Le président américain Donald Trump a pressé vendredi son homologue ukrainien Volodimir Zelensky de céder à la Russie des pans du territoire ukrainien, ont déclaré dimanche deux personnes au fait de la question, rapportant que Kyiv a été déçu par la réunion qui s'est tenue à la Maison blanche.
D'après ces deux sources, Donald Trump a également refusé de fournir à l'Ukraine des missiles de croisière Tomahawk, qui auraient permis à Kyiv de frapper plusieurs grandes villes à l'intérieur de la Russie, et a dit songer à fournir des garanties sécuritaires aux deux pays - des commentaires que la délégation ukrainienne a trouvé déroutants.
Le Financial Times a rapporté en premier lieu des éléments de la réunion entre Donald Trump et Volodimir Zelensky à la Maison blanche.
Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès de la Maison blanche et de la présidence à Kyiv.
Donald Trump a publiquement appelé vendredi à un cessez-le-feu qui gèlerait les lignes de front entre la Russie et l'Ukraine, une hypothèse approuvée par Volodimir Zelensky dans des commentaires que celui-ci a effectués devant la presse.
Une troisième source au fait des discussions a déclaré que le président américain a formulé cette proposition après que son homologue ukrainien a exclu l'idée de céder volontairement des territoires à Moscou. "La réunion s'est conclue avec la décision (de Donald Trump) de sceller un accord 'en l'état', sur la ligne de démarcation", a dit cette source.
Si la rencontre de vendredi entre les deux dirigeants n'a pas tourné à la catastrophe, à l'image de la vive altercation qui les avait publiquement opposés en février dernier, elle constitue toutefois une déception pour Volodimir Zelensky, qui espérait convaincre Donald Trump de fournir à Kyiv des missiles Tomahawk.
Ces dernières semaines, des signes laissaient penser que le président américain était disposé à apporter son plein soutien à l'Ukraine face à la Russie, plutôt que de s'activer pour conclure un cessez-le-feu. Le chef de la Maison blanche avait par exemple déclaré le mois dernier, en marge de l'Assemblée générale de l'Onu, que Kyiv pourrait être en mesure de récupérer les territoires conquis par Moscou depuis le début de son invasion en février 2022.
INFLUENCÉ PAR POUTINE ?
Mais la réunion de vendredi suggère que Donald Trump pourrait de nouveau pousser pour un accord russo-ukrainien au plus vite, quitte à ce que cet accord soit défavorable et difficile à accepter pour Kyiv. D'après les sources, Washington a souligné durant les discussions qu'un accord rapide était essentiel.
A la veille de recevoir Volodimir Zelensky, le président américain s'est entretenu pendant plus de deux heures par téléphone avec Vladimir Poutine, faisant alors état de "progrès" et annonçant la tenue prochaine d'un sommet bilatéral avec son homologue russe.
"Ce fut plutôt mauvais", a déclaré l'une des sources à propos de la rencontre entre Donald Trump et Volodimir Zelensky à la Maison blanche. "Le message a été: 'Votre pays va geler, et votre pays va être détruit'" si Kyiv ne conclut pas un accord avec Moscou.
Une source distincte a nié que Donald Trump a prévenu que l'Ukraine serait "détruite".
Donald Trump semble avoir été influencé par sa discussion téléphonique avec Vladimir Poutine, ont dit deux des sources. Selon le Washington Post, le président russe a proposé jeudi un échange de territoires qui verrait l'Ukraine céder les régions de Donetsk et Louhansk pour récupérer de petites parties des régions de Zaporijjia et Kherson.
C'est précisément cet échange que Washington a proposé à Kyiv vendredi, a déclaré l'une des sources.
Les autorités ukrainiennes considèrent que les portions de Donetsk et Louhansk qu'elles contrôlent toujours sont cruciales. Céder ces territoires rendrait l'ensemble du pays plus vulnérable face à de potentielles offensives supplémentaires de Moscou, pense-t-on à Kyiv, a rapporté l'une des sources, décrivant un tel échange comme un "suicide".
Deux des sources ont déclaré que l'émissaire spécial Steve Witkoff a été l'un des représentants américains les plus agressifs dans les discussions pour pousser la délégation ukrainienne à accepter l'échange de territoires proposé. Witkoff a souligné qu'une partie des habitants des régions de Donetsk et Louhansk était russophone - un argument qu'il avait déjà utilisé publiquement cette année.
(Gram Slattery à Washington et Tom Balmforth à Londres, avec la contribution de Ronald Popeski et Humeyra Pamuk; version française Jean Terzian)
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