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SYNTHESE 2-La mobilisation des "Gilets jaunes" réussie mais endeuillée
information fournie par Reuters 17/11/2018 à 22:24

 (Actualisé avec dernier bilan)
    * Plus de 2.000 manifestations sur tout le territoire
    * Une personne morte, des dizaines de blessés
    * Macron, cible principale des "Gilets jaunes"

    PARIS, 17 novembre (Reuters) - La mobilisation réussie des
"Gilets jaunes" contre la hausse des prix des carburants, qui a
fait d'Emmanuel Macron sa principale cible, a été endeuillée par
la mort d'une manifestante tuée par une automobiliste coincée
samedi dans une opération de blocage.
    Le ministère de l'Intérieur a recensé plus de 2.000
manifestations avec la participation de 282.710 personnes qui
ont partiellement bloqué 450 routes, la plupart du temps dans
une ambiance bon enfant, mais avec parfois des incidents graves
et des affrontements avec la police, comme à Paris.
    L'incident le plus tragique a été recensé à
Pont-de-Beauvoisin, en Savoie, où une manifestante a été
renversée par une automobiliste qui semble avoir paniqué. La
conductrice a été placée en garde à vue, selon la préfecture.
    Les autorités ont dénombré 229 blessés, dont sept gravement,
procédé à 117 interpellations et mis 73 personnes en garde à
vue, essentiellement des manifestants pour refus d'obtempérer ou
violences vis-à-vis des policiers, mais aussi des automobilistes
ulcérés qui ont tenté de forcer les barrages.
    En outre, on compte 10 blessés légers chez les forces de
l'ordre et un blessé grave, ainsi qu'un blessé grave chez les
pompiers. 
    Les blocages ont progressivement été levés dans la journée
et les rassemblements les plus importants ont été constatés en
fin d'après-midi à Paris, où les "Gilets jaunes" se sont
concentrés près de l'Elysée avant d'être dispersés par des tirs
de gaz lacrymogène, et dans des lieux symboliques, comme la
place de la Concorde ou les Champs-Elysées.
    Véronique Lestrade, qui a participé au blocage de la porte
Maillot à Paris, a résumé l'état d'esprit général des "Gilets
jaunes", un mouvement spontané qui a pris de court les
politiques, les syndicats et le gouvernement.
    "Je suis là aujourd'hui parce que je ne vis pas, je survis.
Je suis salariée, mon mari de même", a-t-elle déclaré à Reuters.
    "Les taxes en France il y en a beaucoup, beaucoup trop. M.
Macron, il faudrait peut-être qu'il revoie sa politique et sa
façon de gérer le pays, l'économie est au bord gouffre."
    
    "MACRON DÉMISSION"
    Le chef de l'Etat était la cible principale des "Gilets
jaunes", "Macron démission", "Dehors Macron" étant les slogans
les plus fréquemment entendus dans les mobilisations.
    "J'ai voté Macron avec plaisir en 2017, mais là, il se moque
de nous", a déclaré place Bellecour à Lyon Dominique Jouvert, 63
ans, retraité de la fonction publique. "Avec lui, il n'y a
aucune discussion, aucun dialogue, il est arrogant. C'est sûr,
je ne revoterai pas pour lui."
    Mais la plupart des manifestants n'exprimaient pas de
préférence pour un autre dirigeant politique ou un parti.
    Pour Gérard Massonet, 66 ans, lui aussi retraité de la
fonction publique et qui a voté Macron "pour provoquer un grand
changement", "c'est simple, je vais arrêter de voter".
    "Je vais renvoyer ma carte d'électeur", explique-t-il,
aussitôt applaudi par les manifestants qui l'entourent. "Nous
aussi, on va tous renvoyer nos cartes."
    Le gouvernement, qui n'entend pas renoncer à la fiscalité
écologique pour induire une transformation des comportements
mais a prévu une enveloppe de 500 millions d'euros pour
accompagner la transition, n'a pas porté de jugement politique
sur la mobilisation, se contentant d'appeler au calme.
    "Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations et
bien évidemment, nous devons continuer à répondre aux attentes
des Français y compris en matière de pouvoir d'achat", a dit le
ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. 
    Il a cependant précisé être très "attaché" à la protection
des "biens, des personnes, des forces de sécurité et des sites
qui représentent la République", alors que des heurts éclataient
dans plusieurs villes de France.  
    L'opposition, de l'extrême droite à l'extrême gauche, s'est
pour sa part engouffrée dans la brèche en tentant de capitaliser
sur un mouvement soutenu par 74% des Français, selon un sondage
Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro diffusé
vendredi.
    "Un immense moment d'auto-organisation populaire est en
cours. Le peuple a déjà surmonté les obstacles de la diversion
et de la dissuasion", a dit sur Twitter le chef de file de La
France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.  
    
    LES RICHES EXONÉRÉS
    Pour Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste,
la grogne va en effet bien au-delà du prix des carburants et est
le signe de la détresse des Français face à la baisse présumée
de leur pouvoir d'achat alors que "les puissants, les riches"
sont selon lui exonérés des efforts demandés.
    "Ils sont dans une situation où ils ne comprennent plus ce
gouvernement", a-t-il dit sur BFM TV. "Ils se disent : il y a un
an, on avait quelqu'un qui se faisait passer pour un
progressiste et ils voient un néo-libéral."
    Nicolas Dupont-Aignan, président du mouvement souverainiste
Debout la France, l'un des rares avec le Rassemblement national
de Marine Le Pen à avoir appelé à participer au mouvement, a
estimé dans un communiqué que le gouvernement devait "stopper
d'urgence la hausse des taxes sur les carburants".
    "Combien de morts faudra-t-il avant qu'Emmanuel Macron
n'entende la détresse des Français ?", a-t-il demandé.
    Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a lui aussi
exhorté le chef de l'Etat à "comprendre ses erreurs et surtout
qu'il les (corrige) en annulant ses hausses de taxes". 
    "C'est un mouvement des Français, directement, qui ne doit
pas être récupéré mais qui a le droit d'avoir le soutien de tous
les élus", a-t-il dit sur BFM TV sur le lieu d'une mobilisation.
    Il a toutefois été pris à parti par des manifestants
lorsqu'il s'est joint à la manifestation du Puy-en-Velay
(Haute-Loire) dans l’après-midi. "Ce n'est pas votre place ici.
Vous êtes une homme politique, vous ne pouvez pas être avec
nous", lui a lancé un retraité devant les caméras.  
    Dans une vidéo postée sur Twitter, Sébastien Chenu, député
Rassemblement national du Nord, a estimé que les Français ont
voulu samedi dire leur fait au président.
    "Ces Français qu'Emmanuel Macron prend depuis un an et demi
pour des cons, ils sont ce samedi dans la rue, sur les péages
(...) pour dire de façon sympathique, de façon positive, que,
non, ils ne peuvent plus accepter d'être pris pour des moutons."

 (Yves Clarisse, Caroline Pailliez et Catherine Lagrange, édité
par Tangi Salaün)
 

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