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Biden, Yellen, Powell : le trio de la surchauffe américaine, et boursière
information fournie par Le Cercle des économistes 03/05/2021 à 08:00

Jean-Paul Betbèze
Jean-Paul Betbèze

Jean-Paul Betbèze

JPBetbèze

économiste

http://www.jpbetbeze.com/

"Jusqu'à présent, ce trio marche au mieux. Les bourses américaines sont à leurs plus hauts tandis que le rendement du bon du trésor américain est à 1,6%, après avoir tutoyé 1,75% en mars, au moment même où les programmes de dépenses s'ajoutent, malgré les hausses d'impôts annoncées." (source : Fed, Gage Skydmore)

"Jusqu'à présent, ce trio marche au mieux. Les bourses américaines sont à leurs plus hauts tandis que le rendement du bon du trésor américain est à 1,6%, après avoir tutoyé 1,75% en mars, au moment même où les programmes de dépenses s'ajoutent, malgré les hausses d'impôts annoncées." (source : Fed, Gage Skydmore)

Cent jours après son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden vient de prononcer son discours de politique générale. Discours à forte tonalité sociale à l'heure des plans de relance. Jean-Paul Betbeze explique pourquoi, dans le contexte actuel, le trio formé par le président américain, sa Secrétaire au Trésor et le patron de la Fed ne peuvent que contenter les opérateurs boursiers

Un Dow Jones qui va vers 36 000 et un Nasdaq vers 15 000, avec des taux longs qui restent « calmes », à moins de 2% : voilà, en termes financiers, ce dont rêve le trio Biden, Yellen, Powell, avec l'idée de combattre les effets du COVID-19 et de rattraper la Chine ! Pas facile : donc la surchauffe économique est la meilleure voie, si et seulement si Powell continue à refroidir l'ensemble (quantitative easing) ! Sans annoncer qu'il réduirait bientôt (tapering) !

Fini le double objectif de la Fed : le maximum de croissance possible compatible avec le plus d'emploi et 2% d'inflation, celui qui balisait l'horizon. Pour réussir ce changement de stratégie, encore moins de chômage au prix d'un peu plus d'inflation, il faut que le trio fonctionne ensemble, plus étroitement et longtemps que jamais.

D'abord Biden est à la manœuvre, avec une idée : go big, faire de très gros programmes d'investissements, trois plans pour 6 000 milliards de dollars. Il a de bonnes raisons économiques : obtenir une croissance américaine plus forte et surtout plus résiliente, et bien sûr politiques : garder le Congrès aux élections mid term et, si possible, y renforcer sa place.

Janet Yellen suit, pour préciser et chiffrer les programmes, tout en indiquant qu'elle ne pense pas que le tout sera trop inflationniste, mais nécessaire au contraire pour la croissance future, donc devrait se financer sans problème. Vient alors Powell, qui achètera une bonne part des bons du Trésor émis par Janet Yellen et calmera le jeu.

Powell arrive donc, pour financer le jeu dans la durée, en refroidissant le tout. Il faut comprendre qu'il a été traumatisé par les débats qu'il a organisés (Fed listen) où, même avec un plein emploi global à l'époque (3,5%), subsistaient des poches de pauvreté, puis par l'effondrement lié au COVID-19, qui révélait une fragilité sociale impressionnante. C'est bien pourquoi son concept d'emploi maximum compatible avec 2% d'inflation peut aller jusqu'à moins de 3% de taux de chômage au total, en prenant en compte les groupes sociaux plus fragiles : latino-américains et afro-américains notamment, sachant que le 2% d'inflation serait calculé en moyenne sur plusieurs années.

Rien n'est joué

Les portes monétaires s'ouvrent et le resteront, tandis que les programmes de dépenses suivent, les trillions de dollars s'ajoutent. Il s'agit d'accélérer et de consolider la reprise, non seulement par les routes, les ponts et les barrages, en isolant mieux les bâtiments, en renforçant les réseaux électriques, en développant plus Internet, avec la recherche nécessaire, plus le soutien à l'éducation que le Président vient d'annoncer au Congrès mercredi dernier.

Jusqu'à présent, ce trio marche au mieux. Les bourses américaines sont à leurs plus hauts tandis que le rendement du bon du trésor américain est à 1,6%, après avoir tutoyé 1,75% en mars, au moment même où les programmes de dépenses s'ajoutent, malgré les hausses d'impôts annoncées. Tout ceci confine au miracle : une bourse plus haute malgré plus d'inflation, avec des taux longs calmés et des impôts annoncés en hausse ! L'explication vient des profits du trimestre, qui surpassent les prévisions, en liaison avec le rebond, et qui font penser que ceci va continuer !

Evidemment, rien n'est joué. Le COVID-19 n'a pas fini de nuire et de muter, rien n'assure que les milliards de nouveaux bons du trésor trouveront preneurs, rien ne dit que les goulets d'étranglement qui naissent partout aux États-Unis, restaurants qui rouvrent et manquent de personnel ou entreprises qui manquent de pièces, notamment de puces électroniques, vont se résorber vite et sans hausses de prix. Mais les marchés financiers américains sont prévenus et ce ne sont pas les européens ! La BCE se demande si elle ne va pas modérer bientôt ses achats de bons du trésor (en tout cas le Nord de la zone, pour ne pas dire l'Allemagne) avec -0,7% de croissance sur un an, tandis que la Fed va poursuivre ses emplettes, avec 4,3% de croissance !

Aussi longtemps que tient ce trio américain de l'overheating, il n'y a pas de raison pour que les arbres boursiers ne montent pas plus haut, sauf catastrophe bien sûr.

1 commentaire

  • 03 mai 10:02

    J-P B : ''je n'ai rien à dire mais il faut que ça se sache''


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