High-Tech
Archos: fini les smartphones low cost, bonjour les cryptomonnaies
Par Adrien Schwyter le 26.09.2018 à 11h11
INTERVIEW - Le constructeur français, pionnier des MP3 et MP4 et tablettes, abandonne la guerre des prix dans les smartphones face aux Huawei et Xiaomi. Il mise désormais avec toute son énergie sur l'essor des cryptomonnaies et des assistants connectés, explique Loïc Poirier, directeur général d'Archos.
La nouvelle vie d'Archos... dans les cryptomonnaies
Le "Safe t touch"d'Archos à 200 euros est un terminal tactile sécurisé qui permet de consulter les transactions en cryptomonnaies quelle que soit la plateforme utilisé selon le constructeur français.
ARCHOS
Archos fête ses 20 ans cette année. Et en soi c'est déjà un succès. Fondée en 1998 son nom est l'anagramme de son fondateur l'ingénieur Henri Crohas. Le constructeur français, pionnier dans les baladeurs audio ou vidéo puis les tablettes, a déjà eu l'occasion de passer plusieurs fois proche du dépôt de bilan. Face à Google, Amazon, Apple et désormais Huawei et Xiaomi, le constructeur français a dû s'adapter à de nombreuses reprises. Depuis plusieurs semestres, l'entreprise voit son chiffre d'affaires se réduire ainsi que ses pertes se creuser. Loïc Poirier, directeur général d'Archos, nous livre avec franchise ses pistes stratégiques pour se réorienter une quatrième fois. Il annonce le retrait d'Archos de la guerre des smartphones low cost face à des constructeurs chinois trop agressifs pour lui. Il explique que l'avenir d'Archos passera par les assistants connectés avec écran qu'il conçoit avec Google Assistant et bientôt Alexa d'Amazon. Sans oublier son étonnant pari dans les cryptomonnaies plus que dans la mobilité électrique.
Challenges - Lors du premier semestre 2018, les pertes d'Archos ont été de 5,1 millions d'euros et le chiffre d'affaires est en recul à 32,3 millions d'euros. Archos va-t-il rester un constructeur de smartphones ?
Nous vivons un gros tournant pour Archos, une marque qui construit des produits high tech depuis 15 années à Igny, dans l'Essonne.
Dans notre division mobilité 35% de notre chiffre d'affaires provient des smartphones, le reste des tablettes. On reste aujourd'hui le cinquième fabricant de tablettes en France même s'il y a eu une contraction de 25% sur 2 ans. Le marché français est passé de 8 à 5 millions de pièces. Ce qui est intéressant, c'est que ce marché aujourd'hui est en renouvellement.
Nous avons vendu en 2017 1,5 million de pièces dont 600.000 smartphones. A l'intérieur de nos solutions mobiles, le prix moyen des tablettes et smartphones est de 150 euros. C'est désormais bien plus compliqué sur le marché des smartphones qu'auparavant avec l'arrivée de Huawei et Xiaomi qui sont sponsorisés par leur gouvernement. Face à cela, on va aller dans des marchés différents. L'enjeu pour nous c'était de ne pas aller à la guerre pour faire un smartphone 5 pouces à 69 euros. On l'a fait, mais ce coup ci, hors de question de le refaire. Ce n'est plus viable maintenant avec le dumping pratiqué. Les produits sont distribués en dessous de leur prix de revient.
Avec ZTE Nubia, on va innover dans la mise en place de la 5G. Sur le marché des smartphones, on va vraiment aller dans de la niche pour ne pas s'exposer. L'agressivité est terrible, on ne va pas écraser les prix pour mourir doucement. On lance des smartphones pour les juniors. On a vendu 60.000 tablettes avec La Poste pour les seniors. Il y aura un énorme besoin. On fait également des produits durcis pour le marché de l'outdoor, qui grossit avec trois spécificités recherchées : la résistance au choc, l'étanchéité et une batterie durable. Cela représente 80 à 100.000 pièces par an. Sur les tablettes, on va rester numéro 5 voire pourquoi pas viser la place de numéro 4.
Quelle sera votre stratégie afin de retrouver une innovation de rupture et ne plus coller aux initiatives des concurrents ?
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