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Une inflation qui reste sous-estimée par les marchés
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 09/03/2023 à 10:11

Eric Galiègue
Eric Galiègue

Eric Galiègue

Phiadvisor Valquant

Directeur de la recherche

https://phi-advisor.com/fr/

La messe est dite, et l'inflation a toutes les raisons de rester durablement dans une zone de 3 à 5%, double de l'objectif des banques centrales. Ces niveaux ne sont ni dans les cours des obligations, ni dans le cours des actions. (Crédits photo : Adobe Stock -  )

La messe est dite, et l'inflation a toutes les raisons de rester durablement dans une zone de 3 à 5%, double de l'objectif des banques centrales. Ces niveaux ne sont ni dans les cours des obligations, ni dans le cours des actions. (Crédits photo : Adobe Stock - )

L'inflation est bien au rendez-vous. Les dernières statistiques fournies par Eurostat sur ce sujet sont éloquentes. L'inflation s'enracine dans les économies occidentales et notamment européennes. Surtout, elle a été légèrement supérieure aux anticipations des économistes : en glissement annuel fin février, pour l'indice européen harmonisé, 9,3% en Allemagne vs 9%, et 7,2% vs 7% pour la France, par exemple. L'inflation sous-jacente, la « vraie », est elle aussi supérieure aux attentes et en accélération : 5,6% fin février vs 5,3% fin janvier 2023. C'est bien ce chiffre qui est le bon, et qui selon nous traduit l'ampleur du phénomène du retour de l'inflation.

Les trois nouveaux moteurs de l'inflation

Les moteurs séculaires de l'Inflation sont bien connus. Nous les avons souvent décrits comme découlant d'une triple mutation : la mutation environnementale (décarbonation), la mutation démographique (vieillissement de la population), et la mutation souverainiste (réindustrialisation -réarmement).  Ces trois facteurs sont en œuvre depuis des années. Nous avons identifié récemment trois autres facteurs qui renforcent les tendances inflationnistes.

Le premier est le soutien public à la consommation

Les pays européens, en premier lieu la France, ont soutenu le pouvoir d'achat par diverses mesures (bouclier tarifaire, cheque énergie, baisse du prix à la pompe des carburants, revalorisation des minima sociaux etc…). Ces mesures ne sont rien d'autres que des subventions de l'inflation, qui ont stimulé l'économie, mais ont permis aux ménages de continuer à consommer, et donc de valider la hausse des prix pratiqués par les entreprises. L'économie se trouve ainsi stimulée par la politique budgétaire, et freinée par la politique monétaire de hausse des taux …Les gouvernements se sont ainsi opposés aux politiques de refroidissement de l'économie prônée par les banques centrales pour lutter contre l'inflation…

Le second facteur est relatif au marché du travail

Il a connu des modifications majeures, en lien avec l'évolution très profonde de notre société.

Taux de chômage aux USA depuis 30 ans

Source : Factset research Systems

Source : Factset research Systems

Le taux de participation de la population au marché du travail a chuté, pour différentes raisons. En vrac, le drame sanitaire de la drogue, qui frappe massivement la population américaine des 45-60 ans. Les salariés en fin de carrière qui ont décidé de l'abréger en profitant des prix élevés de l'immobilier et du niveau élevée de Wall Street. En France, probablement, un système de protection sociale très généreux induit les effets d'aubaine. La crise sanitaire et le développement du travail à distance a bouleversé la relation au travail. Surtout, la pénurie de compétence sur de très nombreux secteurs et métiers est une forte préoccupation des entreprises. Tous ces éléments font que l'offre de travail est insuffisante, et que les salaires peuvent progresser. Et alimenter une nouvelle boucle prix – salaire.

Le troisième est le sous-investissement des entreprises

Le plus emblématique concerne les compagnies pétrolières, qui justifie en partie le maintien des prix du pétrole à des niveaux élevés : c'est un facteur direct d'inflation.

Evolution de l'investissement des compagnies pétrolières mondiales

source : IFPEN

source : IFPEN

Plus généralement, la baisse tendancielle des dotations aux amortissements, contrepartie comptable de l'investissement physique, est patente depuis plus de 10 ans.

Source : Factset et Valquant Expertyse

Source : Factset et Valquant Expertyse

Le sous-investissement se traduit tôt ou tard par une baisse de l'offre et une baisse de la productivité, qui sont toutes les deux font le lit de l'inflation. La messe est dite, et l'inflation a toutes les raisons de rester durablement dans une zone de 3 à 5%, double de l'objectif des banques centrales. Ces niveaux ne sont ni dans les cours des obligations, ni dans le cours des actions.

1 commentaire

  • 09 mars 10:47

    Très important de souligner le sous-investissement, qui réduit les charges d'amortissement, et augmente artificiellement l'EBIT et les bénéfices, alors que l'entreprise s'appauvrit économiquement. Le fruit direct d'une gouvernance qui privilégie exclusivement les dividendes et le cours des actions !! La financiarisation détruit l'économie capitaliste. L'inflation de pénurie en est une conséquence.


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