Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Réunion de l'OPEP du 22 juin intensément suivie, à juste titre
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 22/06/2018 à 08:00

Gilles Bazy-Sire
Gilles Bazy-Sire

Gilles Bazy-Sire

Equity GPS

Cofondateur & président

https://www.equitygps.com/

Rarement réunion de l'Opep aura été aussi intensément suivie et disséquée que celle, à venir, du 22 juin 2018 à Vienne. Les enjeux de ce meeting sont colossaux car les dépenses mondiales en pétrole nécessaires à la production économique - et à court terme largement incompressibles - se montent, en rythme annuel et au cours actuels, à environ 2500 Milliards de dollars, soit deux fois plus qu'au début 2016.

Il n'est donc pas surprenant que l'évolution récente des cours de l'or noir mette à nouveau à jour des rapports de forces considérables et des luttes d'influence complexes.

S'il est toujours malaisé d'analyser l'effet des fluctuations des prix du baril sur la situation économique ou géopolitique mondiale, leur influence sur l'évolution ultérieure des cours de bourse nous paraît, en revanche, simple à apprécier, pour autant qu'on accepte de prendre un peu de recul en considérant le sujet d'un point de vue global et dans sa dimension temporelle de moyen terme.

Pour illustrer nos propos, revenons un moment à l'actualité de court terme. Trois événements récents nous paraissent illustratifs des problèmes que commence à poser le doublement des prix du pétrole depuis deux ans, sur l'évolution des cours des grands indices actions mondiaux.

Evolution des prix du baril de pétrole depuis 2003

Evolution des prix du baril de pétrole depuis 2003. Source : Factset

Evolution des prix du baril de pétrole depuis 2003. Source : Factset

Le premier a trait à un tweet de l'omniprésent Donald Trump, traitant en 280 caractères d'un sujet qui, ailleurs ou auparavant, aurait été évoqué de façon plus discrète et diplomatique :

Tweet récent de D Trump relatif aux prix du pétrole

Tweet récent de Trump relatif au prix du pétrole

Tweet récent de Trump relatif au prix du pétrole

Le deuxième a trait à la visite officielle récente au Secrétaire Général de l'OPEP, effectuée par Gunther Oettinger, commissaire européen au budget, et par ailleurs ancien commissaire à l'Energie, accompagné d'une délégation de hauts responsables allemands, sans doute pour partager l'inquiétude du 6ème pays plus important importateur d'or noir avec un ordre de grandeur de facture d'environ 50 MdEUR par an (estimation EQUITY GPS basée sur 1,8 millions de bb/j importés à un prix de 70 EUR, et excluant les importations importantes de produits pétroliers raffinés en provenance des Pays Bas ou du Golfe Persique) :

Visite récente à l'Opep de hauts responsables allemands

Visite récente à l'Opep de hauts responsables allemands

Visite récente à l'Opep de hauts responsables allemands

Le troisième événement intéressant porte sur la façon selon laquelle le président brésilien Temer, affaibli et très impopulaire, a dû céder devant les routiers qui avaient paralysé les transports du pays fin mai pour protester contre la hausse des prix du gasoil :

Grève des transports routiers ayant provoqué paralysie des transports au Brésil

Grève des transports routiers ayant provoqué paralysie des transports au Brésil

Grève des transports routiers ayant provoqué paralysie des transports au Brésil

Les routiers brésiliens, apparemment soutenus par 87% de l'opinion publique locale selon un sondage, ont obtenu que le gouvernement et Petrobras recommencent à subventionner les prix du gazole, ce qui coutera au budget national environ 3MdUSD en année pleine, montants qu'il faudra incidemment prélever sur les budgets d'éducation et de santé, sauf à trouver à lever des impôts ou laisser se creuser de déficit budgétaire et ainsi affaiblir la situation financière du pays avec ses conséquences sur l'évolution de la devise et sur les taux d'intérêts.

Ces trois événements sont illustratifs de la très grande sensibilité de tous les agents économiques des pays consommateurs d'hydrocarbures à l'évolution des prix du pétrole, que ce soit les ménages (auxquels Trump s'adresse principalement par son tweet), les entreprises ou les états (dont les intérêts sont défendus par les patrons routiers grévistes au Brésil et par la délégation allemande envoyée au siège viennois de l'Opep).

Le graphique ci-après illustre cette sensibilité. Il compare, au niveau mondial, le ratio consommation de pétrole en valeur rapporté au PNB d'une part, avec la performance des grands indices boursiers des pays développés d'autre part. Aujourd'hui, le ratio pétrole/PNB atteint 3,2%, soit un niveau proche de sa moyenne historique de 3,5%.

Quand ce ratio s'est établi au-dessus de la moyenne + 1 écart type, les performances ultérieures à 12 mois des principaux indices actions ont été négatives (MSCI World -5%, S&P 500 -2%, Topix -5% et Eurostoxx50 -11%), et ce, particulièrement pour les gros importateurs nets de pétrole que sont la zone Euro et le Japon. A l'inverse, un ratio pétrole/PNB inférieur à la moyenne - 1 écart type a souvent précédé des performances ultérieures à 12 mois très élevées en moyenne (MSCI world +12%, S&P 500 +13%, Topix +15%, Eurostoxx50 +12%).

Evolution du ratio Pétrole/PNB mondial et indices boursiers depuis 2003

Evolution du ratio Pétrole/PNB mondial et indices boursiers depuis 2003

Evolution du ratio Pétrole/PNB mondial et indices boursiers depuis 2003

Ces coïncidences nous paraissent porteuses de causalité, tant le coût de l'énergie influence l'activité, la profitabilité et la psychologie de tous les agents économiques des pays consommateur, sans compter son effet sur les niveaux de taux long ou sur le comportement des banquiers centraux (cf thème pétrole déjà développé dans notre publication n°67 du 27 janvier 2015, dans un sens favorable eu égard à la faiblesse des cours du baril à cette époque).

En conclusion, la hausse passée des prix du baril a, selon nous, fait disparaître un "vent de dos" favorable à l'évolution des indices boursiers des pays développés.

Une hausse supplémentaire des cours, disons à compter de la zone des 80 à 90 dollars le baril, constituerait selon nous un "vent de face" supplémentaire pouvant contribuer à contrarier l'évolution des marchés des actions dans le monde.

Gilles Bazy Sire - Equity GPS - www.equitygps.com - Membre du Cercle des Analystes Indépendants

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.