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Russie : les risques s'accroissent sur les finances publiques
information fournie par Boursorama 01/04/2016 à 18:50

Les perspectives de l'économie russe restent très assombries par la faiblesse du pétrole, souligne Johanna Melka (BNP Paribas).

Les perspectives de l'économie russe restent très assombries par la faiblesse du pétrole, souligne Johanna Melka (BNP Paribas).

La crise économique russe perdure avec l'absence de remontée des prix du pétrole au-dessus des 40 dollars. Les finances publiques résistent grâce à la baisse du rouble qui amoindrit l'impact de la crise dans les comptes. Mais attention au manque de liquidités à venir, souligne BNP Paribas.

Cela fait plus de deux ans que la Russie connaît une situation économique troublée. L'invasion de la Crimée en février 2014 avait marqué la rupture des relations diplomatiques russes avec l'Union Européenne, concrétisée par la mise en place d'un embargo commercial. Puis, à partir du milieu de l'année 2014, l'économie russe a été lourdement pénalisée par la chute régulière des prix du pétrole jusqu'en février 2016.

Malgré cette crise économique synonyme de récession et d'inflation élevée, « Les finances publiques russes résistent, jusqu'à présent, relativement bien », remarque Johanna Melka, économiste chez BNP Paribas, dans une note de conjoncture diffusée à la presse jeudi 31 mars.

« En 2015, alors que le PIB se contractait de 3,7%, le déficit budgétaire du gouvernement fédéral est resté limité à 2,5% du PIB et celui de l'ensemble des administrations publiques (y compris régionales et locales) s'établissait à 3,6% du PIB ». Des chiffres semblables à ceux de certains pays de la zone euro comme la France.

L'endettement de l'Etat russe a même de quoi faire pâlir d'envie les Etats européens : l'année dernière, « la dette publique n'était que de 18,3% du PIB », mentionne Johanna Melka. Pour rappel, le même ratio avoisine les 100% de dette/PIB en France.

Le rouble, variable d'ajustement

La résistance des finances publiques russes s'explique notamment grâce à l'affaiblissement du rouble, même si cela peut paraître paradoxal de prime abord, la chute du rouble ayant été un sujet d'inquiétudes à la fin de l'année 2014.

La baisse du rouble face au dollar a en effet permis d'amoindrir l'impact de la chute des prix du pétrole dans les comptes des entreprises russes du secteur pétrolier.

Johanna Melka détaille : « En 2015, la baisse des prix du pétrole (-46%) n'a pu être compensée intégralement par la dépréciation du rouble face au dollar (-37%). Le prix du pétrole libellé en roubles a donc baissé de 15%. Il en a résulté une contraction des recettes sur les activités pétrole et gaz de plus de 21% (compte tenu des ajustements des taux de taxe sur les exportations aux prix du pétrole) et une baisse de l'ensemble des recettes budgétaires du gouvernement fédéral de plus de 5% ». Sans la baisse du rouble, les pertes comptables auraient été encore bien plus lourdes pour les entreprises et l'Etat russe.

En contrepartie de ces effets comptables positifs, la dévaluation du rouble engendre un effritement de la valeur réelle des revenus et de l'épargne des ménages.

Parité rouble-dollar depuis la mi-2014. La dépréciation du rouble en période de chute des prix du pétrole a permis de limiter l'impact récessif malgré certains désavantages. Source : Boursorama.

Parité rouble-dollar depuis la mi-2014. La dépréciation du rouble en période de chute des prix du pétrole a permis de limiter l'impact récessif malgré certains désavantages. Source : Boursorama.

Accroissement à venir du déficit public en l'absence de remontée du pétrole

Ainsi, « Même si aujourd'hui l'Etat russe a la capacité de faire face à ses engagements, la situation pourrait vraiment se dégrader à partir de 2018 », poursuit Johanna Melka.

En effet, dès l'année prochaine, « Sauf revirement à la hausse des prix du pétrole, les fonds souverains n'auront plus suffisamment de liquidités pour couvrir intégralement le financement du déficit budgétaire. Le gouvernement doit donc impérativement parvenir à réformer son système de retraite pour contenir la hausse de son déficit et, surtout, de sa dette publique », estime l'économiste.

L'époque de l'argent facile, qui prévalait avant 2014, a également entraîné des inefficacités criantes dans la gestion des fonds publics russes, qui pourraient devenir problématiques à l'avenir : « Hors recettes budgétaires assises sur les activités pétrole et gaz, le déficit primaire s'est élevé, en moyenne, à près de 10% du PIB au cours des cinq dernières années. Un tel déficit n'est pas soutenable dans un environnement où les prix du pétrole pourraient rester durablement bas sauf réduction drastique des dépenses », analyse Johanna Melka.

D'importants efforts sont précisément réalisés dans ce domaine. « Pour contenir le déficit, le gouvernement a annoncé un programme de privatisations (dont les recettes sont estimées à ce jour par le ministère des Finances à 873 milliards de roubles), une hausse de la taxe sur les produits pétroliers (effective au 1er avril qui rapporterait 90 milliards de roubles) et sur l'extraction minière (dont les revenus sont estimés à 250 milliards de roubles), ainsi qu'une baisse nette des dépenses de 818 milliards ».

Malgré ces efforts budgétaires, l'économiste calcule qu'avec un baril à 37 dollars en moyenne en 2016 et un rouble à 72 RUB pour 1 USD, le déficit de l'ensemble des administrations publiques russes continuerait de progresser et « serait de l'ordre de 4,8% du PIB » cette année.

Attention à l'assèchement des liquidités publiques

Par ailleurs, « A court terme, un autre risque pèse sur les finances publiques : celui de la recapitalisation du secteur bancaire. En 2015, le gouvernement a puisé dans le fonds de richesse national pour refinancer une partie du secteur bancaire. Plus de 1000 milliards de roubles y ont été prélevés (soit 19% du fonds). Pour 2016, Standard & Poor's estime le coût de recapitalisation entre 850 et 1300 milliards de roubles. Par ailleurs, la recapitalisation supplémentaire de Vnesheconombank (VEB) pourrait être de 1000 milliards de roubles », ajoute l'économiste. « Suite au refinancement du secteur bancaire et de VEB, il ne resterait donc qu'entre 40 milliards et 46 milliards de dollars, ce qui équivaut à l'intégralité du déficit budgétaire de l'ensemble des administrations en 2015 ».

Enfin, « Du fait des sanctions internationales, le gouvernement a financé la quasi-totalité de son déficit en 2015 en puisant dans l'un de ses fonds souverains, le fonds de réserve (« Reserve Fund ») ». Or, les réserves de ce fonds, estimées à 49 milliards de dollars, ne représentent plus qu'un an de dépenses d'Etat.

« Que se passera-t-il lorsque le fonds de réserve sera épuisé fin 2016 ? » s'interroge l'économiste. « Le gouvernement pourrait toujours, en dernier ressort, puiser dans le fonds de richesse (le deuxième fonds), le National Wealth Fund, qui s'élevait à 71 milliards de dollars en février, s'il ne pouvait se financer sur les marchés (domestiques ou étrangers) » avance-t-elle. La situation n'en serait pas moins délicate et pourrait provoquer de nouveaux remous dans l'économie russe.

Xavier Bargue (redaction@boursorama.fr)

9 commentaires

  • 06 avril 13:14

    2- Les US grâce au système financier et au $, ont le pouvoir de mettre à genoux n'importe quel pays (Russie, Chine...), attention à ne pas se faire exploser avec


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