'année, cette fois en doses multiples. «Ces résultats vont être déterminants pour la suite des activités de Cerenis. Si les résultats sont positifs, alors l'on pourra espérer un rebond en bourse du titre», explique Jamila El Bougrini. De quoi entretenir l'espoir. En effet avec une trésorerie de 12.9M€ au 30 septembre 2018, la société dispose d'une autonomie financière d'au moins un an. Voire plus, car Cerenis retourne maintenant à des financements de phases early stage qu'elle a les moyens de couvrir. En revanche, si l'on doit être confronté à un nouvel échec, la réaction des marchés risque d'être radicale.
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