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Tivoly : marque forte et long-termisme, la PME familiale par excellence
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 20/05/2021 à 08:00

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

"Basé en Savoie,  Tivoly conçoit, produit et commercialise des outils coupants : forets, fraises, tarauds, alésoirs, pour le travail du métal, pour le ponçage, le sciage, le tronçonnage, le défonçage du bois" (crédit : Tivoly)

"Basé en Savoie, Tivoly conçoit, produit et commercialise des outils coupants : forets, fraises, tarauds, alésoirs, pour le travail du métal, pour le ponçage, le sciage, le tronçonnage, le défonçage du bois" (crédit : Tivoly)

La monnaie est un voile, ne l'oublions pas

Le monde court à la catastrophe, c'est évident : les Banques Centrales fabriquent beaucoup trop de monnaie pour soutenir des gouvernements surendettés, ce qui crée des bulles sur les marchés d'actifs, lesquelles bulles ne peuvent qu'exploser un jour, notamment sur les marchés d'actions, qui ont beaucoup trop monté depuis un an. Des marchés qui ne veulent toujours pas refléter des perspectives économiques nécessairement noires à moyen-terme, puisque l'inflation revient en force et, avec elle en toute logique une hausse des taux d'intérêts qui va mettre à genou les emprunteurs inconséquents, Etats ou entreprises de toutes tailles. Etc… etc…
Ce à quoi on peut opposer cependant le fait que le pire n'est jamais sûr, indéniablement, et qu'il ne faut peut-être pas trop se laisser hypnotiser par les montants pharamineux de milliers de milliards de dollars ou d'euros qui s'empilent dans les bilans de Banques Centrales : selon la théorie économique classique, "la monnaie est un voile", et rien de plus.

C'est d'ailleurs un peu l'impression que l'on a eu il y a une dizaine d'années lorsque, contre toute attente, la première vague de création monétaire pléthorique par les Banques Centrales, les fameux QE (pour "qantitative easing", traduit élégamment par "assouplissement quantitatif") lancés pour sauver les systèmes bancaires en déroute, n'a généré aucune tension inflationniste perceptible. Au grand dam de nombre d'économistes, qui ont depuis sagement renoncé à expliquer ce phénomène, pourtant bien étonnant.

La Bourse n'a pas perdu sa capacité d'anticipation, bien au contraire

Pour enfoncer un peu plus le clou, on peut remarquer rétrospectivement que ces marchés d'actions qui ont bien trop remonté depuis un an n'ont fait qu'anticiper le rebond fort des économies après leur effondrement du 1er semestre 2020. Un rebond que beaucoup de commentateurs en tous genres n'a pas vu venir, peut-être parce que cette rupture brutale de toutes les tendances avait bien cassé les modèles de prévisions, aussi sophistiqués soient-ils, et peut-être aussi parce qu'il a fallu un peu de temps, ce qui est bien normal, pour prendre la mesure de l'impact de deux nouveautés économiques intéressantes : l'indemnisation du chômage partiel et les prêts garantis par l'Etat.

On notera que dans cette belle hausse, les petites valeurs font plutôt mieux que les grandes, avec pour le marché français un indice Cac Small en progression de +16% depuis janvier, ce qui, là aussi, est plutôt bon signe quant à l'évolution de la conjoncture à moyen-terme. Une évolution dont devrait logiquement bénéficier Tivoly (ALTIV ; 22€), une PME industrielle familiale plutôt discrète cotée sur Euronext Growth, et une small cap qui capitalise 24 millions d'euros environ aujourd'hui.

Tivoly : industriel avant tout

Basé à Tours en Savoie (73), dirigé et contrôlé par la famille fondatrice, Tivoly conçoit, produit et commercialise des outils coupants : forets, fraises, tarauds, alésoirs, pour le travail du métal, pour le ponçage, le sciage, le tronçonnage, le défonçage du bois, des outils utilisés principalement sur des perceuses, ponceuses, etc…. à main, par les bricoleurs, les artisans du bâtiment, et les industriels. Avec aussi une petite activité dans le médical, avec des instruments pour dentistes (fraises, limes, forets d'implantologie dentaire) sous la marque Thomas, Tivoly a réalisé en tout un chiffre d'affaires de 69 millions d'euros en 2020, dont 68% en France et 16% aux USA, avec 605 salariés. La société a 60% environ de son activité avec sa division Consumer, qui vend aux chaînes de magasins de bricolages et aux grossistes en matériaux de construction, et 40% avec sa division Industrie. Laquelle sert toute sorte de secteurs : aéronautique (20% de l'activité de cette division, Airbus et ses filiales, Dassault Aviation, Lisi, etc…), automobile, ferroviaire, etc…, le plus souvent avec des outils coupants, toujours pour le petit outillage d'atelier, mais des outils pour travailler des matériaux variés et conçus souvent selon les spécifications du client.

