Le groupe Gaussin et sa filiale Metalliance en désaccord sur fond de litige financier
Entrée en procédure de sauvegarde le 23 janvier dernier, Metalliance, fabricant d’équipements industriels et d’engins logistiques, reproche à son actionnaire majoritaire, le groupe Gaussin, de ne pas honorer ses dettes. En face, la direction regrette une démarche judiciaire qui ralentit l’activité, alors que les carnets de commandes affichent complets.
«Nous traversons une procédure de sauvegarde avec Metalliance à Saint-Vallier (en Saône-et-Loire, ndlr) comme beaucoup d’autres entreprises en France. Ce qui est moins commun, c’est la façon dont ça a été fait», explique Arthur Denez, directeur de la communication du groupe Gaussin, dont le siège est à Héricourt (Haute-Saône). Pour le représentant de l’entreprise, reconnue dans la construction de matériel de levage et de manutention lourde, la démarche judiciaire a été engagée à l'initiative du directeur général de Métalliance, filiale fabriquant des équipements pour les tunneliers, à l’insu de son conseil d'administration comme du groupe Gaussin.
Une diversification difficile
De son côté, l’administrateur judiciaire de Metalliance, Nicolas Gricourt, estime que la procédure vise à anticiper des difficultés futures. «En 2020, Gaussin a racheté Metalliance avec l’idée de générer des synergies en s’appuyant sur la capacité de Metalliance à créer aussi des engins logistiques», rappelle-t-il. Une diversification confirmée par le groupe qui a souhaité élargir les activités de la filiale afin de la rendre moins dépendante au marché des tunneliers.
«Cette évolution d’activité a généré de nouvelles charges en ressources humaines et vis-à-vis des fournisseurs, mais aussi créé un déficit organisationnel et financier, fragilisant Metalliance» détaille l’administrateur judiciaire. De son côté, le porte-parole de Gaussin met en avant une mauvaise gestion, due aux mauvais choix stratégiques de son directeur général délégué et à une crise de gouvernance suite à l’arrivée de l’investisseur tchèque CSG.
«CSG devait apporter 25 millions d’euros, mais il n’en a versé que 15 millions pour financer la commande d’engins logistiques fabriqués par Metalliance. Il faut aussi ajouter des retards de production et donc de livraison qui ont impacté des délais de paiement» explique Arthur Denez.
Le non-paiement d'une commande au coeur du désaccord
Le cœur du désaccord entre le groupe et sa filiale porte sur le paiement d’une commande. «Metalliance a livré les véhicules logistiques à Gaussin, mais le groupe n’a pas payé les engins, ce qui entraine un manque à gagner de 10 millions d’euros», considère Nicolas Gricourt. Le point de vue d’Arthur Denez diverge : «Metalliance et Gaussin c’est un groupe, une même entité. La filiale ne facture pas le groupe, ce n’est pas un client, car c’est une filiale, donc les transactions internes ne rentrent pas dans les lignes comptables globales».
Arthur Denez rappelle qu’en 2023, la maison mère a injecté plus de 20 millions d’euros dans Metalliance à travers une augmentation du capital et de la trésorerie pour financer les activités logistiques. «Le chiffre d’affaires publié du groupe (35,7 millions d’euros en 2023) est moins bon que prévu à cause du décalage des commandes, mais ce sera récupéré au premier semestre 2024», insiste Arthur Denez.
Continuer à produire
Le représentant de Gaussin regrette désormais la judiciarisation du dossier, qui ralentit selon lui l’activité. «Nous avons un carnet de commandes ferme à 148 millions d’euros. 60% concerne l’activité logistique, ce qui confirme le choix de la diversification», estime-t-il. Le groupe souhaite dorénavant se concentrer sur ses compétences et assembler des véhicules pour honorer ses clients en s’appuyant sur son outil industriel et le savoir-faire des équipes de Metalliance (130 salariés). «Notre but est de réinstaurer un dialogue avec notre filiale et de retrouver un fonctionnement normal.» Arthur Denez et Nicolas Gricourt s’accordent d’ailleurs sur un point : la volonté de «sortir de cette situation par le haut».
Pour chacun, l’entrée d’un nouvel investisseur semble être la bonne solution. «Les investisseurs sont intéressés par un carnet de commandes ferme, un marché exponentiel de la décarbonation des véhicules et un chiffre d’affaires qui a doublé chez Metalliance depuis l’entrée de Gaussin en 2020», complète Arthur Denez qui espère profiter du carnet d’adresses du nouveau directeur général délégué, fraîchement nommé. La procédure de sauvegarde, elle, reste en place pour six mois.
-----> Si même METALLIANCE commence à attaquer GAUSSIN pour ces dérives financières.... qu'ils s'intéresse à la "coquille vide suisse" de son patron qui facture bizarrement GAUSSIN pour je ne sais quelle prestation..... AFFAIRE EN COURS....