Selon le syndicat, le projet de fusion des poids-lourds de l'aérospatiale pourrait mener à un monopole dont pâtiraient les agences spatiales du CNES et de l'ESA.

Un décollage d'une fusée Ariane 6 de l'Agence spatiale européenne, en juillet 2024, depuis Kourou (illustration) ( AFP / JODY AMIET )
L'Europe de l'Espace va t-elle passer par l'alliance de ses grands industriels? La CGT a mis en garde mardi 21 octobre contre le "monopole" que créerait une fusion des activités de satellites d' Airbus , Thales et Leonardo, et prévenu que les suppressions d'emploi en cours mettaient "en péril le maintien des compétences".
Airbus et Thales, basés en France, et Leonardo, en Italie, mènent actuellement des discussions en vue d'une telle fusion, un projet baptisé "Bromo", l'ambition étant de signer un protocole d'accord avant la fin de l'année.
Ce conglomérat, s'il finit par être créé et autorisé par la Commission européenne, aurait une valorisation de quelque 7,5 milliards d'euros selon le patron de Leonardo, permettant à l'Europe de mieux rivaliser avec les Américains, dont le Starlink de SpaceX, et la Chine. Mais pour la CGT Métallurgie, cet argument n'est qu'un "prétexte mensonger".
La CGT craint un mastodonte capable d'imposer ses prix aux agences spatiales
"De l'aveu même de nos dirigeants, Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space gagnent presque tous les contrats qu'ils souhaitent et ont un carnet de commandes record qu'ils ont du mal à honorer", a assuré le syndicat dans un communiqué. Il a fait valoir que "les entreprises européennes sont déjà leaders en matière de satellites de télécommunications géostationnaires, d'observation de la Terre, de constellations, de services aux entreprises et Etats, d'exploration spatiale, de navigation".
Pour la CGT, "la vraie raison du projet Bromo est de créer un monopole permettant d'imposer ses prix et d'affaiblir le pouvoir des agences" spatiales française CNES et européenne ESA, ainsi que " d'augmenter les marges et les bénéfices pour les actionnaires, au détriment de l'intérêt des citoyens, de la gouvernance publique du secteur et de l'emploi".
L'organisation a aussi prévenu que les plans de suppressions d'emploi en cours chez Airbus et Thales dans les branches satellitaires "mettent en péril le maintien des compétences, la capacité à exécuter les nombreux contrats déjà signés et à se projeter vers l'avenir".
Selon la CGT, "les effectifs d'Airbus DS et de Thales AS ont déjà diminué de plus de 400 et 700 personnes respectivement depuis début 2024". "Les premiers intéressés, à savoir les salariés, sont tenus à l'écart de toute transparence sur le contenu des discussions en cours", a aussi regretté le syndicat. En juillet dernier, la CFDT avait déjà affiché ses réticences face au projet de fusion. Le syndicat faisait alors valoir "le risque d'une perte de marché au bénéfice de l'Allemand OHB", devenu seul compétiteur en Europe, ou encore "la perte d'efficacité d'une entreprise devenue trop grosse".
Sollicité par l'AFP, Airbus n'a pas souhaité s'exprimer. Quant à Thales, il a répondu qu'"aucun accord n'a été trouvé à ce stade. Nous poursuivons notre travail. Tout autre commentaire serait prématuré".
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