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Pétrole, métaux : quelle évolution pour les matières premières au second semestre ?
information fournie par Boursorama 09/06/2017 à 10:42

La baisse du pétrole a pénalisé plusieurs indices de matières premières. (crédit : fotolia)

La baisse du pétrole a pénalisé plusieurs indices de matières premières. (crédit : fotolia)

Le baril de Brent recule de 10% sur les trois derniers mois, le nickel de 17%, le café de 11% et le soja de 7%. Pas besoin de faire un dessin, les matières premières sont à la peine et l'indice S&P GSCI qui regroupe les commodities cède lui 6% sur la période.

Le pétrole, plus particulièrement, souffre. Le conflit entre le Qatar et ses voisins n'a guère influencé le cours du brut alors que le pays du Golfe est un petit producteur avec seulement 656.000 barils jours quand la production mondiale est de 97 millions de barils par jour.

Mais hier, l'annonce de stocks américains en progression de 3,3 millions de barils pour la semaine précédente a sonné le baril de Brent, qui recule encore aujourd'hui, évoluant sous la barre des 48 dollars.

Les métaux précieux s'en tirent bien

Dans le détail, le mouvement de baisse des matières premières est pourtant à nuancer. Il concerne essentiellement le pétrole et les produits agricoles.

Pour le premier, les mesures de réduction de production engagées par l'Opep sont considérées comme peu efficaces même si elles ont été prolongées jusqu'à la fin de l'année. Sur les produits agricoles, les récoltes ont été bonnes en Europe et aux Etats-Unis, ce qui pèse sur les cours.

Enfin, la situation des métaux industriels est contrastée. L'aluminium et le cuivre progressent depuis janvier mais le minerai de fer recule. Il a d'ailleurs cédé 18% sur le mois de mai. Selon Arnaud du Plessis, gérant spécialisé sur les  ressources naturelles chez CPR AM, «le ralentissement observé en Chine, illustré par le PMI Caixin passant en deçà du niveau des 50 en mai, au plus bas depuis un an, accentué par des inventaires chinois historiquement élevés, a fortement pesé sur la tendance».

A lire aussi : matières premières : la Chine et les Etats-Unis mènent la danse

A l'inverse, le secteur des métaux précieux a lui bien performé depuis le début de l'année avec des cours de l'or en progression de 10%, tout comme ceux de l'argent, le palladium allant même lui jusqu'à prendre 24%.

Pas d'accident majeur en vue

Faut-il redouter une dégradation plus franche de la situation sur la seconde partie de l'année ? Ce n'est pas forcément l'avis de Benjamin Louvet, gérant spécialisé sur les matières premières ches OFI Asset Management : «C'est une vision alarmiste des choses. La production a commencé à se normaliser sur toutes les matières premières. L'offre a eu du mal à être contrainte notamment sur les métaux industriels. Or si on se pose beaucoup de question sur l'offre, on s'en pose peu sur la demande alors que les chiffres de l'économie mondiale sont plutôt bons. A court terme, on table sur un rebond de la croissance aux Etats-Unis au deuxième trimestre et la Chine qui est en période électorale devrait, elle, maintenir une politique de soutien de la demande. Sans accident majeur, je vois mal les marchés de matières premières se retourner.»

De fait, les signes de ralentissement chinois sont à tempérer. L'empire du Milieu a ainsi dévoilé ce matin une hausse plus forte que prévu de ses exportations (+8,7% sur un an) et de ses importations (+14,8%) en mai. Et dans le détail, les importations se sont notamment bien tenues ces derniers mois grâce… à la demande de minerai de fer et autres matières premières utilisées dans le secteur de la construction.

Mêrme si les sources d'inquiétude sur la Chine ne manquent pas, il est peu probable qu'elles se matérialisent d'ici la fin de l'année.

Quant à la croissance américaine, même liée aux péripéties du président américain, elle est attendue en fort rebond au deuxième trimestre et à +2-2,2% sur l'année, selon les prévisions de plusieurs économistes.

La situation va rester compliquée pour les produits agricoles

Pas forcément d'effondrement en vue donc mais pas non plus de fantastique rebond à prévoir : «Si on prend le secteur matières premières dans son ensemble, la situation devrait rester difficile pour les produits agricoles, les métaux précieux devraient continuer à afficher une belle performance et les métaux industriels risquent de consolider voire de baisser en l'absence d'un grand plan de relance américain. Si le pétrole regagne 15 à 20% sur la seconde partie de 2017, on peut avoir des indices commodities qui progressent de 5% sur l'année.»

Car c'est bien ce qui peut peser sur la performance globale des indices de matières premières (et donc des trackers qui les répliquent) : le prix du brut au second semestre. Et là, les avis divergent. Pour certains, la présence en embuscade des producteurs de pétrole de schiste rend toute remontée des cours peu probable quand bien même les mesures de réduction de la production ont été reconduites sur la seconde partie de l'année. Pour d'autres, dont Benjamin Louvet, les choses ne sont pas si évidentes.

«Le marché s'est trompé en estimant que la réduction de la production de l'Opep n'avait pas d'effet sur les stocks. Il y a un temps de latence entre l'entrée en vigueur de la décision et son effet sur les marchés. Celui-ci n'a commencé à se faire sentir qu'au mois de mars et de surcroit sur une période (le premier et le deuxième trimestres) où la demande n'est pas la plus forte. »

Quand à l'abondance des stocks, notamment côté américain, le gérant a aussi des arguments à faire valoir : «On s'est focalisé sur les stocks américains qui, eux n'ont pas baissé mais ce n'est pas le cas ailleurs : les stocks flottants iraniens ont été divisés par deux, les stocks nigérians ont diminué et les stocks japonais se sont repliés. Je suis persuadé que les mesures de réduction de production de brut vont avoir un effet de plus en plus marqué sur la seconde partie de l'année, avec un baril qui pourrait retrouver un prix compris entre 60 et 65 dollars d'ici fin 2017.»

D'autant que les producteurs de pétrole de schiste dont on a vanté la baisse des coûts de production et l'abaissement du seuil de rentabilité pourraient bien voir celui-ci remonter s'ils devaient produire plus : il faudrait réembaucher, remettre des puits (souvent moins rentables) en activité et parfois louer des terrains dont le prix a considérablement augmenté.

Reste que pour l'investisseur soucieux de jouer les matières premières, il peut être plus intéressant de se placer sur une thématique précise (or, pétrole, etc.) que de de jouer le secteur dans son ensemble : le tracker Lyxor CRB recule ainsi de 12,4% depuis le début de l'année.

Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)

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