
( AFP / ERIC PIERMONT )
Le Brésil a octroyé mardi la concession de champs pétroliers proches de l'Amazonie à quatre multinationales, lors d'enchères vivement critiquées par les écologistes, alors que le pays sud-américain s'apprête à accueillir la COP30 en novembre.
Dix-neuf des 47 blocs offerts dans cette zone intitulée "bassin de l'embouchure de l'Amazone" par l'Agence nationale du pétrole, organisme public qui organise ces enchères, ont trouvé preneurs pour un total de 844 millions de réais, soit environ 153 millions de dollars.
Ils ont été repartis entre deux consortiums: le premier formé par la compagnie pétrolière publique Petrobras et le géant américain ExxonMobil, le second par une autre major des Etats-Unis, Chevron, et le groupe étatique chinois CNPC.
Cette zone d'exploration en eaux profondes dans l'océan Atlantique est située, comme son nom l'indique, à proximité de l'embouchure du fleuve emblématique de la plus grande forêt tropicale de la planète, laquelle joue un rôle crucial dans l'absorption des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
La zone est largement considérée comme la "nouvelle frontière" de l'énergie au Brésil, premier producteur de pétrole d'Amérique latine.
"C'est alarmant que plus de 40% des blocs offerts dans ce bassin aient trouvé preneurs lors de ces enchères", a réagi Mariana Andrade, de Greenpeace Brésil, dans un communiqué envoyé à l'AFP.
"En remportant 10 blocs en consortium avec ExxonMobil, Petrobras joue les premiers rôles dans un projet politique risqué qui entame la crédibilité environnementale du Brésil", a-t-elle ajouté.
Une centaine de manifestants, parmi eux des indigènes arborant des coiffes de plumes et des tenues traditionnelles, se sont rassemblés devant l'hôtel de Rio de Janeiro où sont réalisées les enchères.
Des membres du collectif Arayara étaient juchés sur un camion où était accrochée une grande pancarte où l'on pouvait lire "Arrêtez les enchères du Jugement dernier".
Preuve que le dossier suscite des tensions au sein même de l'appareil d'État, le ministère public fédéral avait réclamé jeudi la suspension des enchères. Il estime qu'elles "violent une série d'obligations légales et d'engagements climatiques", en l'absence "d'études adéquates" sur l'impact de l'exploration pétrolière près de l'embouchure de l'Amazone.
- "Tourné vers le passé" -
Dans cette même zone, le géant brésilien Petrobras est dans l'attente d'une licence de l'organe public de surveillance environnementale Ibama pour lancer un méga-projet d'exploration pétrolière dans un bloc dont la compagnie a obtenu la concession en 2013.
Le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui se pose en leader mondial de la lutte contre le réchauffement climatique, s'est montré favorable à ce projet malgré les critiques des écologistes.
"Si cette richesse existe, on ne peut pas s'en passer, car elle va nous aider à faire la transition énergétique, à obtenir de l'argent pour préserver nos forêts", avait déclaré Lula en février.
"Il faut agir avec responsabilité. Je ne veux pas que l'exploration pétrolière cause le moindre dommage à l'environnement", avait-il ajouté.
Le plus grand pays d'Amérique latine accueillera en novembre la conférence de l'ONU sur le climat COP30, dans la ville amazonienne de Belem.
"Le Brésil manque une opportunité d'être un leader de la décarbonation et de la protection environnementale. En se tournant vers le passé, le gouvernement affirme clairement sa volonté d'augmenter sa production pétrolière", fustige Suely Araujo, ancienne présidente de l'Ibama et coordinatrice du collectif d'ONG Observatoire du climat, citée dans un communiqué.
Le Brésil espère produire 5,3 millions de barils par jour en 2030, contre 4,68 millions par jour en avril de cette année, selon les données officielles.
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