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REPORTAGE-L'école à la maison, l'autre défi de l'épidémie
information fournie par Reuters 23/03/2020 à 17:45

par Elizabeth Pineau

PARIS, 23 mars (Reuters) - "All the best, see you next week !" Assise dans le canapé de son salon, Carole Detemple envoie un baiser à son ordinateur. Sur l'écran, une vingtaine d'élèves de quatrième la saluent en direct de leur domicile. Fin du cours d'histoire en langue anglaise, consacré à la révolution industrielle.

Depuis une semaine, les 380 professeurs et 2.900 élèves de l'Ecole internationale bilingue (EIB), établissement privé, échangent ainsi à distance pour respecter le confinement imposé par l'épidémie de coronavirus.

"C'est plus fatigant qu'être en cours, c'est aussi assez frustrant car on ne voit pas vraiment nos élèves", dit Carole Detemple, ordinateur sur les genoux, pieds nus posés sur la table basse. "Cela dit, passée la première semaine les choses rentrent dans l'ordre et on a appris à travailler avec ce nouvel outil."

Dans le nord-est de Paris, les quatre filles de la famille Lescure, âgées de 9 à 16 ans, étudient sagement dans leur chambre face à un écran, écouteurs sur les oreilles. Aussi disciplinée qu'en classe, la plus petite lève le doigt pour demander la parole.

"Notre emploi du temps n'a pas changé. On entre sur l'application, on a un code pour chaque prof. C'est comme si on était en cours", raconte la cadette Candice, 14 ans.

Dans l'appartement où le couvert vient d'être mis pour le déjeuner à six, la vie s'organise.

"L’école est à la maison, mon mari travaille à la maison et donc la maison doit être calme. C’est moi qui change mes habitudes et je m’adapte à leur emploi du temps. Nous apprenons à vivre ensemble", dit la mère de famille, Marie Lescure.

"On est toujours ensemble, serrés, des fois c'est un peu plus tendu, mais bon c'est ma famille, je les aime, on va tenir!', assure Candice.

Depuis le 16 mars, les quelque 12 millions d'élèves et 850.000 enseignants de l'école publique en France s'essaient eux aussi à l'enseignement à distance de diverses manières : instructions directes des professeurs par courrier, internet, téléphone ou via le programme "Ma classe à la maison" du Centre national d'enseignement à distance (Cned), où sont déjà inscrites deux millions de familles.

Tout le monde est concerné, y compris les foyers n'ayant pas accès à un internet ou à un ordinateur.

"Il faut qu'aucun élève ne reste au bord du chemin", répète le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui prédit ce lundi dans Le Parisien une possible reprise des cours le 4 mai, à la fin des vacances de printemps.

Pas question pour l'instant de reporter les examens de fin d'année scolaire mais les choses peuvent évoluer.

"CE QUI ME MANQUE, CE SONT MES AMIS"

L'école à distance permet aux enfants de retrouver leurs camarades, à un âge où le lien social est souvent primordial.

"Cela fait du bien de voir des gens. Car ce qui me manque le plus en ce moment, ce sont mes amis", témoigne Candice Lescure.

"Les cours, ça sauve les élèves seuls chez eux, sans voir leurs copains, coincés avec leurs parents", confirme Carole Detemple. "Là ils se plongent dans un autre univers."

Du côté des parents comme des enseignants, la révolution est grande et les méthodes de travail évoluent.

"En cours de langues, les grands, je les laisse débattre, avec les petits on fait des chansons", rapporte Susana Lorenzo, professeur d'espagnol à l'EIB, qui donne des cours du salon de son appartement du sud de Paris, surveillée par son chat.

Pour Jean-Xavier Moreau, directeur de l'école, les enseignants "qui permettent aux enfants de continuer à apprendre" sortiront grandis de l'épisode coronavirus, au même titre que les personnels soignants et les scientifiques.

"C'est une mission très noble, je suis sûr qu'après cette crise le métier d'enseignant sera valorisé, on se rendra compte du travail très important qu'ils font", dit ce professionnel de l'enseignement qui a notamment oeuvré aux côtés de Luc Ferry au ministère de l'Education nationale au début des années 2000. "Les parents sont aussi très sollicités, surtout pour les plus petits : c’est l'ensemble de la communauté éducative qui est mobilisée et qui doit travailler ensemble."

(Elizabeth Pineau, édité par Jean-Michel Bélot)

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