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Voyageurs du Monde : un peu moins bien que prévu, sans parler de Thomas Cook, et alors ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 14/11/2019 à 15:46

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Voyageurs du Monde est le spécialiste français du voyage sur mesure. (crédit : Quang Nguyen Vinh / Pexels)

Voyageurs du Monde est le spécialiste français du voyage sur mesure. (crédit : Quang Nguyen Vinh / Pexels)

Avec les rendements plus que faibles dégagés par les obligations ces derniers temps, et avec notamment les rendements de certains titres devenus négatifs, tels les emprunts d'Etat à 10 ans allemand (les "bunds") et français (les "OAT"), et tous les commentaires que cette situation, qui peut paraître périlleuse à bien des égards, a inspiré, on voit revenir, pour ne pas dire ré-émerger, un intérêt mesuré pour les actions dans le discours ambiant.

Et, pourtant, les actions sont à tout prendre de très mauvais véhicules d'investissements, avec leur volatilité incontrôlable, une faible visibilité sur le revenu qu'elles peuvent générer avec les dividendes qu'elles paient quand elles le veulent bien, et leur épouvantable sensibilité aux perspectives économiques. Lesquelles perspectives, comme chacun sait, sont terrifiantes, puisque la récession, voire la dépression, et donc le grand krach boursier sont au coin de la rue, au dire de beaucoup de beaux esprits en tout cas.

Ce à quoi on peut répondre que les actions ont toujours été comme ça, qu'il faut donc faire avec, et ne pas se formaliser pour si peu. Et, au contraire, qu'il faut éventuellement s'en féliciter : si les actions étaient toutes des petites rentes bien pépères, on n'en aurait pas besoin d'en mitiger le risque en les incluant dans des portefeuilles. Des portefeuilles qui, selon les meilleures études statistiques (ou selon la tradition orale des marchés, qui sait), doivent comporter au moins 20 à 25 titres pour que la diversification commence à jouer. Ce qui, faut-il le rappeler ? est la raison d'être du beau métier de gérant.

Des gérants qui, de fait, avant même de parler de leurs talents de stock-pickers, c'est-à-dire de leur habileté pour détecter les bonnes affaires sur des marchés qui sont, contrairement à ce que veut la théorie financière, loin d'être efficients, Dieu merci, ont une utilité première : prendre les coups à la place des autres.

Parce que l'on peut prendre des coups sur les marchés d'actions, c'est un fait, et tel titre d'une société qui a tout pour plaire : croissance, rentabilité, bilan (et avant toute chose bonne génération de cash), et qui de fait plait beaucoup aux analystes et aux investisseurs, et, en d'autres termes, est une "darling" dont le cours de Bourse surperforme allègrement les indices, peut assez vite basculer, pour toutes sortes de raisons, dans les "doldrums" du marché. Un terme anglo-saxon très classique que l'on pourrait traduire par "cul de basse-fosse", autrement dit un endroit dont il n'est pas toujours facile de remonter.

Défiance générale pour le secteur du voyage

Voyageurs du Monde, coté sur Euronext Growth (ALVDM) constitue éventuellement une bonne illustration de ce qui a été énoncé précédemment : le titre valait 150€ au printemps 2018, après que la société ait publié de bons résultats 2017, et après un parcours boursier rien moins que flamboyant, puisque le cours était de 40€ début 2016. Mais il ne vaut plus que 105€ environ, et sous performe très largement, avec un cours en baisse de -9% depuis le début de l'année pour un CAC 40 à plus de +20%.

Comme souvent, l'histoire boursière a un peu changé, avec I) des résultats semestriels 2019 qui ont déçu les attentes des analystes, lesquels sont donc à présent, et comme il se doit, plutôt neutres sur la valeur, et II) éventuellement une défiance générale des investisseurs pour le secteur du voyage, alimentée par la faillite retentissante d'un très grand acteur en septembre : Thomas Cook, apparemment lâché par ses banques, et aussi par les mauvaises nouvelles émises par le plus grand voyagistes européen : l'allemand TUI, à propos de son activité en France. Celle-ci est de fait est en perte depuis des années, voire depuis toujours, puisqu'une bonne partie de cette activité est l'ex-Nouvelles Frontières, que son fondateur emblématique n'avait jamais réussi à rentabiliser vraiment malgré un développement fracassant.

Une bonne explication de ce phénomène étant que le marché français du voyage est compliqué, bien plus compliqué que, par exemple, ce que TUI fait très bien depuis des années : emmener les Européens du Nord en vacances au soleil de la Méditerranée, avec des offres packagées qui reposent sur des moyens très intégrés, soit des compagnies aériennes et des hôtels en propre.

Distribution intégrée et multicanale

Le touriste français demande bien plus, semble-t-il, et ce que TUI ne sait peut-être pas faire, Voyageurs du Monde, un voyagiste qui n'est pas tout petit non plus, avec un chiffre d'affaires attendu pour cette année de près de 500 millions d'euros et 1.350 salariés, le fait apparemment très bien : organiser des voyages individuels, l'essentiel de son activité, avec deux offres différenciées : I) le voyages d'aventure : trekking + voyages à vélo, avec des belles marques comme Terre d'Aventure, Allibert Trekking, et Nomade Aventure, et II) le voyage sur-mesure, avec Voyageur du Monde, leader en France, et Comptoir des Voyages. Le tout avec beaucoup de conseil personnalisé, des destinations très variées, une forte dimension locale et un niveau de service très élevé, qui reposent sur un réseau de conciergeries implantées sur place, prêts à résoudre tous les problèmes, et répondre à toutes les demandes des clients. Sans parler de deux bateaux sur le Nil, et de guesthouses en propre dans plusieurs pays. La distribution est par ailleurs totalement intégrée, et multicanale : 17 agences, les Cités des Voyageurs implantées à Paris, dont la boutique historique du 55 rue Sainte Anne, dans les métropoles régionales françaises, à Bruxelles, Genève, Montréal et Québec, sites web, et téléphone.

Autant de points forts qui laissent penser que la société n'a éventuellement pas fini de grandir, tout en restant tout à fait profitable, et avec un bilan des plus solides qui plus est, même si ledit bilan est bien aidé par les avances des clients, ce qui est un des à-côtés agréables de ce métier. Et qui laissent donc penser aussi que, les fondamentaux étant toujours là, la mauvaise passe boursière n'aura éventuellement qu'un temps, et que ceux qui seront restés de marbre en encaissant ce mauvais coup finiront par avoir à nouveau raison. Les actions ont toujours été comme ça, c'est bien connu.

Jérôme Lieury - Analyste Senior - Olier Etudes & Recherche - Membre du Cercle des Analystes Indépendants – www.olier-etudes-recherche.fr

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