
( AFP / TOBIAS SCHWARZ )
Le géant industriel allemand Bayer a sérieusement remis en question mercredi sa production de glyphosate, plombé par des litiges persistants, et s'est inquiété d'éventuelles surtaxes américaines sur ses produits pharmaceutiques.
"A moins que la situation ne change, nous allons devoir arrêter de produire du glyphosate parce que ce n'est tout simplement pas viable", a lancé le président du directoire Bill Anderson lors d'une conférence de résultats.
Le patron du groupe de Leverkusen se fait plus pressant après avoir indiqué plus sobrement en avril qu'il était "impossible de continuer à commercialiser le produit comme nous l'avons fait dans le passé".
A cause de son herbicide à base de glyphosate, substance accusée d'être cancérigène, Bayer continue de voir les procès affluer aux Etats-Unis, qui ont déjà coûté plus de 10 milliards de dollars au groupe.
M. Anderson a réaffirmé l'objectif de "réduire significativement le risque juridique d'ici fin 2026", selon un communiqué.
Une étape cruciale pour y parvenir passe par un arrêt de la Cour suprême américaine attendu d'ici l'été prochain, Bayer lui demandant d'annuler une condamnation liée au risque supposé de cancer de son herbicide controversé.
L'issue de cette procédure influera sur le sort de dizaines de milliers de plaintes pendantes contre Monsanto, la filiale produisant l'herbicide Roundup à base de glyphosate.
M. Anderson mise aussi sur des règlements à l'amiable et le lobbying en vue d'améliorations sur le plan législatif à Washington.
Fin juillet, le groupe de Leverkusen avait annoncé constituer une nouvelle provision de 1,2 milliard d'euros pour couvrir les frais de litiges, s'ajoutant aux 5,7 milliards déjà mis de côté.
A la bourse de Francfort, le titre de Bayer s'enfonçait de 4,91%, à 26,37 euros vers 09H30 GMT.
- Menaces sur la pharmacie -
L'accord douanier entre l'UE et les Etats-Unis de Donald Trump , arraché fin juillet, amène certes de la "clarté", mais la situation reste "très volatile", notamment à propos des droits de douane visant les produits pharmaceutiques, selon M. Anderson.
Mardi, Donald Trump a menacé d'imposer une surtaxe de 250% sur ce secteur, la deuxième source de revenus de Bayer après l'agrochimie.
Les déboires du glyphosate ont de nouveau plombé les résultats au deuxième trimestre, avec une perte nette multipliée par 6 sur un an, à 199 millions d'euros, en partant de ventes en baisse de 3,6%, à 10,739 milliards d'euros.
Hors effet de changes, le chiffre d'affaires a progressé de 0,9%, porté par l'agrochimie (+2,2 %), en pleine restructuration.
La hausse des ventes a été plus timide dans les produits pharmaceutiques (+0,2%) et les soins personnels (+0,6%).
Comme annoncé fin juillet, le groupe a révisé en hausse ses prévisions pour 2025 et table désormais sur un résultat opérationnel ajusté (EBITDA) hors éléments exceptionnels compris entre 9,7 et 10,2 milliards d'euros, contre 9,5 à 10 milliards d'euros précédemment.
Le chiffre d'affaires ajusté des effets de change s'élèverait à un montant situé entre 46 et 48 milliards d'euros, soit un milliard de plus qu'annoncé auparavant.
Bayer a par ailleurs indiqué avoir réduit ses effectifs de 12.000 depuis le début de sa restructuration, avec 1.300 suppressions de postes supplémentaires entre mars et juin.
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