La division EV de Renault s’associe à CICC et à d’autres investisseurs chinois pour créer un fonds stratégique qui investit dans les systèmes de conduite électrique et autonome et l’intelligence artificielle intégrée aux véhicules. Ampère pourra ainsi entrer en contact direct avec l’écosystème technologique chinois
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Breaking news 13 juillet à 12h
Renault accélère sa course vers l’électrique et le fait avec les Chinois. Ampere, la business unit du constructeur français dédiée aux véhicules entièrement électriques, a annoncé la création d’un fonds stratégique en collaboration avec certains des plus importants investisseurs chinois : CICC Private Equity Investment Management, Hangzhou Capital et Hangzhou Hi-Tech Investment Holding Group. Le siège du nouveau véhicule d’investissement sera situé à Hangzhou, une ville chinoise parmi les plus actives en matière d’innovation industrielle.
L’opération marque une étape clé dans la stratégie de Renault en matière d’électrique et de nouvelles mobilités : il ne s’agit pas d’une coentreprise de production classique, mais d’un fonds industriel et financier qui canalisera des ressources vers des secteurs critiques pour la mobilité de demain. Ils vont des batteries de nouvelle génération aux systèmes de conduite autonome, en passant par les cockpits numériques, les logiciels automobiles et l’intelligence artificielle « incarnée », c’est-à-dire intégrée directement dans les véhicules.
Démarche stratégique pour accéder à l’innovation chinoise
C’est la première fois que Renault collabore directement avec des fonds de capital-investissement chinois et des capitaux industriels locaux. Un tournant important, compte tenu du fait que le groupe français a jusqu’à présent eu une présence limitée sur le marché automobile chinois. Mais si la Chine est aujourd’hui le laboratoire mondial de la voiture électrique, Renault peut désormais accéder à l’écosystème technologique chinois avec Ampère, tout en minimisant l’exposition aux risques industriels et aux coûts directs.
Grâce à cette structure, Ampère pourra investir dans des startups et des technologies émergentes sans contraintes rigides, en visant un modèle plus flexible, horizontal et ouvert. Le fonds prend ainsi la forme d’un pont financier et stratégique entre l’Est et l’Ouest, destiné à raccourcir la distance entre la vitesse de l’innovation asiatique et les besoins du marché européen.
Une stratégie à long terme tournée vers l’Europe
Le nouveau fonds représente l’évolution naturelle d’un parcours entamé par Renault dès 2024, avec la création de l’Advanced China Development Center (ACDC) à Shanghai, un centre de recherche créé pour développer des technologies de véhicules électriques à exporter vers le marché européen. La direction est claire : apprendre de la Chine, mais produire en Europe, en exploitant les économies d’échelle, les synergies dans la chaîne de valeur et le savoir-faire international.
Comme l’a souligné Weiming Soh, Président-directeur général de Renault Chine, « ce fonds n’est pas seulement un investissement, mais une infrastructure pour nourrir un écosystème d’innovation partagée, qui va au-delà du modèle traditionnel OEM-fournisseur ». Le groupe vise à créer un réseau international de collaboration capable de soutenir l’ensemble du cycle électrique, de la conception à la production.
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Un héritage stratégique au nom de Luca de Meo
Le moment de l’annonce est loin d’être accidentel. L’accord avec les partenaires chinois intervient quelques jours avant que Luca de Meo ne quitte la direction opérationnelle du groupe Renault, prévue le 15 juillet. Le dirigeant italien, aujourd’hui parti pour la holding de luxe Kering, laisse une empreinte claire et cohérente : une Renault de plus en plus tournée vers l’électrification, la valorisation de marques (comme Alpine et Dacia) et la recherche d’alliances stratégiques mondiales. La signature de l’accord avec Pékin apparaît donc plus comme un héritage stratégique que comme un geste de dernière minute.
À moyen terme, le fonds sino-français pourrait représenter un levier fondamental pour réduire les coûts de développement des futures générations de véhicules électriques, et faire le pont avec les géants asiatiques, aujourd’hui leaders à la fois en termes de technologie et d’échelle industrielle. L’objectif est ambitieux : construire un modèle de coopération flexible et non conventionnel, capable de surmonter la rigidité des alliances de production traditionnelles.