
Le président des États-Unis Donald Trump prononce un discours à la Maison Blanche à Washington, D.C
par David Lawder et Chayut Setboonsarng
Le président américain Donald Trump a présenté vendredi un décret instaurant une augmentation des droits de douane imposés aux importations en provenance de dizaines de pays, dont le Canada, la Suisse, le Brésil, l'Inde ou encore Taiwan.
Les nouveaux taux incluent des barrières douanières de 35% sur de nombreux produits canadiens, 50% pour le Brésil, 25% pour l'Inde, 20% pour Taïwan et 39% pour la Suisse. L'ordre présidentiel prévoit des hausses comprises entre 10% et 41% qui entreront en vigueur dans sept jours, portant le taux effectif moyen des droits américains à environ 18%, contre 2,3% l'an dernier, selon Capital Economics.
Les marchés ont réagi négativement : le CAC 40 se repliait de 2,1% vers 12h40 GMT tandis que l'indice paneuropéen Stoxx 600 perdait 1,7% et les contrats à terme sur le S&P 500 américain cédaient 1%.
Wei Yao, cheffe économiste Asie chez Société Générale, a souligné que la réaction restait moins brutale qu'en avril. "Nous nous habituons à l'idée que des droits de 15 à 20% sont gérables et acceptables, parce que les menaces antérieures étaient plus sévères", a-t-elle déclaré.
Mais les nouvelles mesures tarifaires interviennent alors que les prix repartent à la hausse. Des données publiées jeudi par le département américain du Commerce montrent que les prix des meubles et équipements ménagers durables ont bondi de 1,3% en juin, leur plus forte hausse depuis mars 2022.
PAS DE GAGNANTS
Les pays visés ont indiqué vouloir négocier avec Washington pour réduire les taux. La Suisse a déclaré vouloir une "solution négociée" tandis que le président taïwanais Lai Ching-te a qualifié les droits de douane annoncés de "temporaires" et dit espérer un taux plus bas. Le ministre sud-africain du Commerce Parks Tau a quant à lui affirmé chercher des "mesures concrètes" pour protéger l'emploi face à un droit de 30%.
En Asie du Sud-Est, les gouvernements ont accueilli avec soulagement des taux inférieurs aux menaces initiales, avec une moyenne de 19% sur les principales économies de la région. Le ministre thaïlandais des Finances Pichai Chunhavajira a salué la baisse de 36% à 19%, estimant qu'elle renforcerait la compétitivité du pays et stimulerait la croissance.
L'Australie, épargnée par une hausse, conserve un taux minimum de 10%. Le ministre du Commerce Don Farrell a déclaré que cela rendrait les produits australiens plus compétitifs aux États-Unis.
Mais les analystes restent sceptiques. "Il n'y a pas de vrais gagnants dans les conflits commerciaux", a commenté Thomas Rupf, co-responsable à Singapour et directeur des investissements Asie chez VP Bank.
"Les droits nuisent aux Américains comme à nous", a renchéri Johannes Selbach, viticulteur dans la vallée de la Moselle, en Allemagne.
"Des milliers de familles en Europe et aux États-Unis dépendent de ces échanges", a-t-il ajouté, évoquant des pertes d'emplois et de revenus.
Tous les autres pays non mentionnés dans les ordres exécutifs de Trump seront soumis à des droits de douane de 10%. Le président avait auparavant évoqué un taux plus élevé. L'administration a également laissé entendre que d'autres accords commerciaux étaient en préparation.
CANADA, INDE, CHINE
Le président républicain a invoqué des pouvoirs d'urgence et accentué la pression sur ses partenaires, malgré les turbulences boursières provoquées par ses annonces initiales en avril.
Dans son décret, Trump affirme que certains pays "n'ont pas proposé de conditions suffisantes pour corriger les déséquilibres commerciaux ou ne se sont pas suffisamment alignés sur les intérêts économiques et sécuritaires des États-Unis".
Un décret distinct impose des droits de 35% sur les produits canadiens liés au fentanyl, contre 25% auparavant. Donald Trump accuse Ottawa de ne pas avoir coopéré dans la lutte contre les flux de stupéfiants. Cette décision contraste avec le sursis de 90 jours accordé au Mexique pour négocier un accord plus large.
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est dit déçu et a promis de défendre l'emploi et de diversifier les exportations.
La Chine a jusqu'au 12 août pour conclure un accord tarifaire durable. Un responsable américain a indiqué que des progrès étaient réalisés.
En Inde, des sources gouvernementales ont déclaré à Reuters que des nouvelles négociations étaient en cours avec Washington.
L'Union européenne a conclu fin juillet un accord-cadre avec Washington instaurant un droit uniforme de 15%. Le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a salué un accord qui "renforce la stabilité pour les entreprises et la confiance dans l'économie transatlantique".
(Avec la contribution des bureaux de Reuters, version française Nicolas Delame, édité par Augustin Turpin)
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