(AOF) - Deutsche Bank a abaissé sa recommandation d'Acheter à Conserver et son objectif de cours de 91 euros à 78 euros sur BNP Paribas . " Le litige au Soudan a fait perdre environ 8 milliards d'euros à la capitalisation boursière de BNP en quatre semaines, entraînant une sous-performance de 16 % par rapport aux banques européennes ", souligne la banque. Sa décision de dégrader sa recommandation est la conséquence de cette incertitude majeure, qui éclipse les fondamentaux par ailleurs solides de la banque.
"Si BNP dispose d'arguments solides et que le risque est largement pris en compte dans les cours, la situation reste floue et l'issue imprévisible", ajoute le broker.
Pour ce dernier, il est crucial de noter que chaque 1 milliard d'euros d'amende réduit le ratio de fonds propres durs (CET1) d'environ 13 points de base. "Or, le coussin déjà faible de BNP Paribas sur ce ratio (environ 200 points de base, contre environ 450 points de base pour ses concurrents) accentue ce risque ", prévient l'analyste.
Celui-ci signale que les objectifs de rentabilité des capitaux propres (ROTE- fixés par la direction, à savoir 12 % (2026) et 13 % (2028), sont réalistes, à condition que les risques contentieux ne se concrétisent pas.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Banque née en 1822, renforcée en 1999 par la fusion avec Paribas, 1 ère française et 7 ème mondiale ;
- Produit net bancaire de 48,8 Mds€ réalisé par les réseaux bancaires (français, belge, italien, luxembourgeois, polonais et turc) et les métiers spécialisés (crédit à la consommation, leasing, métiers digitaux dont le compte Nickel), par la banque d’affaires et par les services d’investissement et de protection (gestion d’actifs et de patrimoine, gestion institutionnelle et privée, assurances) ;
- Modèle d'affaires d’une croissance rentable fondée sur les positions de n°1 européen, sur la technologie au service de l’expérience client et de la performance opérationnelle, tous les métiers étant mobilisés sur les enjeux de finance durable ;
- Capital détenu par l'Etat belge (5,67 % des droits de vote), le grand duché de Luxembourg (1,15 %) et les salariés (4,45 %), avec un conseil de 14 administrateurs présidé par Jean Lamierre, Jean-Laurent Bonnafé étant directeur général.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- forte robustesse du portefeuille de crédit et allocation stricte du capital,
- « initiatives d’efficacité » fondées sur l’intelligence artificielle visant un recul à moins de 60 % du coefficient d’exploitation pour 2026 via 1,2 Md€ d’économies de coûts en 2025-26 : rationalisation des achats et dépenses externes, optimisation du parc immobilier, déploiement de plateformes partagées contribuant à 33 % des revenus,
- plan stratégique de redressement de la division CPBS -banques commerciales et finance personnelle (crédits à la consommation ou automobiles…)- alliant recentrage sur le cœur des métiers, forte réduction des coûts, optimisation du capital, montée de la contribution des sociétés mises en équivalence,
- ambitions fortes dans les métiers digitaux et personal investors : 1 Md€ de revenus visés fin 2025,
- innovation focalisée sur l’offre digitale aux clients : 1 er en France avec 4,4 millions de clients « digitaux », plateformes leaders mondiales dans les emprunts d’Etat, le forex ou les swaps et dans les cinq 1ers européens des néo-banques avec Hello Bank ! ;
- Stratégie environnementale ambitionnant de devenir 1 er mondial de la finance durable (2 ème mondial et 1 er européen dans les emprunts verts et 1 er européen des financeurs de projets d’énergies renouvelables) avec objectif de neutralité carbone en 2050 et point d’étape 2025 :
- 350 Mds€ mobilisés dans les crédits et émissions obligataires durables et 300 Mds€ d’actifs durables (objectif atteint à 75 % à fin 2024) ;
- alignement du portefeuille de prêts sur la trajectoire de l’accord de Paris (80 % des financements énergétiques dans les énergies renouvelables sur l’objectif 2030),
- accompagnement des clients dans la transition bas-carbone : 180 Mds€ de financements,
- financement à hauteur de 4 Mds€ de la biodiversité ;
Défis
- Evolution de l’actif net comptable, de 91,2 €, à comparer au cours de Bourse, et du coût du risque, de 33,9 points de base, à fin septembre ;
- Méfiance des investisseurs sur les impacts des risques géopolitiques -essentiellement sur l’activité de conseil et prêts aux grandes entreprises- et juridiques -décision défavorable de la justice américaine sur l’activité de la banque au Soudan ;
- En gestion d’actifs (2,4 Mds€ à fin septembre), intégration d’AXA-IM dont il est attendu une hausse de 50 % du résultat net avant impôt d’ici 2026 ;
- Après une hausse de 5,3 % des revenus et de 6,1 % du bénéfice net au 3 ème trimestre, ambitions 2025-26 : revenus en croissance de + 5 %, coût du risque inférieur à 40 pb, ratio CET1 autour de 12,3 % et résultat net en hausse de + 7 % ;

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