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Syrie-La Turquie dit qu'elle n'empêchera plus les migrations vers l'Europe
information fournie par Reuters 28/02/2020 à 13:24

    * Les réfugiés désormais autorisés à rallier
l'Europe-représentant
    * 54 soldats turcs tués en février en Syrie
    * Des réfugiés se dirigent vers les frontières européennes
    * Combats entre rebelles soutenus par Ankara et forces
syriennes
    * L'armée turque frappe des positions des forces
gouvernementales

 (Précisions)
    par Orhan Coskun et Ezgi Erkoyun
    ANKARA/ISTANBUL, 28 février (Reuters) - Face à
l'intensification des combats dans la province syrienne d'Idlib
qui ont provoqué jeudi la mort de plusieurs dizaines de soldats
turcs et au risque d'un nouvel afflux de migrants, la Turquie va
cesser d'empêcher les réfugiés syriens de rejoindre l'Europe, a
déclaré un haut représentant turc.
    Plusieurs groupes de migrants se sont dirigés dès vendredi
matin en direction des frontières grecques et bulgares, ont
constaté des journalistes de Reuters, conduisant les autorités
d'Athènes et Sofia à renforcer les patrouilles.  
    Une frappe aérienne menée par les forces gouvernementales
syriennes contre la province d'Idlib, dernier bastion des
insurgés dans le nord-ouest du pays, a tué 33 soldats turcs et
blessé plusieurs autres, a annoncé séparément vendredi matin le
gouverneur de la province turque de Hatay, frontalière de la
Syrie.
    En représailles à cette attaque, a déclaré le directeur des
communications de la Turquie, Fahrettin Altun, toutes les cibles
gouvernementales syriennes "connues" sont sous le feu de
l'aviation turque soutenue par des unités au sol. 
    Recep Tayyip Erdogan a prévenu ce mois-ci que la Turquie
lancerait une vaste opération militaire pour mettre fin à
l'offensive des forces gouvernementales syriennes à moins que
celles-ci ne se retirent de la région.
    Le président turc a tenu une réunion d'urgence avec ses
conseillers pendant plusieurs heures jeudi soir pour discuter de
la frappe aérienne qui a alourdi à 54 le nombre de soldats turcs
tués depuis le début du mois.
    L'Otan, à laquelle appartient la Turquie, s'est réunie ce
vendredi à la demande des autorités d'Ankara et a appelé la
Russie et la Syrie à cesser leur offensive à Idlib. 
    "Nous appelons la Russie et le régime syrien à cesser les
combats et les attaques aériennes aveugles (...) Nous appelons
aussi la Russie et la Syrie à respecter pleinement le droit
international", a déclaré Jens Stoltenberg lors d'une conférence
de presse à l'issue d'une rencontre entre les ambassadeurs de
l'alliance.  
    L'offensive des forces syriennes, avec l'appui de l'aviation
russe, pour reprendre la province d'Idlib aux rebelles soutenus
par Ankara a fait près d'un million de déplacés depuis décembre
dernier, dont beaucoup cherchent à passer en Turquie. Il s'agit
de la pire crise humanitaire depuis le début du conflit en 2011.
    Si elle met à exécution sa menace de laisser le champ libre
aux migrants de faire route vers l'Europe, la Turquie rompra une
promesse faite à l'Union européenne en 2016 et pourrait pousser
les puissances occidentales à s'impliquer dans les débats sur
Idlib au détriment des négociations entre Ankara et Moscou.
    Dans l'optique d'une possible arrivée de réfugiés en
provenance d'Idlib, la police, les garde-côtes et le personnel
turcs de sécurité aux frontières ont reçu l'ordre de se retirer
des passages terrestres et maritimes utilisés par les migrants,
a déclaré à Reuters un représentant turc.
    "Nous avons décidé, avec effet immédiat, de ne plus empêcher
les réfugiés syriens d'atteindre l'Europe par voie terrestre ou
maritime", a dit ce représentant, s'exprimant sous couvert
d'anonymat. "Tous les réfugiés, dont les Syriens, sont désormais
invités à pénétrer dans l'Union européenne".
    Il a ajouté que l'accueil des réfugiés était un fardeau
"trop lourd à porter pour un seul pays", quel qu'il soit.
    
    "GRAVE INQUIÉTUDE"
    La Turquie a accueilli 3,7 millions de réfugiés syriens
depuis le début du conflit et a répété par le passé qu'elle ne
pouvait en accueillir davantage.
    Dans le cadre d'un accord conclu entre Ankara et Bruxelles
en 2016, l'Union a fourni plusieurs milliards d'euros d'aide à
la Turquie pour que celle-ci endigue l'afflux de migrants vers
l'Europe. 
    A Washington, le département d'Etat a déclaré que les
Etats-Unis étaient très préoccupés par les informations faisant
état d'une attaque contre des soldats turcs. 
    "Nous nous tenons au côté de notre allié de l'Otan, la
Turquie, et continuons d'appeler à la fin immédiate de cette
offensive odieuse menée par le régime d'Assad, la Russie et des
forces soutenues par l'Iran", a dit dans un communiqué un
représentant de la diplomatie américaine.
    Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a fait
part de sa "grave inquiétude" à l'égard de l'escalade des
affrontements dans le nord-ouest de la Syrie, réitérant son
appel à une trêve immédiate.  
    Les forces syriennes du président Bachar al Assad, soutenues
par d'incessantes frappes aériennes russes, ont intensifié ces
derniers mois leur offensive pour reprendre les dernières
positions de l'insurrection dans le nord-ouest.
    Le conflit en Syrie a causé la mort de plusieurs centaines
de milliers de personnes et déplacé plusieurs millions d'autres.
    Ankara a dépêché plusieurs milliers d'hommes et du matériel
lourd dans le Nord-Ouest syrien pour épauler les rebelles qui
cherchent à repousser l'offensive menée par les forces
gouvernementales, qui avait déjà causé la mort de 21 soldats
turcs depuis le début du mois. 
    Tandis que les affrontements s'intensifiaient sur plusieurs
fronts jeudi, les Nations unies ont souligné que ces combats
avaient des conséquences humanitaires "catastrophiques", avec au
moins 134 civils dont 44 enfants tués au cours du seul mois de
février et des écoles et des hôpitaux détruits.
    La Turquie a appelé par le passé l'Europe à faire davantage
pour remédier à la crise à Idlib, et Recep Tayyip Erdogan a
prévenu l'an passé que son pays pourrait "ouvrir la porte" aux
migrants si l'Europe échouait à agir.

 (avec Ali Kucukgocmen à Istanbul, Tuvan Gumrucku à Ankara;
version française Jean-Philippe Lefief et Jean Terzian, édité
par Blandine Hénault)
 

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