
Le Premier ministre français François Bayrou pose avant une interview dans le journal télévisé du soir de la chaîne de télévision française TF1, à Boulogne-Billancourt, en périphérie de Paris, le 27 août 2025 ( AFP / Xavier GALIANA )
François Bayrou poursuit sa campagne jeudi devant le Medef pour remporter le vote de confiance du 8 septembre à l'Assemblée mais sa démarche paraît vouée à l'échec tant les oppositions, invitées à le rencontrer la semaine prochaine, considèrent que "la page est tournée".
Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif".
M. Bayrou, qui a présenté le 15 juillet les grandes lignes d'un effort budgétaire de 44 milliards d'euros en 2026, s'attirant la désapprobation des oppositions avec des idées comme la suppression de deux jours fériés, a surpris tout le monde lundi en annonçant qu'il se soumettrait à un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre.
Le décret convoquant le Parlement en session extraordinaire a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale", en application de l'article 49, alinéa premier de la Constitution.
Les oppositions ayant annoncé qu'elles voteraient contre, M. Bayrou a annoncé mercredi qu'il recevrait les responsables de partis à partir de lundi, répétant qu'il était prêt à "ouvrir toutes les négociations nécessaires" à la "condition préalable" d'un accord sur "l'importance de l'effort" à consentir.
Mais cette tentative de négociation semble perdue d'avance, d'autant que le chef de gouvernement n'a pas arrangé ses relations avec les leaders de l'opposition en affirmant qu'ils étaient en "vacances" cet été alors que ceux-ci soulignent qu'il n'a jamais cherché à les joindre.
Si François Bayrou jugeait mercredi que "douze jours (le délai d'ici le 8 septembre), c'est très long pour parler", les oppositions entendent mettre cette période à profit pour préparer les différents scénarios possibles de l'après.

Le président du RN Jordan Bardella, à Paris, le 30 avril 2025 ( AFP / Bertrand GUAY )
"Le retour aux urnes, par la dissolution ou la démission, demeure l'unique solution pour sortir de l'impasse politique", a répété mercredi soir le président du RN Jordan Bardella.
S'il se rendra bien avec Marine Le Pen à Matignon, le RN considère que la page Bayrou "est tournée", selon son vice-président Sébastien Chenu.
- "Alternative" -
A gauche, sans surprise, LFI n'ira pas à Matignon, son coordinateur Manuel Bompard "n'ayant nullement l'intention de participer à l'opération de sauvetage" de François Bayrou. Les Écologistes pourraient aussi boycotter cet appel, Marine Tondelier "ne voyant pas bien l'intérêt" de rencontrer un Premier ministre "qui n'est plus là que pour quelques jours".
Les dirigeants socialistes n'ont pas encore donné leur réponse au Premier ministre qualifié de "démissionnaire" par Olivier Faure. Le PS, hostile à de nouvelles élections, va ouvrir son université d'été jeudi après-midi à Blois et entend démontrer qu'il peut incarner une "alternative".

Le premier secrétaire socialiste Olivier Faure lors des universités d'été des Ecologistes à Strasbourg le 21 août 2025 ( AFP / SEBASTIEN BOZON )
"Nous sommes la solution", assure jeudi sur X le premier secrétaire du PS qui s'exprimera vendredi devant ses troupes.
Mais à supposer qu'Emmanuel Macron appelle une personnalité de gauche à Matignon, la question reste entière sur la manière dont celle-ci pourrait gouverner sans accord avec le bloc central, faute de majorité à l'Assemblée.
Assurant partager la gravité de la situation sur le niveau de la dette, mis en avant par François Bayrou pour justifier le vote de confiance, le PS doit présenter son contre-budget samedi basé sur la recherche de recettes supplémentaires, avec un effort demandé aux plus aisés.

Le patron du Medef Patrick Martin à Paris le 30 juillet 2025 ( AFP / Thibaud MORITZ )
Une idée rejetée catégoriquement par le patron du Medef Patrick Martin. Il estime que, "quelle qu'en soit la forme, un retour de l'ISF (impôt sur la fortune) serait ravageur pour notre économie".
Le ministre de l’Économie Eric Lombard lui a assuré que "l'ISF est complètement écarté" et s'est dit "convaincu qu'on aura dans les délais un budget pour 2026".
Malgré toutes ces incertitudes, auxquelles les marchés et particulièrement la Bourse ont assez nettement réagi cette semaine, M. Lombard a assuré "ne pas croire à la crise financière" en France.
M. Martin, qui accuse les politiques "d'être dans un monde parallèle et de ne pas voir ce qui se passe sur la planète sur le plan économique", aura l'occasion de les interpeller directement jeudi après-midi.
La table ronde de clôture de l'université d'été du patronat réunira en effet une grande partie des chefs de partis pour un débat sur l'avenir économique du pays.
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