TOTALENERGIES : Très intéressant...

DENISMAIL

28 juin 2024 •11:35

Le bilan de TotalEnergies est une forteresse (dette nette à USD 14.2 md à la fin du 1T24 ex-IFRS 16), avec une dette nette sur capitaux propre de 10.5%. TotalEnergies est la seule supermajor à ne pas avoir abaissé ses dividendes. La croissance du dividende est d'ailleurs la priorité du management en termes d'allocation du capital. Le groupe entend reverser plus de 40% de ses flux de trésorerie aux actionnaires au cours du cycle (dividendes et rachats d'actions). Avec un Brent moyen de USD 85/baril en 2024, nous prévoyons que TotalEnergies reversera USD 15.7 md de cash aux actionnaires en 2024E. Tout en se transformant d'une compagnie pétrolière intégrée en un groupe énergétique plus large, TotalEnergies est parvenu à se concentrer sur un point mort en termes de génération de trésorerie à USD 25/baril (avant dividende).

21/06/2024 : Retour sur le rapport de la commission d'enquête du Sénat.
Nous revenons sur la publication du rapport de la commission d'enquête du Sénat concernant les engagements de TotalEnergies. Le rapport recommande la création d'une action « spécifique » (golden share) qui donnera à l'Etat français des pouvoirs étendus comme le droit de nommer un représentant au conseil d'administration, de s'opposer à des cessions d'actifs et de disposer d'un « droit d'inspection » sur toutes les décisions stratégiques du groupe. Cette golden share pourrait notamment être utilisée pour s'opposer à un éventuel changement de siège social ou de cotation primaire vers les Etats-Unis. Par ailleurs, le rapport encourage également TotalEnergies à redoubler ses efforts pour devenir un véritable leader dans les énergies renouvelables et la mobilité verte, via une accélération des investissements dans ces domaines. TotalEnergies a publié dans la foulée un communiqué dans lequel le groupe fait valoir qu'en vertu du droit français ou européen, la création d'une golden share par l'Etat est soumise à des conditions strictement définies. Le groupe estime qu'il est difficile pour l'Etat français de remplir ces conditions, à moins que ce dernier prenne une participation de plus de 5% au capital. Cependant, le rapport de la commission sénatoriale n'a pas retenu l'idée d'une prise de participation de 5% pour des raisons budgétaires (EUR 7 md). Selon nous, il est clair que la recommandation de création d'une golden share est une réponse directe aux annonces récentes de TotalEnergies, qui envisage une cotation primaire aux Etats-Unis, même si Patrick Pouyanné a déclaré à de nombreuses reprises que le groupe n'avait pas l'intention de déplacer son siège social hors de France et qu'une cotation primaire aux Etats-Unis ne signifiait pas que la valeur quitterait la Bourse de Paris. De notre côté, nous pensons désormais que TotalEnergies n'optera pas pour une cotation primaire aux Etats-Unis. A ce stade, il est difficile de dire si la recommandation de création d'une golden share sera promulguée par une loi, mais le risque d'interventionnisme du gouvernement constitue un catalyseur négatif pour le titre. TotalEnergies a d'ailleurs sous-performé ses pairs européens au cours des deux dernières semaines (-4% en Bourse vs +2% pour Shell et BP).