(Actualisé avec précisions)
Renault RENA.PA a annoncé mardi la nomination de son directeur financier Duncan Minto comme directeur général par intérim et abaissé, dans un communiqué distinct, ses prévisions annuelles, citant une détérioration de la dynamique du marché.
Avec cet Ecossais de 50 ans, le groupe au losange place aux commandes un vétéran des finances jusqu'à ce qu'un directeur général définitif soit trouvé pour remplacer Luca de Meo, parti brutalement en juin diriger le groupe de luxe Kering.
Travaillant au sein de l'entreprise depuis 1997, Duncan Minto assure à compter de ce mardi 15 juillet la gestion quotidienne de l’entreprise aux côtés de Jean-Dominique Senard, a déclaré le constructeur automobile français.
Le président du conseil d'administration de Renault, fil rouge du groupe aux côtés de plusieurs directeurs généraux depuis la chute de Carlos Ghosn, occupera pendant cette période la fonction de président de Renault s.a.s., la société opérationnelle du groupe, est-il précisé dans un communiqué.
"Le processus de sélection du nouveau directeur général de Renault S.A. est d'ores et déjà bien engagé", a ajouté Renault.
L'annonce un mois plus tôt du départ de Luca de Meo, artisan du redressement et de la transformation de Renault, après seulement un an de son nouveau mandat, a laissé un vide alors que le groupe au losange préparait son nouveau plan stratégique, "Futurama", dont la présentation était prévue pour novembre.
Ce plan vise à inscrire dans la durée le redressement opéré par Luca de Meo, alors que les défis liés aux objectifs de CO2 et à la concurrence des marques chinoises s'amoncellent en Europe.
Aux yeux des analystes, Denis Le Vot, pilier de Renault où il travaille depuis 35 ans et patron de la marque 'low cost' à succès Dacia, est le favori en cas de choix interne à l'issue de la période d'intérim qui s'ouvre.
Ils placent Maxime Picat, pilier de PSA et ancien directeur des Achats mondiaux de Stellantis, en tête de liste si Renault penche pour un recrutement externe.
DÉTÉRIORATION DU MARCHÉ
Les nouvelles mesures d'économies annoncées mardi et les plans pour assurer la compétitivité de Renault en matière de coûts seront au centre de l'attention lors de la publication des résultats définitifs du groupe le 31 juillet, ont commenté les analystes de JP Morgan.
"De surcroît, à nos yeux, il est crucial que Renault apporte des détails supplémentaires sur la succession du DG, avec une annonce attendue d'ici la fin de l'année", ont-ils dit.
D'ici là, Duncan Minto, père de deux enfants et joueur assidu de tennis, aura fort à faire pour rassurer analystes et investisseurs sur la trajectoire future du groupe.
Renault, qui était l'un des rares constructeurs automobiles à ne pas avoir averti l'an dernier sur ses résultats malgré un marché européen amorphe et les tensions commerciales croissantes à travers le monde, a
également annoncé
mardi une révision à la baisse de ses perspectives de marge opérationnelle et de flux de trésorerie disponible pour l'exercice en cours.
Le constructeur automobile a cité notamment une détérioration de la dynamique du marché avec une pression commerciale accrue de la part de ses concurrents, ainsi que l'anticipation de la poursuite de la baisse du marché des particuliers.
Le groupe dit désormais s'attendre à une marge opérationnelle autour de 6,5% en 2025, contre au moins 7% visés précédemment, et un free cash-flow compris entre 1,0 et 1,5 milliard d'euros, contre au moins 2 milliards d'euros anticipés précédemment.
Face à cette dégradation, il doit également renforcer son plan de réduction des coûts.
"Renault Group poursuit sa politique commerciale stricte en donnant la priorité à la création de valeur plutôt qu'aux volumes pour protéger ses lancements et renforce son plan de réduction des coûts court-terme et accélère ses initiatives sur des leviers plus structurants", a dit le groupe.
Le plan de réduction des coûts repose principalement sur une baisse des frais généraux et administratifs ainsi que des coûts de production et R&D, est-il précisé dans le communiqué. Des détails seront donnés lors de la présentation des résultats semestriels à la fin du mois.
Renault a également publié une version préliminaire de ses données semestrielles, dont un chiffre d'affaires en hausse de 2,5% à 27,6 milliards d'euros, une marge opérationnelle à 6% du chiffre d’affaires et un free cash-flow à 47 millions d’euros, incluant une variation de fonds de roulement (BFR) estimée à environ -900 millions d'euros, hors effet d’impôts.
(Reportage Gilles Guillaume et Dominique Patton, avec Diana Mandia, édité par Kate Entringer et Jean Terzian)
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