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Bourse : «Les grandes incertitudes sont derrière nous»
information fournie par Boursorama 19/03/2019 à 13:25

Jean-Pascal Rolandez, gérant du fonds Ulysses LT Funds European General chez The LT Funds à Genève. (crédit : DR)

Jean-Pascal Rolandez, gérant du fonds Ulysses LT Funds European General chez The LT Funds à Genève. (crédit : DR)

L'année boursière a commencé sur les chapeaux de roue après une fin 2018 éprouvante sur les marchés. La tendance actuelle est-elle durable ? C'est le sentiment de Jean-Pascal Rolandez, gérant du fonds Ulysses LT Funds European General chez The LT Funds à Genève. Macroéconomie, politique monétaire, résultats d'entreprise le gérant détaille les raisons qui lui permettent d'être optimiste.

Boursorama : Votre dernière analyse conjoncturelle plutôt optimiste pour le second semestre 2018 ne s'est pas avérée. Qu'est-ce qui vous a surpris sur cette fin d'année dernière ?
Jean-Pascal Rolandez : Après avoir attendu une correction qui n'arrivait pas, mon erreur a été de penser qu'elle n'arriverait plus. Or, ce à quoi nous avons assisté au second semestre 2018, c'est bien une fin de cycle boursier, à l'image de ce qu'on a vu de juillet 2008 à mars 2009. Et un marché en fin de cycle veut une correction ou un krach pour recommencer. La purge a finalement été moins forte en temps et en amplitude qu'en 2008. A cette époque, le marché avait anticipé une récession économique forte et deux éléments avaient aggravé les choses : Lehman Brothers et Bernard Madoff. Cette fois-ci, on aurait pu avoir le dossier perturbateur de la Deutsche Bank mais c'est beaucoup mieux géré que le cas Lehman Brothers : ça se termine en fusion à l'amiable afin de ne pas effrayer les marchés et les investisseurs…

Boursorama : La Fed n'a-t-elle pas contribué à déstabiliser les marchés un peu plus au second semestre ?
Jean-Pascal Rolandez : Je ne le pense pas : la Fed a fait ce qu'elle a dit et même mieux. A Jackson Hole, elle avait balisé sa hausse des taux à 3,25% et précisé qu'elle prendrait six mois pour voir quels impacts la hausse des taux avait sur l'économie. Elle s'est finalement arrêtée avant parce qu'elle a vu que la hausse des taux produisait des effets. Le 28 décembre, Jerome Powell a « sauvé la Bourse » en disant qu'il arrêtait d'augmenter les taux : c'est précisément ce dont un cycle boursier a besoin pour redémarrer…

Boursorama : On le voit, le début d'année boursier se fait sur les chapeaux de roue, que vous inspire cette progression des marchés depuis janvier ? Feu de paille ou tendance durable ?
Jean-Pascal Rolandez : On est dans le cas classique d'un redémarrage de cycle boursier. Dans une première phase, ce sont les valeurs cycliques et de moins bonne qualité qui rebondissent fortement. Ensuite, et c'est la phase actuelle, la surperformance vient des ‘blue chips', comme L'Oréal, Carlsberg, LVMH… Fondamentalement, je pense que les grandes incertitudes sont derrière nous. Nous n'avons pas de récession en vue mais un ralentissement de l'économie. Les quatre facteurs qui avaient perturbé 2018 sont résolus ou en voie de résolution : le Brexit, la baisse des ventes de voitures en Allemagne (notamment à cause de la nouvelle norme d'homologation WLTP), le déficit italien et les gilets jaunes même si, dans ce dernier dossier, on a assisté à un regain de violences le week-end dernier. Je suis optimiste sur les perspectives des marchés cette année.

Boursorama : Pourtant, le retour à une politique plus accommodante du côté des banques centrales est dû à une dégradation des perspectives économiques, ça ne tempère votre optimisme ?
Jean-Pascal Rolandez : En 2009, vous avez eu un rebond des marchés et une économie en récession. Là, nous ne parlons même pas de récession mais bien de ralentissement. Les prévisions tablent même sur un redémarrage de la croissance en 2020. C'est donc un tassement passager qui n'empêchera pas forcément les marchés de remonter.

