par Nandita Bose
Le président américain Donald Trump a réitéré mercredi devant son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, reçu à la Maison blanche, des accusations de persécution et de massacres de Blancs en Afrique du Sud, l'un des principaux points de contentieux entre leurs deux pays.
Pretoria rejette les accusations selon lesquelles les Blancs sont spécifiquement visés de manière disproportionnée par des crimes. Le taux d'homicide est élevé en Afrique du Sud; la grande majorité des victimes sont noires.
Alors que leur rencontre avait débuté sur un ton cordial, Donald Trump, assis dans le Bureau ovale au côté de Cyril Ramaphosa, a demandé que soit diffusée une vidéo supposée démontrer un génocide des Blancs en Afrique du Sud avec, a-t-il dit, les tombes de milliers d'agriculteurs blancs.
Cyril Ramaphosa, resté globalement impassible durant la diffusion de cette vidéo, a dit ensuite n'avoir jamais vu de telles images auparavant, demandant au président américain des précisions sur le lieu exact où les images ont été filmées.
S'abstenant de répondre, Donald Trump a alors brandi ce qu'il a présenté comme des copies imprimées d'articles de presse rapportant le meurtre de citoyens sud-africains blancs. "Mort, mort", a-t-il dit, en passant d'une feuille à l'autre.
Cyril Ramaphosa a admis qu'il y avait des crimes en Afrique du Sud, en précisant que la majorité des victimes étaient noires. Donald Trump l'a sèchement interrompu: "Les agriculteurs ne sont pas noirs".
Le président sud-africain a alors dit être prêt à discuter avec son homologue américain de ses "préoccupations".
Depuis plusieurs mois, Donald Trump critique une loi sud-africaine destinée à réparer les injustices foncières de l'apartheid, alors que trois quarts des terres agricoles étaient toujours contrôlées par des Blancs selon un recensement de 2017. Une loi adoptée en 1950 avait octroyé aux descendants de colons néerlandais quelque 85% des terres sud-africaines, délogeant 3,5 millions de personnes noires de leurs terres ancestrales.
Le chef de la Maison blanche s'en est aussi pris à plusieurs reprises à l'Afrique du Sud pour avoir déposé en janvier 2024 devant la Cour internationale de justice (CIJ) une plainte accusant Israël de génocide dans la bande de Gaza.
Donald Trump a dit mercredi devant les journalistes s'attendre à ce que cette plainte ne débouche sur rien. Les Etats-Unis, de même qu'Israël, ne reconnaissent pas la compétence de la CIJ.
Illustration de son mécontentement à l'égard de l'Afrique du Sud, le président américain a supprimé des aides destinées au pays, expulsé l'ambassadeur sud-africain aux Etats-Unis et proposé d'accueillir des membres de la communauté des Afrikaners se disant victimes de discriminations raciales que Pretoria décrit comme infondées.
(Nandita Bose, avec Daphne Psaledakis à Washington, Nellie Peyton, Siyanda Mthethwa, Tim Cocks et Colleen Goko-Petzer à Johannesburg; version française Jean Terzian, édité par Bertrand Boucey)
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