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Bourse : quel redémarrage possible pour les valeurs françaises de l'auto ?
information fournie par Boursorama 29/05/2020 à 16:52

Sarah  Belhadi
Sarah  Belhadi

Sarah Belhadi

BoursoBank

Chef de rubrique Bourse

(Crédits photo : Unsplash - Zakaria Zayane )

(Crédits photo : Unsplash - Zakaria Zayane )

La crise du Covid-19 est intervenue dans un contexte déjà complexe pour l'industrie automobile en plein virage structurel. La mise à l'arrêt quasi-totale de l'activité en raison du confinement a fragilisé les acteurs du secteur, constructeurs et équipementiers. Les titres ont fortement chuté en Bourse, les investisseurs se détournant de valeurs trop cycliques.

Une crise avant la crise

Les chiffres sont vertigineux. Le marché français des voitures neuves a chuté de 72% en mars, et de 90% en avril. Résultat, les stocks de voitures neuves se sont  accumulés chez les concessionnaires. Chez les constructeurs et équipementiers, le cash s'est évaporé dangereusement en raison de l'arrêt de la quasi totalité des usines.

De nombreux analystes estiment que le choc de l'offre et de la demande s'est révélé bien plus violent que pendant la crise de 2008-2009. Pour la filière,  la crise sanitaire a commencé très tôt. Dès janvier, quand la Chine fait face à l'épidémie de Covid-19. Puis en mars quand l'Europe va à son tour connaître  une mise en sommeil de l'activité. Difficilement modélisable (de part son ampleur et les incertitudes sur son issue), cette crise sanitaire est intervenue dans un contexte où la filière automobile était fragilisée, contrainte de se repenser et s'adapter.

Car, après presque dix années de croissance, le moteur a calé pour l'automobile. Dès 2018. D'abord parce que le premier marché automobile au monde, la Chine, a vu ses ventes de voitures neuves reculer cette année-là, une première dans le pays depuis les années 1990. «Cette situation a provoqué un ralentissement de la croissance mondiale du secteur. A cela, il faut y ajouter l'obligation pour les constructeurs automobiles d'investir dans des solutions moins émettrices de CO2 (véhicules électriques et hybrides) pour se plier aux règles environnementales alors même que cela ne reflète pas totalement les demandes des consommateurs», souligne Damien Mariette, gérant chez Sycomore AM, spécialiste du secteur automobile. «Nous étions dans un environnement exceptionnel en raison de l'ampleur du changement structurel auxquels les constructeurs devaient se soumettre. La crise est venue accentuer la situation et a fragilisé les acteurs, rendant ainsi cette transition plus difficile pour la filière», résume José Baghdad, spécialiste de la filière chez PwC. D'autant plus que l'année 2019 a été particulièrement décisive pour bon nombre d'acteurs du secteur, «en termes d'investissements, de gamme, de services proposés, mais aussi sur le sujet d'alliances qui devaient se renforcer».

L'accumulation de stocks est venue mettre en péril l'avenir de nombreux acteurs. Après plus de deux mois de crise, le gouvernement a annoncé mardi 26 mai un plan de relance de 8 milliards d'euros - qui ressemble surtout à un plan d'urgence - pour venir en aide au secteur, et écouler les stocks de voitures neuves. Si l'enjeu est de sauver un pan entier de l'économie, il faut rappeler que le consommateur reste l'alpha et l'oméga du marché. « La crise actuelle provoque une incertitude et une insécurité chez les consommateurs. Il n'est pas certain qu'ils se bousculent chez les concessionnaires pour acheter une voiture, même avec des primes », prévient Eric Kirstetter, associé chez Roland Berger.

D'autant plus que la mise à l'arrêt de l'activité a ébranlé un grand nombre de secteurs (tourisme, services, transport aérien) et que les conséquences sur l'emploi se profilent extrêmement violentes. L'automobile, secteur cyclique par excellence, sera logiquement touché…En outre, deuxième problématique, si les mesures d'incitation à l'achat (bonus, primes) peuvent stimuler la demande sur une période donnée, le vrai challenge va se jouer sur les années à venir, quand les dispositifs d'aides ne doperont plus artificiellement les ventes. Enfin, et non des moindres, il faut noter que cette crise sanitaire est venue remettre en question le modèle de distribution de la filière, celui de concessionnaires.

Match PSA Renault

Pour les constructeurs automobiles français, la crise est arrivée dans un contexte différent pour chacun. PSA, qui a connu une période très compliquée il y a pratiquement 10 ans, a su se remettre en selle. Le groupe a refermé l'année 2019 avec de très bons résultats dont un record de rentabilité. «PSA s'est montré exemplaire en termes de performance industrielle : ils ont optimisé leurs usines tout en parvenant à entretenir une certaine image de qualité», note Eric Kirstetter, associé chez Roland Berger. Il faut toutefois nuancer car le constructeur n'était pas à l'abri des difficultés pour l'avenir : effondrement des immatriculations en Chine en 2019, marges à la baisse en raison de la réglementation européenne sur le CO2, projet de mariage avec FCA.

