Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Draghi (BCE) prend le risque de lier les mains de son successeur
information fournie par Reuters 20/06/2019 à 07:00

 (Répétition sans changement d'une dépêche diffusée mercredi)
    * Une nouvelle série de mesures serait difficile à inverser
    * Les annonces de Draghi ont agacé à Berlin
    * Son poste fait partie des mandats clés à répartir dans
l'UE

    par Balazs Koranyi et Francesco Canepa
    SINTRA, Portugal, 20 juin (Reuters) - Mario Draghi attaque
les dernières semaines de son mandat à la tête de la Banque
centrale européenne mais son influence sur la politique de la
BCE risque de perdurer longtemps après sa petite phrase de mardi
préparant le terrain à de nouvelles mesures de soutien monétaire
dans la zone euro.
    Toute nouvelle mesure d'assouplissement, quelle qu'elle
soit, engagera la BCE pour au moins l'année qui suit, rendant
difficile un changement de cap pour le futur président de
l'institution si tel est son souhait.
    Mario Draghi, dont le mandat prend fin le 31 octobre, a
déclaré mardi que la BCE se tenait prête à baisser encore ses
taux ou à relancer ses achats d'actifs si l'inflation ne remonte
pas - autant de décisions difficiles à défaire rapidement sans
nuire à la crédibilité de la banque centrale.  
    Le successeur de l'Italien, non encore désigné, émergera
d'un jeu de chaises musicales dont l'Europe a le secret et qui
sera d'ailleurs au menu d'un sommet des chefs d'Etat et de
gouvernement dès ce jeudi à Bruxelles.
    La succession non encore tranchée a laissé à Mario Draghi un
boulevard pour agir, estiment des observateurs.
    Un nouveau soutien monétaire préserverait un temps son
héritage si un "faucon" comme l'Allemand Jens Weidmann, le
président de la Bundesbank, prenait la présidence de la BCE.
    Cela faciliterait aussi la vie, en lui épargnant des
décisions difficiles à ses débuts, à un successeur plus
centriste, comme le Français François Villeroy de Galhau ou les
Finlandais Olli Rehn et Erkki Liikanen, autres favoris pour le
poste.
    "Il semble soucieux de soigner son héritage et de montrer
qu'il part en ayant tout tenté. Il fait aussi en sorte qu'il
soit difficile de défaire son legs du 'whatever it takes'", a
dit à Reuters un responsable de la BCE sous le sceau de
l'anonymat, en faisant référence à la formule utilisée en
juillet 2012, au plus fort de la crise de l'euro, quand Mario
Draghi avait promis de faire "tout ce qu'il faudra" pour
préserver la monnaie unique.  
    
    "PRÉENGAGEMENT"
    La classe politique allemande, attachée à l'orthodoxie
monétaire, a sans surprise été agacée par la sortie de Draghi,
qui a peut-être même pris de court ses collègues de la BCE.
    "Les propos apparemment sans concertation du président de la
BCE sur de nouvelles mesures de soutien monétaire constituent un
signal alarmant pour l'intégrité de la Banque centrale
européenne", a vite réagi Hans Michelbach, porte-parole du bloc
conservateur CDU/CSU de la chancelière Angela Merkel.
    Ulrike Demmer, porte-parole du gouvernement, s'est toutefois
abstenue de tout commentaire, rappelant que la banque centrale
est indépendante.
    Les partisans de Mario Draghi font remarquer qu'il avait
lui-même tracé un nouveau chemin immédiatement après sa prise de
fonction en revenant sur de précédentes hausses de taux
malvenues.
    Mais l'Italien a refondu le cadre de la politique monétaire
de la BCE, ce qui rendra impossible ou presque un revirement
aussi prompt de la part de son successeur.
    Les taux d'intérêt directeurs de la BCE sont désormais
balisés par sa communication avancée, la "forward guidance", un
mécanisme de pilotage des anticipations qui pour l'heure les
prévoit inchangés jusqu'à la fin du premier semestre 2020. Une
hausse des taux avant cette date risquerait d'invalider le
principal outil de communication de la banque centrale et de la
décrédibiliser.
    La BCE a aussi laissé entendre qu'un nouvel assouplissement
monétaire pourrait s'accompagner d'une modulation du taux de
dépôt visant à protéger les banques des effets indésirables des
taux négatifs. Il serait dommageable pour l'institution de
renoncer à ce mécanisme complexe sitôt mis en place.
    L'assouplissement quantitatif, autrement dit un programme
d'achat d'obligations souveraines et d'entreprises, a quant à
lui besoin de temps pour produire ses effets et la BCE avait par
le passé communiqué sur sa durée. Là encore, un changement de
pied serait donc difficile à envisager.
    Même si Mario Draghi n'a pas été jusqu'à faire la promesse
concrète de nouvelles mesures de soutien, la formulation
employée ne laisse guère de place au doute.
    "La force du signal ne fait aucun doute: la BCE se tient
prête à agir en utilisant tous les instruments à sa disposition,
sans autre limite que son mandat", commente Frederik Ducrozet,
stratégiste chez Pictet. 
    "On ne peut pas être plus près d'un préengagement."

 (avec les contributions de Michael Nienaber, Christian Krämer
et Abhinav Ramnarayan, Véronique Tison pour le service français,
édité par Marc Angrand)
 

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.