REPORTAGE-France-Les syndicats se préparent au combat du 5 décembre

information fournie par Reuters •02/12/2019 à 13:52

    par Caroline Pailliez
    PARIS, 2 décembre (Reuters) - Les machines d'impression de
tracts tournent à plein régime, les militants organisent encore
assemblées générales et actions d'information dans les rues :
les syndicats sont sur le pied de guerre pour la journée de
mobilisation du 5 décembre en France.
    "Ça fait 44 ans que je milite. Une préparation aussi
minutieuse, je n'en ai pas vu beaucoup", témoigne le trésorier
de l'Union régionale Ile-de-France de Force ouvrière, Jacques
Borensztejn.
    Hostiles au projet gouvernemental d'instaurer un régime
unique de retraites par points, les syndicats de la SNCF
(Sud-Rail, CGT Cheminots, UNSA Ferroviaire, et plus récemment
CFDT-Cheminots) ainsi que l'ensemble des syndicats de la RATP
ont appelé à une grève "illimitée" à partir de jeudi. 
    Une journée de mobilisation interprofessionnelle s'y ajoute
à l'initiative de la CGT, FO, FSU, Solidaires, auxquels s'est
ralliée la CFE-CGC, et des syndicats étudiants Unef, Fidl, MNL
et UNL.
    Il s'agit d'un test déterminant pour ces syndicats qui,
n'ont, depuis l'investiture d'Emmanuel Macron, jamais réussi à
faire reculer le gouvernement sur des réformes pourtant
ultra-sensibles, comme la suppression du statut des cheminots ou
encore la flexibilisation du marché du travail.
    Sur le terrain, les antennes locales des syndicats se
coordonnent pour préparer les manifestations et surtout les
"actions surprises" qui viseront à bloquer des secteurs
économiques.
    "Nos adhérents disent en avoir marre des journées
saute-moutons et des manifestations de Bastille à République",
dit à Reuters Christian Grolier, secrétaire général de FO
Fonction publique. 
    "Il y a une volonté de se bagarrer dans la durée et de se
bagarrer d'une manière différente: plus de transports, plus
d'accès aux carburants et des écoles fermées".
    
    GAGNER LA BATAILLE DE L'OPINION
    Les militants affinent leur méthode pour que les blocages
soient efficaces. Certains syndicats des Bouches-du-Rhône
prévoient par exemple des grèves alternées pour pénaliser des
activités interconnectées, comme les raffineries, ports et
centrales électriques, explique Fabrice Angeï, secrétaire
confédéral de la CGT. 
    Les confédérations, soucieuses de conserver les faveurs de
l'opinion publique, font toutefois attention à leur message.
Pour elles, il s'agit pour l'instant d'amener le plus grand
nombre à faire grève le 5. Les salariés et agents publics
décideront au jour le jour s'ils souhaitent continuer le
mouvement. 
    Selon un sondage réalisé par l'institut Ifop pour Le Journal
du Dimanche, 76% des Français estiment qu'il faut réformer le
système des retraites. Mais seulement 36% d'entre eux ont
confiance dans le gouvernement pour mener cette réforme. 
    Le mouvement du 5 décembre suscite le soutien et la
sympathie de 46% des Français, contre 33% qui le désapprouvent.
    Pour Philippe Martinez, le soutien de l'opinion est acquis,
mais il pourrait s'éroder sur le long terme. Aussi les
syndicats, notamment ceux qui défendent les régimes spéciaux,
insistent-ils sur une action au bénéfice de tous.
    La CGT a diffusé un tract de quatre pages à 2,5 millions
d'exemplaires, lui-même réédité par les syndicats locaux, un
volume qu'elle n'avait pas atteint depuis une dizaine d'années.
Ses équipes de communication préparent des visuels et
explications pour les réseaux sociaux notamment.
    Le nombre de personnes ayant consulté les communications de
la CGT sur Facebook a plus que doublé en un mois, passant de 3
millions à 7 millions, grâce au partage des militants, explique
Caroline B., 44 ans, une intermittente du spectacle. La CGT
compte environ 650.000 adhérents.
    "Ça faisait longtemps qu’on n'avait pas eu une telle
mobilisation", dit à Reuters cette bénévole chargée de la
modération pour la CGT sur les réseaux sociaux, avec deux autres
militants, dont un cheminot de Lyon.
    La journée sera "Rock 'n' Roll" le 5 décembre, prédit-elle.

 (Edité par Sophie Louet)