Avec 70% de patients répondeurs, la nouvelle molécule du laboratoire Abivax pourrait concrétiser les attentes des millions de patients atteints de rectocolite hémorragique à travers le monde. Alors que la moitié des patients atteints de RCH ne répondent pas aux médicaments existants, un candidat médicament du laboratoire Abivax a montré dans une étude de Phase 2a un impressionnant taux de rémissions, donnant aux médecins et aux malades un nouvel espoir.
La rectocolite hémorragique, une inflammation du côlon cousine de la maladie de Crohn
Diarrhées, sang dans les selles, perte de poids et un déclenchement le plus souvent entre 15 et 25 ans, les symptômes de la rectocolite hémorragique ressemblent beaucoup à ceux de la maladie de Crohn. Cependant, l'inflammation à l'origine de la RCH ne s'attaque qu'aux muqueuses du rectum (anus) et au côlon (le dernier tronçon du tube digestif). La maladie de Crohn, elle, peut affecter toute la paroi de l'ensemble du tractus digestif - bien qu'elle s'en tienne le plus souvent à l'intestin grêle et/ou le côlon. Les deux maladies sont chroniques et ne se guérissent pas : les patients qui en souffrent, qu'on estime à 3 millions d'individus en Europe et 1,5 millions aux Etats-Unis, doivent donc prendre des médicaments toute leur vie. En France, environ 150.000 patients souffrent de RCH, et 100.000 de la maladie de Crohn. La RCH et la maladie de Crohn sont "des maladies récentes", d'après le Pr Séverine Vermeire, Directrice du département de médecine expérimentale et clinique à l'hôpital de Louvain (Belgique) et ancienne présidente de la European Crohn’s and Colitis Organisation (ECCO), interrogée par Sciences et Avenir. Elles sont apparues, surtout en Europe, "dans les années 60 à 80", avec une ampleur prouvant "que cela n'était pas dû à des facteurs génétiques", qui ne pourraient se répandre à cette vitesse. "Des études montrent que ces maladies se déclenchent notamment à cause des additifs - comme les émulsifiants ou les colorants - que contient notre nourriture moderne", explique le Pr Vermeire. Ainsi, seuls 20% des patients atteints de ces maladies ont un autre membre de la famille également malade, prouvant un facteur de risque génétique. De nombreux pays asiatiques comme la Chine ou le Japon "devraient bientôt dépasser l'Europe et les Etats-Unis" en nombre de malades, à cause de l'adoption du régime "occidental", d'après le Pr Vermeire.
La moitié des patients ne répondent pas aux médicaments
S'il existe des médicaments pour soulager la RCH, ils ne suffisent pas à soulager tous les patients. Et lorsqu'il n'y a plus d'autres options, c'est l'ablation pure et simple du côlon qui est envisagée. Mais cette opération, qui n'est pas sans conséquences sur la qualité de vie, ne résout le problème que dans la moitié des cas… Pour les autres, l'inflammation se répand à nouveau depuis le rectum vers le petit intestin qui lui a été directement attaché. En conséquence, patients comme médecins espèrent l'arrivée de nouveaux médicaments efficaces. En effet, seuls "40 à 50%" répondent bien aux anti-TNF, les biothérapies injectables pourtant considérées comme une "révolution" lors de leur arrivée sur le marché début 2000