Tivoly est un industriel avant tout, avec un outil de production "state of the art", dans trois usines en France (Tours en Savoie, Saint-Etienne, Bourges), une usine en Espagne, une en Chine près de Shanghai, et enfin une autre aux USA (Vermont), qui est le plus gros site industriel du groupe. La société a aussi une filiale commerciale au Mexique pour vendre les productions espagnoles, et un atelier en Grande-Bretagne. Elle source toutefois la moitié des produits de la division Consumer, en partie auprès de sous-traitants partenaires de long terme, qui fabriquent le plus souvent des produits conçus en interne par Tivoly, et en partie en négoce, soit des produits fabriqués en Chine, mais avec le plus souvent une finition et un packaging réalisé en interne, notamment pour des produits commercialisés sous marque de distributeur.

PME, mais pas si petite que ça

Qui s'attarde un peu devant les linéaires des magasins de bricolage peut constater de visu que Tivoly est une marque forte, qui détient une bonne part de marché en France, même si c'est variable selon les enseignes, face à des concurrents pourtant très puissants comme Bosch, Black & Decker, Dexter, Wolfcraft, De Walt, ou encore des marques de distributeurs comme Inventiv, de Mr Bricolage. Un résultat qui doit vraisemblablement beaucoup à un positionnement qualité/premium, et une innovation permanente pour renouveler les produits, avec à la fois des produits anciens revus et de nouveaux produits, et plusieurs équipes de développement, dont une en Chine.
La branche Industrie développe en permanence de nouveaux produits aussi, avec une équipe de R&D forte en physique des matériaux, et des partenariats avec des universités, dont l'ENSAM Cluny et Centrale Lyon : recherche sur les solutions d'usinage pour les matériaux du futur, notamment pour l'aéronautique, qui a besoin de matériaux plus légers pour que les avions consomme moins de carburant (et dégagent moins de CO2, bien entendu) etc…. Tivoly a de plus semble-t-il gagné la confiance de ses grands clients par sa capacité à répondre aux demandes spécifiques de solutions techniques pour le travail des matériaux, et aussi pour sa solidité financière, gage de pérennité.

2020, et la suite

Inutile de préciser qu'avec un chiffre d'affaires en recul de -17%, Tivoly n'a pas gagné d'argent en 2020, et en a même perdu un peu. Et en aurait perdu plus s'il n'y avait pas eu l'indemnisation du chômage technique en France, et un prêt du gouvernement américain au titre des aides PPP, qui est devenu une subvention en fin d'année. Mais, comme beaucoup d'autres sociétés, Tivoly a réussi à améliorer son bilan en pleine tourmente : la société i) a bénéficié d'un supplément de confort avec des liquidités en caisse multipliées par 3x entre fin décembre 2019 et fin décembre 2020, grâce à trois PGE souscrits pour un total de 17 millions d'euros, ii) a aussi dégagé du cash sur ses ressources internes en réduisant drastiquement ses investissements (une fois n'est pas coutume), et grâce à un gros déstockage dans sa branche Consumer.

La suite se présents plutôt bien a priori, selon la direction : a) le bricolage est en plein boom, pour les raisons que l'on connaît, et ce boom semble durable, c'est en tout cas ce que l'on dit chez les GSB, b) on peut dire autant de la rénovation dans le bâtiment, qui devrait aussi bien tirer l'activité Consumer vers le haut, c) la reprise s'amorce dans l'industrie, où l'aéronautique a dépassé son point bas a priori. Contre les hausses de coûts, un des grands sujets du moment puisque des goulots d'étranglements apparaissent tellement la reprise est forte, la société a selon la direction sécurisé ses approvisionnements en acier pour 2021, avec des commandes pré cadencées à prix définis.

Tivoly doit en principe recueillir aussi les fruits de ses investissements commerciaux de ces dernières années, avec de nouveaux clients distributeurs et plus d'appels d'offre gagnés dans l'industrie, avec là aussi de nouveaux clients, dont Avic, l'avionneur chinois. La société veut aussi développer les synergies avec ses implantations hors de France, pour notamment se renforcer en Europe. Avec éventuellement un atout de poids : la demande Consumer, tant des particuliers que des professionnels, pour les produits fabriqués localement est en forte croissance, à laquelle Tivoly peut répondre avec son outil industriel et son positionnement premium.
Que dire de plus, sinon que la direction va rattraper les investissements cette année, après avoir déjà remboursé une partie des PGE, et compte arriver à moyen terme au bon niveau de rentabilité qui est selon elle de 11% de marge Ebitda/Chiffre d'affaires, soit un peu mieux que le niveau d'avant crise.

Tout en conservant soigneusement la dualité du modèle d'affaire : sauf cas extrême comme 2020, les cycles des divisions Consumer et Industrie se compensent quelque peu dans la durée.

Ce qui explique éventuellement la vraie durabilité du business, qui a été créé en 1917.

Le long-terme, il n'y a que ça de vrai. C'est bien connu.

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