Nippon Steel intensifie ses efforts à l'étranger
Les États-Unis sont considérés comme un marché de croissance face à la baisse de la demande d'acier au Japon
Président Hashimoto: la logique économique sous-tend la prime
(Ajoute d'autres commentaires et reformule avec des détails dans les paragraphes 1-2, 5-8, 11) par Yuka Obayashi et Mariko Katsumura
TOKYO, 19 décembre (Reuters) - Nippon Steel a déclaré mardi que son accord de 14,1 milliards de dollars pour acheter U.S. Steel l'aiderait à accéder à un nouveau marché de croissance, alors que les inquiétudes concernant l'énorme prime payée par le quatrième sidérurgiste mondial ont fait chuter ses actions de 6 %.
Ces dernières années, Nippon Steel a cherché à se développer à l'étranger, car la diminution de la population au Japon, où il réalise près des trois cinquièmes de son chiffre d'affaires, assombrit les perspectives de la demande d'acier haut de gamme utilisé pour les automobiles et les produits électroniques.
L'acquisition ajoutera 20 millions de tonnes d'acier brut à sa capacité de 66 millions de tonnes et fera de Nippon Steel un plus grand fournisseur de l'industrie automobile américaine, qui augmente sa production à la suite des récents accords conclus par les principaux constructeurs automobiles avec les syndicats.
"Nippon Steel vise à compléter son réseau mondial en s'implantant aux États-Unis, où la demande d'acier devrait augmenter", a déclaré son président, Eiji Hashimoto, lors d'une conférence de presse.
"U.S. Steel n'est pas un concurrent pour nous sur le marché américain ou ailleurs, nous pouvons donc objectivement dire qu'il s'agit de la meilleure solution", a-t-il ajouté.
L'Amérique du Nord n'a contribué qu'à hauteur de 12 % au chiffre d'affaires total de Nippon Steel au cours de son dernier exercice fiscal, qui s'est achevé en mars. L'accord marque l'accélération des efforts déployés par l'entreprise à l'étranger pour réduire sa dépendance à l'égard du Japon.
L'année dernière, les ventes nettes de U.S. Steel en Amérique du Nord se sont élevées à 16,8 milliards de dollars, soit plus du double du chiffre d'affaires d'environ 957 milliards de yens (6,7 milliards de dollars) que Nippon Steel a réalisé en Amérique du Nord au cours de l'exercice fiscal précédent.
L'année dernière, Nippon Steel a pris des participations majoritaires dans deux aciéries à four électrique en Thaïlande et, en 2019, l'entreprise japonaise a racheté, avec ArcelorMittal, l'entreprise indienne Essar Steel.
Cette dernière acquisition intervient un mois après que Nippon Steel, qui compte Toyota Motor parmi ses principaux clients, a annoncé un accord de 1,3 milliard de dollars (link) pour prendre une participation de 20 % dans l'unité de charbon sidérurgique du mineur canadien Teck Resources .
ÉNORME PREMIUM
"Cet accord va propulser Nippon Steel dans le top 3 des fabricants mondiaux d'acier", a écrit l'analyste japonais Mark Chadwick sur la plateforme de recherche Smartkarma.
"À bien des égards, Nippon Steel paie une prime énorme. En termes simples, l'offre évalue U.S. Steel à une valeur d'entreprise () de 750 $/tonne, bien plus élevée que la valeur d'entreprise de Nippon Steel, qui est de 560 $/tonne."
Les actions de Nippon Steel ont chuté de 5,5 % dans les premiers échanges à Tokyo, atteignant leur plus bas niveau depuis juillet, avant de réduire leurs pertes pour s'échanger contre une baisse de 2,6 %.
Le géant japonais de l'acier a conclu l'accord avec une offre de 55 dollars par action en espèces, ce qui représente une prime énorme de 142 % par rapport au cours de l'action de U.S. Steel le 11 août, dernier jour de bourse avant que Cleveland-Cliffs ne dévoile une offre de 35 dollars par action en espèces et en actions.
Elle paie l'équivalent de 7,3 fois le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement sur 12 mois de U.S. Steel (Ebitda), selon les données du LSEG.
Lorsqu'on lui a demandé comment Nippon Steel pouvait justifier le paiement d'une prime aussi élevée, M. Hashimoto a répondu qu'il existait une "logique économique suffisante", sans donner plus de détails.
L'entreprise n'a donné aucune indication sur la valeur des synergies qui résulteront de l'opération.
"Les deux entreprises combinées détiendront une part importante du marché mondial de l'automobile et semblent bien placées pour bénéficier de la transition vers les moteurs de véhicules électriques, connus sous le nom d'e-steel", a déclaré M. Chadwick.
"Malgré cela, il est difficile de s'enthousiasmer étant donné les coûts imminents de la décarbonisation de l'industrie
Le secteur de l'automobile et des transports a représenté près d'un quart des expéditions d'acier en provenance des installations nord-américaines de U.S. Steel en 2022, selon le rapport annuel de l'entreprise.
U.S. Steel fournit également de l'acier pour les infrastructures d'énergie renouvelable telles que les turbines éoliennes et devrait donc bénéficier de la loi américaine sur la réduction de l'inflation (IRA), qui prévoit des crédits d'impôt et d'autres mesures incitatives pour de tels projets.
Les actions de U.S. Steel ont augmenté de 26 %, à 49,59 dollars, lundi, à la suite de l'annonce de l'accord.