Pour Renault, le contexte était tout autre : doutes sur les capacités de production, concurrence des autres protagonistes sur la voiture éléctrique, puis l'affaire Carlos Ghosn alors PDG de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors… « Le groupe s'était pourtant révélé précurseur sur la voiture électrique. Il était également prêt à mettre en oeuvre une stratégie de rapprochement avec Fiat pour avoir un meilleur amortissement mais a souffert d'un situation de gouvernance flottante après l'affaire Carlos Ghosn », rappelle José Baghdad de PwC.

En Bourse, les investisseurs se sont détournés de l'automobile. Pour le titre de la marque au losange, c'est une descente aux enfers qui s'est accélérée avec la chute de son emblématique ex-PDG. Mais depuis quelques jours, Renault semble intéresser de nouveau le marché. Sur la séance du mercredi 27 mai, le titre a regagné 17,47%. «Si le plan de soutien gouvernemental à la filière est évidemment un signal positif pour les marchés, c'est surtout les nouvelles annonces du consortium Renault Nissan Mitsubishi avec une réorientation stratégique qui redonne confiance aux investisseurs sur le titre», analyse Frédéric Rozier, gérant de portefeuilles chez Mirabaud. «Je dirai que la remontée du cours de l'action Renault est liée à 60% aux annonces de l'alliance, et à 40% grâce au plan du gouvernement». A cela, il faut ajouter l'arrivée imminente du nouveau patron du groupe : Luca de Meo qui devrait mettre en oeuvre la nouvelle stratégie du groupe avec comme mot d'ordre qualité, et non plus quantité.

Résultat, l'horizon s'éclaircit. «Renault est un dossier sur lequel on se sent plus à l'aise : le groupe est bien positionné sur l'électrique et sur les perspectives à moyen terme. Le soutien de l'Etat est une bouffée d'oxygène», confie le gérant de chez Mirabaud. Quid de Peugeot ? «Les fondamentaux sont bons, la situation financière est extrêmement favorable. En intégrant le plan de relance, on anticipe une baisse des ventes en 2020 de 10 à 15%»

Michelin et Plastic Omnium, la résilience dans la tempête

Cette période de fortes turbulences a mis en difficulté les équipementiers automobiles. Novares a brûlé 4 millions d'euros de cash chaque jour à cause de l'arrêt de la quasi-totalité de ses 45 usines mondiales. Le groupe a été placé en redressement judiciaire le 24 avril et vient tout juste d'obtenir un accord avec ses créanciers. Faurecia a également vu son chiffre d'affaires lourdement chuter au premier trimestre (-19.3%). En outre, sur les marchés, «le titre souffre toujours d'une forme d'incertitude sur les conséquences de la fusion PSA-Fiat», note Frédéric Rozier.

D'autres se sont montrés plus résilients. Fin avril, Michelin a fait état d'une chute de seulement 8,3% de son chiffre d'affaires au premier trimestre et s'est montré rassurant estimant disposer de la liquidité suffisante sans tirer sur ses lignes de crédit. «Le groupe ne souffre pas tellement de la crise car il a su se diversifier que ce soit en termes de produits ou au niveau géographique», estime José Baghdad. Mieux, le fabricant de pneus est doté d'un réel pricing power, selon Frédéric Rozier de Mirabaud. «L'électrification de l'automobile est extrêmement positive pour Michelin qui a su développer des produits haut de gamme adaptés à la stratégie de verdir le parc automobile. Que ce soit pour la qualité de ces produits et par les volumes, Michelin est une valeur sûre », considère le gérant.

Dans un marché à l'arrêt, Plastic Omnium a également bien résisté. «Au premier trimestre, le recul du chiffre d'affaires affiche seulement 2% de baisse contre plus de 20% pour le secteur. La société devrait continuer à faire mieux que le marché.  Dans le même temps, l'équipementier a procédé très rapidement à des ajustements de sa production et sa politique de réduction de coûts. la situation bilantielle reste extrêmement favorable avec une trésorerie de plus 1,3 milliard d'euros fin 2019 et une ligne de crédit non tirée du même montant », note Frédéric Rozier.

Un plan de sauvetage gouvernemental favorable aux équipementiers

Le plan de sauvetage français devrait permettre à certains acteurs de tirer leur épingle du jeu. «Valeo devrait bénéficier des annonces gouvernementales grâce à son positionnement dans le véhicule électrique», note José Baghdad. D'autant plus que Valeo a une capacité d'investissement en continu. A tel point, souligne Frédéric Rozier, qu'il faut presque considérer le titre «comme une valeur technologique et non industrielle».

Pour Damien Mariette, gérant chez Sycomore AM, Plastic Omnium et Faurecia pourraient également bénéficier à l'avenir du développement des véhicules à hydrogène. «De plus, ces valeurs tirent parti de leur mix géographique avec environ un tiers de leurs résultats en Amérique du Nord, marché qui, par le passé, a démontré plus de facilité à redémarrer». A condition que les acheteurs soient au rendez-vous dans une économie sinistrée.

SB

1 commentaire

  • 01 juin 10:58

    Et les concessionnaires côtés comme groupe Parrot ?


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