par Jonathan Saul et Jarrett Renshaw
Le gouvernement américain réfléchit à un moyen d'arraisonner les navires transportant du pétrole iranien dans le cadre d'un mécanisme international, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier.
Donald Trump entend appliquer une "pression maximale" sur la République islamique pour la dissuader de se doter de l'arme nucléaire, en l'isolant de l'économie mondiale et en bloquant ses exportations de pétrole.
Deux "paquets" de sanctions ont été adoptés depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, ciblant les navires "fantômes" qui transportent le pétrole iranien. Des mesures similaires avaient déjà été prises sous la présidence de son prédécesseur Joe Biden, ce qui n'avait pas empêché Téhéran d'augmenter ses exportations grâce à un système complexe de contrebande.
L'administration de Donald Trump étudie désormais un moyen de contrôler les navires iraniens en mer dans des zones de transit majeures comme le détroit de Malacca, selon six sources ayant requis l'anonymat.
Ces inspections viseraient à perturber les livraisons de brut iranien et exposeraient les parties impliquées à des sanctions, ont-elles expliqué.
"On n'a pas besoin de couler des navires ou arrêter des gens pour obtenir cet effet dissuasif", a dit l'une des sources. "Le retard dans les livraisons (...) installe de l'incertitude dans ce réseau de commerce illicite."
L'une des options envisagées par Washington est de recourir à l'Initiative de sécurité en matière de prolifération pour justifier ces inspections. Ce programme de coopération internationale, signé par une centaine de pays, a été lancé en 2003 pour enrayer le trafic d'armes de destruction massive.
Ce mécanisme permettrait aux pays signataires de procéder à des arraisonnements de pétroliers iraniens à la demande de Washington, a dit l'une des sources interrogées par Reuters.
De précédentes tentatives d'arraisonnement de navires pétroliers iraniens ont toutefois conduit Téhéran à mener des actions de représailles.
En 2023, les Etats-Unis ont ainsi tenté de bloquer au moins deux cargaisons de pétrole iranien, incitant l'Iran à saisir plusieurs navires étrangers, dont l'un affrété par le groupe américain Chevron, ce qui a accru les tensions sur le marché pétrolier et provoqué une hausse des cours mondiaux du brut.
L'environnement actuel serait cependant plus propice pour ce genre d'initiative, selon l'expert en énergie Ben Cahill, de l'Université du Texas.
"Je pense que si les prix restent à 75 dollars le baril, la Maison blanche aura plus de latitude (...). Ce serait beaucoup plus difficile avec un baril à 92 dollars", a-t-il dit.
Malgré les sanctions mises en place ces dernières années, les exportations de pétrole iraniennes ont rapporté 53 milliards de dollars (48,9 milliards d'euros) à Téhéran en 2023 et 54 milliards l'an dernier, essentiellement grâce au commerce avec la Chine, selon les estimations de l'Agence américaine d'information sur l'énergie.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)
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