Boursorama : Un des éléments qui a aussi beaucoup déstabilisé la Bourse en fin d'année, c'est la guerre commerciale avec la Chine et, là aussi, le ralentissement économique de l'empire du Milieu. Pour vous, ces deux sujets aussi sont à relativiser ?
Jean-Pascal Rolandez : Au début de 2018, on avait l'impression que nous nous dirigions vers une guerre commerciale mondiale. En fait, cela a surtout eu lieu entre les Etats-Unis et la Chine. D'ailleurs, même s'ils l'ont fait de manière maladroite, les Etats-Unis avaient raison de vouloir remettre les pendules à l'heure avec la Chine sur les deux sujets que sont la violation de la propriété intellectuelle et les pratiques de dumping chinoise. Pour le premier sujet, cela s'est réglé après le sommet du G20 de Buenos Aires  (NDLR : en novembre 2018). De retour en Chine, Xi Jinping a pris plusieurs mesures symboliques : la justice chinoise a interdit la vente de produits Apple pour non-respect de brevets appartenant à Qualcomm. Dans le même temps, il a également stoppé ou limité le crédit aux entreprises coupables de violation de propriété intellectuelle. Pour le volet dumping, cela prend plus de temps mais un accord sera trouvé, tout le monde a à y gagner.

Boursorama : Même si la guerre commerciale touche à sa fin le ralentissement chinois tant commenté ces dernières semaines ne vous inquiète pas plus que ça ?
Jean-Pascal Rolandez : Je pense que si l'économie allemande affichait un taux de croissance de 6%, madame Merkel afficherait un grand sourire. La Chine est désormais la deuxième économie mondiale, c'est normal qu'elle affiche des taux de croissance plus faibles, l'effet de base est moins favorable. Après, quand on interroge les sociétés, elles ne constatent pas ce ralentissement. Demandez à Jean-Paul Agon (PDG de L'Oréal), Jean-Pascal Tricoire (Schneider Electric), ou Thierry de La Tour d'Artaise (Seb) : les ventes ne faiblissent pas en Chine, à l'exception des entreprises du secteur automobile. Mais même dans ce secteur, il n'y a pas forcément lieu de s'inquiéter. On assiste surtout à une concentration du secteur avec une réduction du nombre de constructeurs, à l'image de ce que la Chine a déjà réalisé pour les constructeurs de poids lourds en 2017. Une fois cette vague de concentrations achevée, les ventes vont repartir…

Boursorama : Justement, parmi vos valeurs préférées, il y avait Valeo. Après un parcours sans faute pendant des années, l'équipementier a lourdement trébuché en 2018, avez-vous conservé la valeur ?
Jean-Pascal Rolandez : Non seulement je l'ai conservée mais je l'ai même renforcée ! Je pense que la société a tiré les leçons de sa communication financière désastreuse de 2018 : il faut arrêter de promettre la lune. Valeo est désormais décotée de 20-25% par rapport à son concurrent japonais Denso et pourtant le français est plus diversifié, tant sur les équipements produits que sur les constructeurs partenaires. Il est peu présent dans le diesel et les produits qu'il développe sont tout à fait en phase avec le développement des véhicules électriques. Autant de raisons de détenir la valeur en portefeuille.

Boursorama : Vous êtes un investisseur de long terme, est-ce que ces soubresauts du marché ont modifié votre perception sur certaines valeurs ?
Jean-Pascal Rolandez : Quasiment pas, je gère un fonds ‘buy and hold' sur un nombre concentré de valeurs. Il y a toutefois deux valeurs sur lesquelles j'ai modifié ma position. L'allemand Fresenius Medical Care dont les fondamentaux sont en train de changer avec le développement de la dialyse à domicile aux USA, moins rentable pour le groupe. Je me pose également des questions sur le spécialiste de revêtements de sol français Tarkett. Je ne sais pas comment le nouveau management va réussir à relever les défis qui l'attendent, notamment celui d'une remontée de ses marges détériorées. Pour le reste, je continue à apprécier les qualités de groupes comme Arkema, Synergie ou encore Brenntag. Je pense même que les trimestriels et les semestriels 2019 vont continuer à porter la tendance. Attention, la hausse ne se fera pas pour autant en ligne droite et les phases de consolidation voire de baisse ne sont pas exclues mais la tendance de fonds est celle d'un début de cycle.

Boursorama : 2018 a aussi été terrible pour les valeurs moyennes. Est-il encore un peu tôt pour revenir sur ce segment de la cote selon vous ?
Jean-Pascal Rolandez : Les valeurs moyennes sont les dernières à performer et les premières à baisser. Mais c'est une bonne occasion pour se renforcer dans des dossiers de qualité. Je pense à des sociétés comme Korian, Norma Group ou encore Stef. Ce spécialiste du transport frigorifique a été vendu comme une valeur cyclique alors qu'il a des vertus défensives ! En bref, comme pour les grandes valeurs, il y a beaucoup d'opportunités à court terme et encore plus pour l'investisseur de long terme !

Propos recueillis par Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)

Laurent Grassin
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Boursorama

Directeur médias

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1 commentaire

  • 19 mars 14:04

    C'est pas bon signe ce genre de nouvelle ...


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