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45?% des fonds labellisés ISR sont exposés au pétrole et au gaz
information fournie par Newsmanagers 21/11/2023 à 08:15

Près de la moitié des fonds détenant le label ISR français devront revoir leur copie ou renoncer à cette appellation. Sur les quelque 1.200 fonds labellisés ISR identifiés dans Morningstar Direct, représentant 770 milliards d’euros, 45% sont exposés au gaz et au pétrole, pour un total d’environ 7 milliards d’euros d’encours, montre une nouvelle étude de Morningstar.

Or, ces secteurs ne pourront plus faire partie des fonds qui souhaiteront obtenir le futur label ISR. Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a dévoilé le 7 novembre que l’éligibilité des fonds exclura les entreprises qui exploitent du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels , ainsi que celles qui lancent de nouveaux projets d’exploration, d’exploitation ou de raffinage d’hydrocarbures (pétrole ou gaz). Jusqu’à présent, aucun seuil d’exclusion n’avait été imposé aux fonds labellisés. La publication du nouveau référentiel est prévue d’ici à la fin du mois de novembre.

En attendant, Morningstar a tenté d’identifier quels étaient les fonds qui seraient concernés par la nouvelle mesure d’exclusion. Les trois fonds les plus exposés au secteur du pétrole et du gaz en termes de pourcentage sont Tocqueville Value Europe ISR (453 millions d’euros d’actifs), CM-AM Europe Value (361 millions) chez Crédit Mutuel Asset Management et DNCA Invest Archer Mid-Cap Europe (365 millions), avec des pondérations tournant autour de 13,5% et des participations d’un montant compris entre 49 et 62 millions d’euros.

Dans la liste des vingt fonds les plus exposés à ces secteurs en pourcentage figurent d’autres produits de Tocqueville ou de sa maison mère LBP AM et de DNCA (groupe Natixis IM), mais aussi de la Société Générale. Les expositions évoluent entre 9,7% et 13,8%. Morningstar observe que la majorité de ces fonds sont investis en actions européennes.

Garder ses convictions de gestion

Contactée par L’Agefi, Léa Dunand-Chatellet, responsable de l’investissement durable de DNCA, assume ces positions. « Nous avons fait le choix d’être une société de gestion qui accompagne la transition énergétique. Les gérants qui souhaitent conserver cette approche, qui ne relèvera plus du label ISR, pourront la maintenir. Nous acterons alors une ‘délabellisation’. Ce ne seront plus des fonds labellisés ISR, mais ils resteront des fonds ESG ou transition. Ils garderont aussi leur positionnement SFDR article 8 » explique-t-elle. Une réflexion mêlant l’ensemble des équipes va être engagée au sein de la société dès que la version définitive du label sera connue. Et des décisions seront prises et annoncées rapidement aux clients.

En tout cas, la perte éventuelle de certains labels ISR n’est pas taboue, sachant que la société qui gère près de 30 milliards d’euros en compte au moins 40. « La décision reviendra aux gérants de chaque fonds. En matière d’ESG, DNCA a fait un chemin important, qui n’a jamais été forcé. Parce qu’un gérant qui n’est pas convaincu par ce qu’il fait ne gérera pas avec convictions », poursuit Léa Dunand-Chatellet. « Un gérant qui souhaite continuer à investir dans des secteurs en transition doit pouvoir continuer à le faire, et il y aura toujours de la demande de clients pour cela. Un gérant qui a des positions pétrole et gaz peu importantes, a contrario, se dira peut-être que cela vaut la peine d’en sortir et d’exclure totalement le secteur, afin de conserver le label en redéfinissant marginalement sa philosophie de gestion », précise-t-elle.

Et de conclure : « Nous n’allons pas désinvestir l’intégralité des positions d’un secteur pour se conformer à une nouvelle règle. Une telle décision doit reposer sur une conviction de gestion. Nous considérons que les fonds qui intègrent les secteurs en transition en tenant compte de leur profil extra-financier et de leurs objectifs peuvent exister même s’ils ne répondent plus aux exigences du label ».

Du côté de LBP AM et de Crédit Mutuel Asset Management, on ne veut pas trop s’avancer. « A ce stade nous n’avons pas le cahier des charges final du Label sur tous les critères, donc difficile de faire une analyse d’impact. En conséquence, il n’est pas possible de répondre ni à si, ni à comment, nous allons pouvoir maintenir le label sur ce fonds », déclare un porte-parole de LBP AM. Même son de cloche au CM AM. « Aujourd’hui, tous nos fonds labellisés respectent les critères actuels du label ISR?; nous sommes dans l’attente des critères techniques de la nouvelle version du Label qui doit être disponible d’ici la fin de ce mois », indique Elina de Abreu, directrice des gestions de la société.

L’univers des fonds labellisés ISR devrait se réduire

Morningstar a aussi dressé la liste les fonds ayant les plus fortes expositions en valeur absolue. Les trois fonds les plus exposés au pétrole et au gaz en valeur sont iShares MSCI USA SRI ETF (324 millions d’euros), iShares MSCI World SRI ETF (208 millions d’euros), deux ETF de BlackRock, et Eleva European Selection (171 millions d’euros), d’Eleva Capital. Cette liste, qui concerne principalement des fonds actions zone euro, comprend aussi des fonds d’Amundi ou Natixis.

Par ailleurs, les dix principales entreprises détenues dans les fonds labellisés ISR qui seront probablement affectées par la nouvelle règle d’exclusion des combustibles fossiles sont TotalEnergies, Neste, Eni, Repsol, Galp Energia, BP, Shell et OMV. Il reste à voir si la règle d’exclusion s'étendra d’autres acteurs, y compris les équipements et services pétroliers et gaziers Technip et Gaztransport et Technigaz, note Morningstar. S’agissant du seul groupe français TotalEnergies, il est actuellement détenu par 161 fonds labellisés ISR pour une valeur totale d’environ 2,4 milliards d’euros, ce qui représente 1,6% de la capitalisation boursière de TotalEnergies.

Dans ce contexte, Morningstar estime que l’univers des fonds labellisés ISR va probablement se réduire, « car les sociétés de gestion de portefeuilles qui trouveront les nouveaux critères trop contraignants abandonneront le label ». Il reste aussi à voir, note Morningstar, si les grands fonds de gestion passive s’aligneront sur les nouveaux critères.

« La description donnée par Bruno Le Maire des entreprises concernées par les nouveaux critères d’exclusion est assez vague. Il faudra attendre la publication des critères finaux à la fin du mois pour mieux comprendre l’impact des nouvelles règles sur les portefeuilles existants. Le diable est toujours dans les détails », nuance enfin, Hortense Bioy, qui a réalisé l’étude.

Laurence Marchal

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