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CAC 40, moyenne mobile un an, changement de tendance, crise Ukraine-Russie, sanctions économiques et financières, impact sur les bénéfices d'entreprises, figure tête et épaules.
Après 8 mois de consolidation, le CAC 40 a enfoncé fin février sa moyenne mobile un an , dans des volumes importants. Le signal est très clair : le marché des actions a quitté sa tendance haussière et a commencé dans la douleur un cycle baissier. Evidemment, la crise géopolitique majeure et les opérations militaires russes sur le territoire ukrainien ont servi de catalyseur . La période de déni se termine et les investisseurs ont pris conscience de la gravité de la situation. La résilience du marché jusqu'aux craquements de la fin février, était due aux spectaculaires publications des entreprises . Chaque jour a apporté sa publication de résultat très supérieur aux prévisions. A chaque fois la hausse des cours des actions concernées a permis de compenser les autres éléments négatifs de marché. Kering , Total Energies , Stellantis , SCOR , etc.. sont venus à point nommé soutenir un marché qui en avant bien besoin. Cette dernière semaine clôturera ce qui restera probablement pendant très longtemps, la plus longue et la plus intense période de révision en hausse des anticipations de bénéfices jamais observée . Ainsi, le BPA 2021 de l'Eurostox est-il passé de 20,9€ fin 2020, à 27,9€ aujourd'hui, soit une révision en hausse de plus de 33% en un peu plus d'un an.

source: Factset et Valquant Expertyse
Mais aujourd'hui il faut se rendre à l'évidence :
ce qui a aidé le marché à résister pourrait désormais le desservir
. En effet,
les sanctions économiques et financières
annoncées récemment à l'encontre le de Russie vont être
très couteuses pour les entreprises occidentales
. Elles pourraient catalyser un cycle de révision en baisse des anticipations de bénéfice des entreprises, qui menaçait déjà, indépendamment des développements dramatiques de l'actualité géopolitique. A ce stade, il est difficile de dresser un inventaire complet, mais déjà plusieurs points peuvent être évoqués.
Tout d'abord
, dans la mesure ou les sanctions, notamment le débranchement partiel du système Swift,
ressemblent de plus en plus à une forme de « blocus » de la Russie et d'embargo sur les produits russes
, il faut d'attendre à l'équivalent d'un
défaut de la Russie
sur sa dette publique, bancaire et privée. Rien que cela constitue pour le système bancaire occidental et les très nombreuses entreprises occidentales en affaires de près ou de loin avec des entreprises russes, un choc important, voire majeur. Par exemple, Raiffeisen Bank, la banque occidentale la plus engagée en Russie, a annoncé la suspension de son dividende. Il est très difficile de mesurer précisément cet effet, mais certains observateurs considèrent déjà que les montants en jeu
seraient de l'ordre de l'encours des subprime en 2007
…
Ensuite, les désorganisations industrielles vont émailler le discours des entreprises ...et leurs alertes sur chiffre d'affaires ou profit. Le 1er mars, Volkswagen a fait état de rupture d'approvisionnement de certains de ses fournisseurs ukrainiens. Nokian , le pneumaticien nordique, qui emploie 1 600 personnes en Russie, a lancé une alerte sur ses perspectives 2022. Sandvik suspend ses activités commerciales avec la Russie, ou le groupe emploie 900 salariés. On imagine sans peine les désordres liés à la guerre non seulement sur le territoire ukrainien, mais aussi dans les pays limitrophes. Les problèmes de logistiques de la crise du Covid pourraient être relayés par des ruptures d'approvisionnement généralisées pour l'industrie allemande. On sait qu'elle s'est beaucoup tournée vers les pays d'Europe Centrale et de l'Est, pour bénéficier d'un cout de main d'œuvre plus faible qu'en Europe Occidentale
Enfin, les arrêts purs d'activité et les cessions de participations dans des entreprises russes vont avoir un cout que les analystes tentent de mesurer au fur et à mesure des annonces des entreprises. Les énergéticiens européens sont naturellement en première ligne, et notamment BP qui a annoncé le premier la cession de sa participation de 19,8% dans la société russe Rosneft et sa mise à zéro dans ses comptes, ce qui induit une perte exceptionnelle de 25 Mds$. Shell et Equinor ont annoncé l'arrêt pur et simple de leurs opérations en Russie, tandis que TotalEnergies a annoncé de son coté de plus investir dans de nouveaux projets en Russie. Par ailleurs, Maersk , le leader mondial du transport maritime, a annoncé ne plus desservir les ports russes, comme MSC . La liste est longue, et la mesure agrégée de l'ensemble de ces décisions est très difficile à réaliser. Elle sera significative, c'est tout ce que l'on peut dire aujourd'hui, et pourrait à notre avis catalyser un cycle de révisions en baisse des anticipations de bénéfices.
Au total, l'impact de la crise ukrainienne sur les bénéfices 2022 des entreprises européennes sera important
. Les différents mesures prises par les entreprises actives en Russie aura un cout direct élevé. Il se rajoute aux effets négatifs sur la conjoncture économique générale, via la flambée des cours du pétole et la dégradation de la psychologie des acteurs de l'économie, ménages ou entreprises. Le potentiel de baisse du CAC 40 est important, sur la base de ces arguments fondamentaux.
Les arguments techniques militent aussi pour une baisse du CAC 40 jusque 6 100/6200 points à court terme
. En effet, l'indice national a dessiné une figure « tête et épaules » au cours des 6 derniers mois.

source: Factset et Valquant Expertyse
Cette figure est hautement baissière. La « ligne de cou » (+ / - 6 650-6 750) a été franchie précisément au niveau de la moyenne mobile un an, et dans des volumes de transaction élevés. Elle libère le potentiel baissier de la figure, qui sépare le haut de la tête à la ligne de cou, soit 600 points. L'objectif est ainsi fixé entre 6 100 et 6200 points. En attendant la suite….
Eric Galiegue, 2 mars 2022
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